Les enfants étaient systématiquement fouettés quand ils donnaient la mauvaise réponse. Devant toute la classe, on les tournait face au mur, on leur faisait tourner leur pantalon jusqu'aux chevilles, se pencher mains sur les genoux pour être cinglés à vif.
Je voulais atteindre de nouveaux sommets, être l’une des rares étoiles. Mais ils ne voulaient pas me laisser être un hockeyeur. Il fallait toujours que je sois un Indien.
On dit que nos pommettes ont été taillées dans ces chaînes granitiques qui s'élèvent au dessus de notre patrie. On dit que le brun profond de nos yeux a suinté de la terre féconde autour des lacs et des marécages. Les anciens disent que nos longs cheveux raides viennent des herbes ondulantes qui tapissent les rives des baies. Nos pieds sont larges, plats et forts comme les pattes d'un ours. Nos ancêtres ont appris à se déplacer sans peine à travers les territoires que le Zhaunagush, l'homme blanc, a plus tard redoutés, sollicitant notre aide pour les parcourir. Notre parole s'écoule et se déverse comme les rivières qui nous servent de routes. Nos légendes rapportent comment nous avons émergé des entrailles de notre Mère Terre - Aki est le nom que nous lui attribuons. Nous avons surgi, sans imperfections, les battements du cœur d'Aki dans nos oreilles, prêts à devenir ses gardiens et ses protecteurs. Quand je suis né, notre peuple parlait encore ainsi.
Alors je me suis réfugié en moi-même. C'est ainsi que j'ai survécu. Seul.
Le ciel, son contact sur mon visage me manquaient.
Elle était décharnée et vidée d'avoir pleuré pendant plusieurs journées entières. Sa peau était une tente sur ses os.
p 21
Quand on t'arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d'où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C'est l'enfer sur terre, cette impression d'être indigne. C'était ce qu'ils nous infligeaient.
"Ils nous ont vidés de l'intérieur, Saul. Nous n'en sommes pas responsables. Nous ne sommes pas responsables de ce qui nous est arrivé. Aucun de nous, dit Fred. Mais notre guérison, elle, dépend de nous. C'est ce qui m'a sauvé. De savoir que c'était à moi de jouer."
(p. 247)
Lorsque le sifflet retentissait, ils tournaient comme un seul homme. Certains tombaient sur la glace, jambes écartées, poitrines haletantes. D'autres essoufflés, s'adossaient à la bande devant moi. Leurs visages brûlaient d'enthousiasme et de joie, leur respiration rappelait l'air qu'expulsent les mustangs. Le piétinement des lames de leurs patins me rappelait les sabots sur le sol gelé. C'était ça, ce sport, ce rassemblement de frères, de proches, unis par la plénitude de l'effort, le défi et la tension, respirant l'air qui s'élevait de la surface glaciale d'une patinoire sous un sinistre soleil.
Une fois, j'avais lu qu'il y avait dans l'univers des trous qui avalaient toute la lumière, tous les corps. St Jerome's vola toute la lumière de mon monde.
(en parlant de son école)