Citations sur Jeu Blanc (Cheval indien) (139)
Je me tenais sur les rochers aux toutes premières lueurs du jour, avant que quiconque ne se soit réveillé et je sentais la nature entrer en moi comme la lumière. Je fermais les yeux et la sentais. La nature était une présence. Elle avait des yeux et j’étais surveillé. Mais jamais je n’eus l’impression d’y être un intrus.
Je ne pouvais pas courir le risque que quelqu’un me connaisse, parce que je ne pouvais pas courir le risque de me connaître moi-même.
Les gens attribuent bien trop d'importance aux mots. Parfois, c'est mieux de rester assis, sans plus. Pour à nouveau s'habituer les uns aux autres, en quelque sorte.
C’est là que je compris que quand une chose nous manque, elle laisse un trou que seule cette chose qui nous manque peut combler.
"Les bosses des rochers sur le rivage portaient des manteaux blancs.Les arbres, sous le poids de la neige fraîche dans leurs branches, ressemblaient à des soldats épuisés , rentrant à la maison à la fin de la guerre. Le froid était une bête redoutable. Tandis que j'avançais péniblement , dans la neige jusqu'aux genoux, en quête de bois pour le feu, je la sentais me traquer cette bête , attendre que l'épuisement m'abatte de façon à se repaître de ma chair gelée".....
Nous étions comme du bétail. C'est ainsi que nous étions traités. Nourris, abreuvés, contraints de porter notre fardeau quotidien et rentrés à l'abri pour la nuit. Quiconque s'esquivait ou se plaignait était battu devant tous les autres. C'était peut-être cela le plus grand crime : nous rendre complices en faisant de nous des témoins silencieux et impuissants.
Quand on t'arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d'où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés comme arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C'est l'enfer sur terre, cette impression d'être indigne. C'était ce qu'ils nous infligeaient.
Être quelqu’un que l’on n’est pas est souvent plus facile que de vivre sa propre vie.
Nous étions dépouillés de notre innocence, notre peuple, dénigré, notre famille, dénoncée, nos mœurs et nos rites tribaux, déclarés arriérés, primitifs, sauvages. À l longue, nous finissions par nous considérer comme des sous-humains. Ce sentiment d’être sans valeur, c’est l’enfer sur terre.
Je ne sais plus très bien quand je me mis à boire. La seule chose que je sais, c’est qu’alors le grondement au fond de mon ventre s’apaisa. Dans l’alcool, je découvris un antidote à l’exil. Je quittai l’arrière-plan pour devenir un blagueur, un clown, un conteur qui relatait des histoires de voyages et d’événements insensés. En fait, je n’en avais vécu aucune, mais j’avais suffisamment lu pour rendre ces récits vivants, crédibles et captivants. Au milieu des grandes claques, des coups de poing et des gros éclats de rire qui les accueillaient, je découvris qu’être quelqu’un que l’on n’est pas est souvent plus facile que de vivre sa propre vie.