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sur 166 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
D'abord, je tiens à signaler que je n'avais pas vécu une expérience de lecture comme celle-là depuis un moment. le narrateur est omniscient. Il nous fait passer du récit d'un personnage à l'autre. Il n'y a pas de vrai héros à mon sens, mais une galerie de personnage. La psychologie est détaillée pour tous, une véritable toile d'araignée où les personnages principaux ou secondaires se croisent forcément au cours des 1300 pages.
Le fil rouge, c'est la famille Incandenza, le père James brillant physicien optique qui a crée et dirigeait une école de tennis, avant de se tourner vers le cinéma. Sa femme Avril, mère possessive et intelligente. Hal, jeune prodige du tennis. Mario handicapé moteur, qui est le caméraman du centre d'entrainement. Mais aussi Orin, qui est un brillant punter au football américain. Hal est un personnage important. Il est obsédé par le tennis et ses performances, un véritable robot qui deviendra plus intéressant au fil du récit. Sa seule distraction, c'est de fumer de la drogue en cachette. On se prend d'affection pour ce gamin surdoué du langage mais incapable d'exprimer ses émotions. La famille est liée à un mystérieux film fait par James dont je parlerai plus loin. Une grande importance est accordée au sport et notamment au tennis dont l'auteur nous décrit le système concurrentiel, mais aussi la camaraderie, les règles, la quête de célébrité et la peur de décevoir. le roman se déroule dans le futur, les EU ont établi un vaste protectorat (fédération entre EU-Mexique, Canada appelé la Grande concavité). Un nouveau territoire des EU a été dessiné par le président américain Gentle, ancien crooner, obsédé par l'hygiène. Il a décidé d'abandonner des parties de son territoire au Nord Ouest, à proximité du Canada. Celui-ci sert de décharge à ciel ouvert polluée, par les déchets ménagers. Il y a donc une réflexion politique sur la société de consommation, le rêve américain, la nation. Mais aussi sur la liberté et le libre arbitre. L'auteur parsème sa fresque de nombreuses références littéraires, de séries. Il décrit de manière très précise les nouvelles règles de cette société. Dans celle-ci, le temps est sponsorisé par des marques, les émissions sont disponibles à la demande et en temps réel. On finit par être totalement immergé par celui-ci. Un monde foisonnant, complexe où l'ombre domine.
Un autre fil rouge du roman est la recherche du mystérieux dernier film de James Incandenza. Une histoire d'espionnage se développe alors, avec les personnages de Marathe et ses associés, qui sont des assassins en fauteuil roulants. Les EU avec Steeply et les séparatistes québécois cherchent ce mystérieux film. Celui ci provoque une addiction extrême et ceux qui le regardent sont obsédés par lui. Où est-il ? Dans quel but a-t-il été crée ? Cette enquête prend une part importante dans le roman et donne envie de le poursuivre pour savoir ce qu'il y a sur ce fameux film. L'univers décrit est centré sur la violence, la drogue. L'auteur critique la société du spectacle, l'américain moyen toujours en quête de plaisir et de divertissement. C'est un monde de fantasmes et d'obsessions autour des médicaments, de l'herbe. Ce monde de la drogue est hyper décrit, les phénomènes de manque, la dépendance et ses conséquences sur le corps et le mental avec les personnages de Lenz, Poor Tony. La violence est aussi présente comme l'inceste et le viol qui sont au coeur de la vie de plusieurs personnages. Les relations familiales compliquées sont disséquées à travers cette fresque de personnage, l'image de la femme, de l'être humain n'est pas très positive. Ils luttent tous contre leurs démons intérieurs, la maladie, la dépression. On a la sensation d'être enfermée dans un cerveau enfiévré et malade. C'est une véritable expérience de lecture, extrême parfois.

L'auteur décrit et analyse aussi l'obsession pour les nouvelles technologies et la dépendance qu'elle crée. Ce récit est donc très visionnaire car il a été écrit dans les années 1990. Il brosse un portrait sans concession de notre monde moderne, obsédé par le plaisir et les nouvelles technologies. Parallèlement à cela, la maladie, les handicaps physiques comme celui de Joëlle , défigurée après un accident et ancienne petite amie d'Orin, sont aussi un thème lancinant dans le livre. Les descriptions des corps, des sensations, du décor sont très importantes. J'ai eu l'impression de me retrouver dans un tableau du peintre Jérôme Bosch digne de l'enfer par moment, ce qui est assez déroutant. le style de l'auteur est parfois vulgaire, ou hyper pointu, ce qui est parfois déstabilisant. Mais il fait réfléchir à ses propres démons intérieurs et obsessions, à cet enfer comme celui de Dante dont le titre français du roman fait écho. J'ai eu l'impression de descendre avec les personnages « au fond du trou. »
Les récits sont parfois difficiles à suivre par leur densité, des conversations qui s'entremêlent et une confusion entre réalité et hallucination. le style est exigeant et demande une attention soutenue pour ne pas perdre le fil. Mais au fil des pages, on s'habitue à cette folle construction et à ce style. Je n'ai qu'un conseil à vous donner : partez pour une expérience de lecture non identifiée si vous aimez être dérouté et surpris sinon passez votre chemin.
Lien : http://eirenamg.canalblog.co..
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Un pavé de 1328 page plus 380 pages de renvoi de texte en fin de livre (et voulues par l'écrivain afin de raccourcir un pavé qui était déjà très lourd). Une pensée admirative pour le travail réalisé par les deux traducteurs.

