Citations sur Déchaînée (34)
Il maudit Instagram. Il maudit les photos qu’il a postées, dévoilant sa vie à tout-va. L’apparence, rien que l’apparence.
La seule chose qu’elle peut sentir est une odeur de moisi, de renfermé et d’humidité. Étrange. Et des courbatures. Son dos la fait horriblement souffrir. Pourtant, elle ne se souvient pas avoir déménagé un piano, la veille.
Elle a ri, ça, elle en est sûre. Elle n’était pas sous le charme, en fait. Il était beau, ça oui, mais c’est tout. Elle s’en doutait. Elle voulait confirmer sa première impression. Beau gosse, point. Rien dans la caboche. Pas d’atomes crochus. Elle a fait semblant. Les mecs d’un soir, ça sert à boire et à baiser, point barre. Mais elle a ri.
Elle se souvient du premier verre qu’elle a commandé. Un mojito. Dégueulasse. Un mojito de bar, quoi. Un minuscule quartier de citron vert, beaucoup de sucre, très peu de menthe, encore moins de rhum, un seul glaçon et de l’eau pétillante à ras bords. Elle n’était pas là pour boire, mais pour passer une bonne soirée.
Elle est motivée, pourtant. Enfin, au début. Une employée modèle. Puis, un petit retard. Elle se confond en excuses, fait un beau sourire, bat des cils et le n+1 laisse couler. S’ensuivent deux retards, une absence, deux absences...
Elle n’aime pas le téléphone. Elle préfère de loin les échanges de messages vocaux. Ça prend moins de temps, on fait ça quand on veut. On n’est pas obligé de rester trois plombes au bout du fil pour parler des oiseaux et du beau temps. Alors il faudra attendre quelques jours encore avant que l’un des deux parents ne commence à s’inquiéter.
L’humiliation a été de courte durée, mais restera gravée. Désormais, en plus de l’odeur de moisi, de mort et de renfermé, elle devra se familiariser avec celle du liquide qu’elle vient d’évacuer.
Elle se trouve pathétique et pense aux SDF qui meurent de faim, de soif, tout comme elle à cet instant. Eux peuvent au moins se glisser dans un recoin, entre deux voitures ou n’importe où, pour se soulager. Et elle, là, n’a rien à manger, rien à boire et surtout rien pour pisser. Elle se fait pitié.
Sa voix résonne et s’évanouit contre les parois de son caveau. Il n’y a pas âme qui vive.
L’aurait-on attachée sans rien ni personne autour ?
C’est donc ça ? On va la laisser crever là ?
Elle veut aussi savoir où elle va mettre les pieds et à qui elle va confier sa langue et son entrejambe, même si la deuxième partie de la soirée n’est que très rarement consommée.