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EAN : 9791028525538
224 pages
Leduc (24/08/2022)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Peut-on détacher l’histoire de l’école française d’un système de discrimination et de contrôle social ? L’institution scolaire peut-elle vraiment être une source d’émancipation et une voie de libération pour tou·te·s ?

Yuna Visentin établit un constat : notre école doit changer et pour cela, il faut commencer par déconstruire le modèle installé depuis longtemps, et ancré dans la société.

À partir de son expérience personnelle, de ses re... >Voir plus
Que lire après Une autre école est possibleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cet essai apporte ainsi une critique de l'institution en elle-même, et non pas des enseignant·es individuellement. Il ne s'agit pas non plus de dire que les jeunes sont plus sexistes ou plus homophobes que les adultes, les profs, qui ont tout à leur apprendre, comme le soulignait Yuna lors de la rencontre à la librairie La Nuit des Temps à Rennes, hier soir. Non, ce qu'elle explique, c'est en quoi l'Éducation nationale, qui se veut pourtant émancipatrice, enferme les élèves – dans des rôles stéréotypes de race, de classe ou de genre – et perpétue des idées racistes, sexistes ou classistes. Cela paraît évident, étant donné que cette institution n'est pas en dehors de la société.

C'est à travers des exemples – observations et vécus personnels, mais également témoignages lus ou entendus – que Yuna Visentin développe son propos. Elle s'appuie notamment sur d'autres ouvrages ou des podcasts (ma liste de livres à lire ou de podcasts à écouter s'en est trouvée d'ailleurs grandement allongée !), ce qui étaye les idées de base. Ce qui est bien, c'est que c'est un essai qui reste accessible : il n'est pas trop long ni trop complexe, puisque l'aspect témoignage le rend plus digeste que d'autres ouvrages du même style.

C'est un livre qui fait réfléchir, qui révolte beaucoup mais qui donne aussi de l'espoir – l'idée n'étant pas d'aller vers des pédagogies alternatives mais de changer le système !

Parfois, j'ai pleuré tant j'étais révoltée ou parce que cette lecture évoquait des souvenirs douloureux. C'est un livre indispensable qui démontre que oui, une autre école est possible !

[Chronique complète sur mon blog].
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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« Déconstruire l'institution pour se libérer des oppressions », « pour offrir à nos enfants une éducation qui leur permette de façonner un autre monde », c'est ce à quoi s'attelle Yuna Visentin dans son premier livre, un essai engagé. Mêlant approche théorique et expérience de terrain « Une autre école est possible ! » donne à penser l'école différemment dans une prose incisive, inclusive et accessible.

Le livre se montre critique envers une institution qui au nom de l'« universalisme » à la française refuse de voir les discriminations et en devient oppressive. Envers un système qui refuse de changer, qui prône une égalité des chances et une méritocratie illusoires. (Non-) représentation des minorités, absence de l'histoire coloniale dans les programmes, système de notes, interdiction de port de signe religieux pour les enfants et les parents, tenue républicaine, repas dans les cantines... Les sujets abordés sont vastes et actuels.

À titre personnel, je suis Belge, ce qui a rendu ma lecture particulièrement intéressante. Je vois en effet beaucoup d'étudiant•e•s français•e•s venir faire leurs études ici. Et je connaissais mal le système scolaire français qui est beaucoup plus compétitif que le nôtre (même si tout n'est pas parfait en Belgique).

Je tiens à souligner l'optimisme, l'espoir du titre. Malgré l'énorme travail abattu, Yuna reste humble et insiste sur la force du collectif, mais je suis certaine que son livre a un grand rôle à jouer pour faire changer les choses. Pour créer « [d]es écoles qui ne se revendiquent pas d'un sanctuaire, mais qui assument d'être perméables au monde, et qui se servent de leurs liens avec la société pour devenir des leviers de transformation et de justice ».

En tant que féministe, à part lorsqu'elle fait les grands titres de journaux à coup de polémiques sur les tenues des élèves, je n'avais pas réfléchi en profondeur à l'école en tant qu'institution servant à pérenniser le patriarcat. Probablement car j'ai toujours été dans une situation confortable... le livre de Yuna m'a ouvert les yeux. Il s'agit d'un livre essentiel, selon moi l'essai féministe à lire cette rentrée.
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L'auteure est enseignante et propose, dans cet ouvrage, un regard critique sur l'éducation nationale basé sur sa propre expérience.

Que cela soit sous l'angle du sexisme, du racisme, des discriminations, elle amène un avis posé et pertinent ainsi que des réflexions qui font sens au coeur de l'urgence de modifier le système et redéfinir les lignes.

C'est vers une éducation qui éradique l'injustice, qui encourage la liberté et qui déconstruit les oppressions systémiques qu'elle tend.

Cet essai est un profond questionnement de l'institution, tant dans son rôle que dans son fonctionnement. La position de l'auteure est ferme, argumentée et cohérente même si je ne partage pas tous ses points de vue, vivant dans un pays avec son propre système.

J'ai trouvé ce livre très intéressant et j'ai été interpellée par certains sujets et certaines propositions de changements. Je pense que l'instituons scolaire Suisse est tout aussi inadaptée et qu'une refonte adaptée à la société actuelle et à l'évolution du monde est nécessaire.

