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Critique de VincentGloeckler


Elle est allongée là, sur la table d'examen du Dr. Seligman, un chirurgien plastique, et tandis que le praticien l'ausculte, la tête entre ses jambes, elle crache le morceau, un sacré morceau… Premier roman de Katharina Volckmer, une jeune femme allemande de 25 ans installée à Londres depuis plusieurs années, Jewish Cock -autrement dit, même si, pudeur ou crainte de réprobation politique obligent ?, ce titre n'a pas été traduit, « (la) Bite juive »- se présente comme le long monologue d'un(e) adulte, engagé(e) dans un processus de transition sexuelle, et qui remonte le temps, son histoire et celle de sa famille, égrenant dans cette logorrhée indisciplinée, parfois avec terribles incongruité et crudité, angoisses et fantasmes. Des rêves où il/elle se prend pour Hitler dans les plus scabreux des jeux érotiques à l'évocation des voyages de son père, représentant en électro-ménager, à Nüremberg pour un congrès annuel des fabricants de lave-linge…, de ses protestations contre le destin des femmes lorsqu'il se confond avec leur rôle de mère au récit de ses relations avec K, un homme rencontré dans des toilettes publiques et un artiste auprès duquel elle comprendra l'urgence d'accomplir, enfin, cette métamorphose que son corps réclame depuis son enfance, de son culte avoué pour le petit gadget japonais mis au point par un certain M. Shimada, une sorte de robot-pénis dont il/elle se verrait bien affublé(e), à l'aveu du poids dans sa vie d'un frère mort avant sa naissance, fantôme encombrant, on comprend que son existence est hantée par deux obsessions aussi éloignées que complémentaires, la culpabilité de l'enfant allemand après la Shoah et son désir, jusque-là contrarié, de changer de genre et de sexe. La mort d'un aîeul, dont elle hérite, est peut-être, paradoxalement, la clé qui pourrait la délivrer de cette double cage… Un discours où la plainte se mêle à l'humour le plus féroce, où le sordide le dispute à l'ironie pour le plus grand de nos plaisir, un régal qui rappelle les meilleurs textes de Thomas Bernhard ou d'Elfriede Jelinek. Katharina Volckmer, une voix qui promet !
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