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Citations sur L'art jusqu'à la folie (10)

Chacun essaie de vivre le moins mal possible la dureté des événements et les mesures prises par les pouvoirs publics réduisent la vigilance portée aux autres. La théorie du sauve-qui-peut est désormais souveraine et, mis à part quelques médecins et chefs de service qui résistent à cet affaiblissement moral généralisé et à la perte des valeurs humanistes, les hôpitaux psychiatriques sont les premiers remparts qui s’effondrent et favorisent l’extension de théories eugénistes déjà rampantes avant la guerre, entretenues par des médecins et sociologues allemands, et que la guerre autorise à proclamer publiquement. Que faire en effet de ces centaines de milliers de « fous », ainsi dénommés pour s’épargner la longue liste nuancée dressée par les psychiatres, qui sont autant de bouches à nourrir ? Que faire de ces hommes et de ces femmes abandonnés à leur démence et que la société se voit contrainte au nom de valeurs humaines fondamentales à servir ? La guerre vient aider à faire tomber les barrières morales......
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La hiérarchie de la charité et de la solidarité nationale est implacable en temps de guerre.
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Dans l’atelier au mobilier absent sinon une armoire ancienne très massive aux lourds panneaux de bois sculptés en pointes de diamant, c’est l’image d’un vrai combat qu’elle mène avec la matière. Elle semble tourner autour de sa création, la dominer. Telle une Pythie, vêtue d’un long manteau sans doute de velours souillé de plâtre, elle scrute l’œuvre avec une acuité presque démoniaque, son visage n’a plus rien à voir avec la grâce enfantine des premiers clichés. La photographie la révèle hallucinée et trahit le combat d’ordre magique qu’elle conduit avec sa sculpture
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L’élégance du geste de l’homme, et la position de la femme aimée traduisent l’absolu de l’union, et donc de l’unité. Ils forment tous deux un seul et même corps, une forme d’androgynat souverain qui s’impose au regard.
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Ma conscience crie plus fort que ma chair.
Aloïse Corbaz
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L’affaire est donc entendue : le style du rapport, à la fois fiable et subjectif, laisse entendre que Séraphine est « repérée » depuis des années déjà par la police à la suite des nombreux scandales qu’elle a elle-même provoqués. Le ton est goguenard souvent et peu charitable. Le gendarme s’autorise des conclusions et des jugements qui sortent de son rôle : tout se passe comme si la folie et ceux qui en sont atteints, ne disposant plus de leur propre entendement, devenaient aussitôt la cible et la proie de toutes les critiques et de toutes les injures. Séraphine est ainsi classée (sans suite) par le policier comme une mystique, une illuminée, une persécutée, étant entendu que ces trois termes la confinent dans le rayon des exclus et à ce titre remis par l’ordre public à un asile qui se chargera de la garder. Le peu de considération du rapport laisse imaginer des traitements dont les malades, dans les asiles, sont l’objet à cette époque.
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Quelles significations donner à ces arbres de vie, à ces bouquets constamment imaginés, répétés, à ces feuilles, à ces fleurs inspirées ? À quelle injonction divine se soumet cette flore baroque et inconnue ? D’où Séraphine tire-t-elle son inspiration ? De quelle religion ou de quels mondes ramène-t-elle ses peintures ?
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Renversant la situation, elle renvoie le maître à ses propres influences, et n’hésite pas à affirmer que son Génie de la guerre est repris de l’Arc de Triomphe de Rude. L’accusation est grave, puisqu’elle déclare tout à trac que Rodin est un vulgaire plagiaire. Ce sera là la première saillie d’une série d’injures et de diffamations dont elle va accabler Rodin. Celles-ci seront pour la plupart injustes, mais révèlent quand même quelques vérités profondes. L’art de Rodin n’est pas né de rien, mais s’en défend-il lui-même ? L’art de la statuaire connut dans son histoire de tels chefs-d’œuvre qu’il est difficile à un artiste de pouvoir les ignorer totalement. Toutefois, Rodin n’hésite pas à emprunter ici ou là des formes déjà connues chez de grands maîtres auxquelles il donne sa patte.
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Dans ces premières années de leur rencontre, Rodin inaugure une autre manière de sculpter. Il a conscience, peut-être sous l’influence discrète de Camille, que son art est trop massif et spectaculaire, et qu’au gigantisme qui est sa marque, il faudrait encore plus de frémissement pour qu’enfin la vérité de la vie accède à fleur de marbre.
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Il comprend très vite que Camille est plus qu’un bon sculpteur, mais un génie qui pourrait le défier sur ses propres terres. Il aime cette confrontation et en même temps la redoute. Il la provoque cependant.
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C’est une histoire de gémellité, une troublante coïncidence dont il ne sait pour l’heure que penser.
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Camille exercera sur son frère cadet un ascendant considérable. Elle est encore celle qui l’initie à la lecture des poètes et des écrivains ; ceux qu’elle apprécie sont les grands lyriques exaltés, au verbe souvent épique, les poètes cosmiques comme Shakespeare, Goethe, Victor Hugo bien sûr, et les poètes sombres et maudits, ceux appartenant au romantisme noir, comme Nerval et Baudelaire. Mais elle est surtout celle qui fait jaillir de ses mains, d’une masse informelle, des visages et des traits, mieux encore la vie même. Pour cela et du fait aussi de son caractère impérieux, il est sous le charme, le mot étant à prendre dans son sens magique. Plus qu’une séductrice, Camille est alors une magicienne, non plus une de ces fées que chante Nerval, une Aurélia ou une Sylvie, auxquelles elle peut ressembler quelquefois, mais plutôt une déesse puissante et pythique, elle transmet par ses mains agiles, des influx et des courants de vie qui électrisent la glaise et lui donnent l’apparence de la vie la plus exacte.
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Elle commence dès l’enfance, dans les jeux et dans la même complicité pour les choses de l’art, dans les appels d’autres mondes et d’autres ciels, sur des registres qui les rendent très tôt étrangers aux autres, à leur milieu, à leur mère surtout. Car, des deux parents, c’est l’image du père qui domine, c’est elle l’image aimée, respectée, protectrice. La mère est peu encline à la compassion et à la bienveillance, aucune indulgence pour ceux qui l’entourent, pas davantage pour les siens.
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