« Déconstruire l'institution pour se libérer des oppressions », « pour offrir à nos enfants une éducation qui leur permette de façonner un autre monde », c'est ce à quoi s'attelle
Yuna Visentin dans son premier livre, un essai engagé. Mêlant approche théorique et expérience de terrain «
Une autre école est possible ! » donne à penser l'école différemment dans une prose incisive, inclusive et accessible.
Le livre se montre critique envers une institution qui au nom de l'« universalisme » à la française refuse de voir les discriminations et en devient oppressive. Envers un système qui refuse de changer, qui prône une égalité des chances et une méritocratie illusoires. (Non-) représentation des minorités, absence de l'histoire coloniale dans les programmes, système de notes, interdiction de port de signe religieux pour les enfants et les parents, tenue républicaine, repas dans les cantines... Les sujets abordés sont vastes et actuels.
À titre personnel, je suis Belge, ce qui a rendu ma lecture particulièrement intéressante. Je vois en effet beaucoup d'étudiant•e•s français•e•s venir faire leurs études ici. Et je connaissais mal le système scolaire français qui est beaucoup plus compétitif que le nôtre (même si tout n'est pas parfait en Belgique).
Je tiens à souligner l'optimisme, l'espoir du titre. Malgré l'énorme travail abattu, Yuna reste humble et insiste sur la force du collectif, mais je suis certaine que son livre a un grand rôle à jouer pour faire changer les choses. Pour créer « [d]es écoles qui ne se revendiquent pas d'un sanctuaire, mais qui assument d'être perméables au monde, et qui se servent de leurs liens avec la société pour devenir des leviers de transformation et de justice ».
En tant que féministe, à part lorsqu'elle fait les grands titres de journaux à coup de polémiques sur les tenues des élèves, je n'avais pas réfléchi en profondeur à l'école en tant qu'institution servant à pérenniser le patriarcat. Probablement car j'ai toujours été dans une situation confortable... le livre de Yuna m'a ouvert les yeux. Il s'agit d'un livre essentiel, selon moi l'essai féministe à lire cette rentrée.