En plus de ses yeux bleus parfaitement maquillés pour être mis en valeur, ses cheveux blonds, longs et légèrement ondulés ajoutent une touche notoire de sensualité. De sexualité. Peut-être même de bestialité.
Elle a pris le temps. Tantôt femme d’un homme plein aux as, tantôt bombe platine jouant les bimbos écervelées, tantôt intellectuelle dans des soirées hautement philosophiques en apparence.
Elles jouent un personnage, se transforment en un autre moi et la pilule est beaucoup plus facile à avaler.
Elle doit le faire, c’est tout.
Elle se pousse à se montrer fière, elle sait qu’elle ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. Il faut juste du cran, de l’aplomb.
Se souvenant de sa supercherie du collège, elle avait fourni à son camarade racketteur une analyse d’œuvre littéraire complètement erronée avec des citations à côté de la plaque et des noms d’auteurs inventés, juste pour voir à quel point l’idiotie pouvait mener. Pas bien loin. Jusqu’au zéro en partiel suivant, en tout cas. Pas pour elle, non. Pour les ignares incapables de dissocier le vrai du faux et qui avaient sucé jusqu’à la moelle un ramassis de conneries.
Elle s’évadait dans des livres aux histoires rocambolesques, aux romances invraisemblables et incroyablement belles, aux tragiques thrillers où tout le monde meurt dans d’atroces souffrances et parfois sans raison. En cours, scrupuleusement, elle prenait en note les dires des professeurs qui s’enchaînaient dans les amphis. Bien sûr, on lui quémandait ses écrits où tout était retranscrit et où tout était propre et bien lisible.
Timide, toujours timide, craintive, toujours craintive, elle n’avait pas osé lui dire en face ou le balancer aux profs. Cependant, elle avait tenu sa vengeance en notant ostensiblement de mauvais résultats à des problèmes de maths, pendant une interro.
Céline se pavanait dans la cour, réquisitionnait les goûters, trichait à la déli-délo et se prenait pour ce qu’elle n’était pas. Christie ressentait une haine immense pour cette fille que tout le monde craignait. Mais elle n’osait pas lui faire front, par peur et par timidité.
Quand on veut, on peut. On doit, on fait.
Quel que soit le but, quelle que soit la finalité, si on veut, on peut. Tout faire pour y arriver. Gravir le mont Blanc, réussir un partiel ou décrocher le job de sa vie, prendre soin de soi, prévoir du temps pour aller voir grand-père au cimetière, faire du tri dans son bordel et dans ses amis, ne pas procrastiner, ne pas avoir peur de l’autre ou paraître forte, toujours.