Les histoires étaient pour lui une blessure. Pas à cause du miroitement des mondes qui s'échappaient de l'obscurité et de la lueur du feu, mais à cause des brèches imprévues dans lesquelles la vie peut parfois tomber.
J’avais l’impression de faire partie d’elle, moi aussi, tout comme la vie qu’elle portait en elle. Comme si toi et moi on était la même personne à ce moment précis, Franck, parce que l’un comme l’autre on avait besoin d’elle pour vivre.
- [Ils] m'auraient à moitié tué si j'étais resté là-bas.
(...)
- Se faire à moitié tuer une fois, ça doit être mieux qu'être à moitié vivant pour toujours.
Les histoires se racontent mot après mot (...). C'est quelque chose que ta grand-mère disait. Les histoires se racontent mot après mot. Peut-être qu'elle parlait de la vie.
J' ai été élevé à dire les choses et à les demander sans détours. Comme ça on gagne du temps et on se pose moins de questions.
Se faire à moitié tuer une fois, ça doit être mieux qu’être à moitié vivant pour toujours.
- J'me souviens d'un matin, j'étais debout sur le perron, un mug de café à la main, en train de regarder le lac et pour la première fois je sentis que je pourrais supporter cette vie. Je pourrais m'installer là. Chaque fois que je la déposais au camp, c'est tout juste si je pouvais attendre de retourner la chercher. Etrange. Moi je vouais toujours revenir à la maison. J'ai passé toute ma vie à m'éloigner des choses au lieu de m'en rapprocher. C'est elle qui a donné vie à ce désir en moi, Frank.
Une fois j'ai tué un homme, dit son père.
Sa voix sortait du noir et de l'ombre.
- Délibérément ? demanda le garçon.
- Je sais pas.
Se faire à moitié tuer une fois, ça doit être mieux qu’être à moitié vivant pour toujours.
Les histoires étaient pour lui une blessure. Pas à cause du miroitement des mondes qui s’échappaient de l’obscurité et de la lueur du feu, mais à cause des brèches imprévues dans lesquelles la vie peut parfois tomber, finit-il par penser.