J'en garde les idées qui ont résonné et je remercie l'auteure de m'avoir amenée à réfléchir sur certains sujets pour lesquels je ne m'étais pas posé de questions jusque-là.

C'est un essai inspirant et un cri quant à l'urgence de s'adapter et se renouveler!
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Yuna Visentin, c'est l'enseignante que l'on aurait toustes voulu avoir lorsque nous étions plus jeunes. Celle que l'on souhaite à tous les enfants d'aujourd'hui et de demain. En effet, avec ce livre qui dénonce les travers pleins de sexisme, de racisme et de classisme de l'institution poussiéreuse et terriblement conservatrice qu'est l'éducation nationale, elle permet de retrouver un regard plein d'espoir sur le virage qui pourrait être pris. Un ouvrage à mettre entre toutes les mains, que ce soit pour déconstruire les effets que tout cela a pu avoir sur nous qui sommes maintenant adultes ou même pour les enseignants, parents, adolescents en âge de le lire et autres concernés par le sujet. C'est tout simplement une lecture à ne pas manquer pour rectifier un peu sa propre éducation !
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Ce livre rend intelligent. Car il fait réfléchir le lecteur. Comme dit ma maman "vous vous coucherez moins bête ce soir".
C'est un essai argumenté écrit, avec ses tripes et son coeur, par une enseignante qui dresse un constat décapant d'un échec sociétal : notre école en France perpétue les inégalités sociales. Pire, ellle violente et contraint les enfants à vivre 5jours/7 et 7h/jour un formatage et donc une négation de leur identité. Les témoignages sont cruellement effrayants et dressent un tableau des discriminations systématiques au nom d'une idéologie, celle du contrôle normatif et des rapports de pouvoir incarnés par l'équipe éducative. Elle ne laisse qu'un choix binaires aux élèves et aux parents : se plier ou partir.

Yuna Visentin nous rappelle que Jules Ferry crée l'école avec la volonté de "clore l'ere des Révolutions" : "il y a pour les races supérieures un droit (...) elles ont le droit de civiliser les races inférieures "
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le problème c'est que, quand on sous-entend que la fille est là pour calmer le garçon, on ne se contente pas de réagir à une réalité qui nous précède : on la reproduit. On fait comprendre aux jeunes qu'iels ont des rôles binarisés - garçon/fille - et prédéfinis, mais aussi hiérarchisés : le garçon perturbe le cours tandis que la fille est responsable du garçon, et assiste l'enseignant•e. Cela ne paraît rien, mais ce sont justement ces petits riens qui, mis bout à bout tout au long d'une vie, conduisent les personnes sexisées à se sentir responsables de la violence des hommes cis, même quand elles sont les premières à en être victimes.
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Allez, avance, il suffit de mériter. La société est juste, c'est à toi de te donner les moyens. Travaille à la maison et il n'y aura jamais de biais racistes qui t'empêcheront d'avoir ce que tu veux. Pas de conseiller•ère d'orientation qui te dira de faire un bac pro électricien juste parce que tu es un garçon perçu comme maghrébin. Pas de biais sexistes. Jamais de mépris envers tout ce que tu représentes. Travaille, travaille, et tu auras tout ce que tu veux. Peut-être même que t'auras la chance d'être le meilleur et de te faire servir par les autres. Tu sais, celleux qui, contrairement à toi, n'auront pas travaillé.
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Là où le rejet s'exprime le plus aisément dans la bouche des enfants, c'est par les insultes physiques : tirer sur les côtés de ses yeux face à un•e enfant d'origine asiatique, se moquer des cheveux d'un•e enfant noir•e ou de sa couleur de peau, etc. À ce sujet, une insulte récurrente des cours de récré consiste à assimiler la peau des enfants noir•e•s à la couleur "caca". Si certain•e•s n'y voient qu'une plaisanterie enfantine aussi éphémère que la phase "pipi-caca-prout", on peut en revanche se demander pourquoi, parmi une myriades d'autres comparaisons possibles, les enfants associent la peau des enfants noir•e•s au premier objet de dégoût qu'iels rencontrent. Difficile de ne pas y voir ce que c'est : la reproduction d'une hiérarchie selon laquelle la peau "blanche" serait la norme, et le corps blanc, le seul légitime. Or, que fait concrètement l'école pour lutter contre la représentation du corps blanc comme neutre et idéal ?
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Par ailleurs, la prétendue "cruauté naturelle" des enfants peut difficilement être invoquée comme seule explication aux insultes fréquentes dans les cours de récré. Les enfants ont besoin d'imiter les autres pour se construire ; en cela, iels sont un miroir de ce que nous sommes, de ce qu'iels apprennent, à l'école comme à la maison.
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Parce qu'il s'agissait de cela aussi : former et adoucir le peuple, celui qui s'était insurgé dix ans plus tôt avec la Commune et qui s'était doté, pour la première fois de l'histoire, d'une école gratuite, publique et laïque, offrant le même salaire aux enseignant•e•s hommes et femmes. De cette initiative, on parle peu aussi, et cet oubli ne sert qu'à mieux nous convaincre que ce dont on dispose serait la seule version possible de l'école. C'est cette réduction des possibles qu'il nous faut combattre pour voir que l'institution scolaire, celle qui existe effectivement, n'a jamais été détachée du pouvoir. Qu'elle est née comme un système de distribution de places, de hiérarchies, et donc comme un système d'exploitation.
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