Collecter des commentaires élogieux, se faire un nom et atteindre son but. Elle y est presque. Il l’a remarquée, il a cliqué, ils ont discuté, il a fixé un rendez-vous. Bingo !
Les discussions la dépassaient de plusieurs têtes et elle n’avait pas compris un sombre mot de ce que tous ces gens coincés et bon chic bon genre pouvaient raconter. Elle avait tenté des interventions hasardeuses qui étaient toutes tombées à l’eau et s’étaient noyées en un clin d’œil, la faisant inévitablement passer pour une godiche.
La parfaite panoplie de la nana de banlieue qui fait croire qu’elle est pleine aux as, mais qui se roule ses cigarettes bon marché, qui a probablement les doigts jaunis à cause de ça et qui prend le métro. Pretty Woman version low cost.
Elle se laisse guider ou mène la danse selon le tempérament de ceux qu’elle rencontre. Tantôt pute, tantôt soumise, elle est malléable à souhait. Un caméléon capable de se fondre dans le décor dans lequel il est plongé. Capable même d’aller jusqu’à coucher si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Draguer et appâter sa proie est un vrai jeu d’enfants, finalement. Il semble encore plus docile que les nombreux hommes qu’elle a déjà testés.
On ne joue pas dans la même catégorie. Pourtant, gentleman et beau parleur, Loulou a sorti le grand jeu de la drague, comme si Christie était la femme de sa vie.
L’envie pressante bien présente à chacun de ses réveils va se manifester dans les minutes qui suivent. Attachée et dans la pénombre complète, déjà, elle réfléchit à la manière dont elle va pouvoir vider sa vessie, malgré la trouille viscérale qui l’envahit.
La détresse gagne du terrain. Bientôt l’angoisse. La peur.
Aucune réponse. Plus aucun bruit. Du noir. Toujours du noir. Et sûrement un rat ou une bestiole de la sorte qui va jouer avec ses nerfs en s’agitant de l’autre côté de la pièce. Elle déteste les bêtes. À en vomir.
Elle pousse des cris de douleur quand son poignet subit les à-coups donnés pour essayer de faire céder la chaîne. C’est peine perdue. Alors, elle hurle à s’en brûler les cordes vocales.
À commencer par son lit. Si elle avait troqué son matelas à mémoire de forme pour un sommier de cailloux, elle s’en souviendrait.