Sud des Etats-Unis au début du XXe siècle : Celie écrit au « bon Dieu ». Dès la première lettre, Celie dit tout. Son père qui « fait que dire : toi tu vas y passer, comme ta mère elle veut pas ». Ses enfants, disparus. Son mari, veuf, feignant, violent. Son trouble, grandissant, pour la chanteuse Shug. Et puis, surtout, son amour pour sa soeur Nettie.
Malgré un destin déchirant, le roman reste lumineux ; la dénonciation des violences, porteuse d'espoir ; l'ambiance plein de vitalité. Peut-être grâce aux autres personnages féminins, fortes et décalées, que j'ai évidemment adoré. Elles donnent à voir en creux les femmes passionnées, résistantes et instruites qui feront bouger les mentalités.
Quelle plume enfin. L'écriture de Celie est d'abord hésitante, boiteuse, argotique. À la manière d'une
Zora Neale Hurston, l'auteure restitue le parlé de l'époque jusqu'à en imprégner le lecteur. Et fait évoluer subtilement ce langage au fil des années.
Un roman aux dimensions multiples et à l'adaptation cinématographique - visionné à la suite - plutôt réussie.