A propos de lourdeur, je dois confesser que j'ai eu du mal physiquement avec ce livre qui a réveillé une vieille tendinite aux 2 bras, contractée après lecture d'un autre pavé…j'ai du continuer la lecture avec un livre en position horizontale et moi assise afin d'éviter la contracture. le livre pèse 1 kilo 300 grammes et la lecture est longue…

C'est une dystopie de littérature postmoderne, un livre fleuve dans un futur proche avec une Amérique du Nord unifiée (USA, Mexique, Canada).Mais il est très peu question du Mexique dans le roman.

Ai-je aimé le livre? Mon Dieu, NON ! à aucun moment. Mais je reste admirative devant la performance: d'abord, la structure du livre, à aucune autre pareille, sans une histoire linéaire, mais au fil de pages, dégageant une vraie force avec une richesse de vocabulaire défiant toute concurrence, une rupture permanente du langage selon la personne qui parle; le langage est d'une grande précision, avec de temps en temps des raptus très drôles.

En gros, j'ai trouvé 4 pôles importants dans ce livre: 1) la famille nord-américaine Incandenza; 2) l'Académie de tennis élitiste de Boston; 3) le monde de la dépendance (drogues et alcool) et 4) les terroristes canadiens dissidents.

La famille Incandenza est un ramassis de tarés. le père James Incandenza est un physicien et un cinéaste expérimental assez reconnu, c'est le fondateur de cette Académie de tennis, un personnage sans profondeur dans la narration, alcoolique au dernier degré et dément à la fin de sa vie; en lisant les titres de ses réalisations et en lisant la teneur de ses scénarios, on comprend qu'il est plus que perturbé; il va se donner la mort de façon atroce et grotesque et le lecteur se demande quelles abominations il devait assumer pour en arriver là. Les choses sont suffisamment suggérées dans le roman pour que le lecteur se fasse une opinion, sinon précise, au moins proche. La mère appelée la Moms, mesure 2 mètres et à la cinquantaine est encore une femme séduisante, docteur ès lettres et sciences, d'origine québécoise, mais totalement toxique et cachottière, elle est directrice dans l'Académie. le couple a 3 fils: l'aîné, Orin est un ancien de l'Académie de tennis, reconverti dans le football américain car il avait compris qu'il n'atteindrait pas le plus haut niveau du tennis, appelé le Show, là où les rares élus atteignent une sorte de Nirvana absolu. le deuxième fils est Mario, un être difforme, limité en parole mais non idiot, c'est le seul qui s'intéresse au métier du père. Et le dernier fils est Hal, interne au sein de l'Académie, un adolescent destiné à être parmi les meilleurs du tennis, qui vit pour plaire à sa mère et pour se droguer en cachette. Il n'y a aucun personnage normal dans cette famille.

L'Académie de tennis est un prétexte pour nous parler du milieu du tennis et de la compétition (ce mythe de la compétition et de l'excellence qu'on inculque aux joueurs, ce mythe, ils croient toujours que l'efficacité, c'est d'aller de l'avant, de foncer. le principe selon lequel le plus court chemin d'un point à un autre, c'est la ligne droite). Il y a une description minutieuse de ce monde où chaque pas est programmé au prix d'un effort souvent surhumain et au prix de sacrifices importants sur la vie privée de chacun. C'est un univers impitoyable, d'une compétitivité folle où les élus sont peu nombreux. On a droit aussi à une description un peu moins fournie sur le football américain que pratique Orin, un autre monde différent et aussi dur, fermé et un peu plus bestial.

Le monde de la dépendance (alcool et drogues) est représenté par le Centre de Désintoxication connu comme Ennet House situé pas loin de l'académie de tennis, où règne une ambiance surréaliste qui accueille des gens en perdition totale. J'ai trouvé intéressants les récits de ces gens pour qui la vie est un enfer et pour qui, dans la plupart des cas, en viennent à la dépendance après une enfance à problèmes. Il y a dans le lot, un rescapé de la drogue/alcool, Don Gately, reconverti en surveillant du centre qui a une histoire incroyable (comme tous les autres), mais qui se dévoue aux gens et va se voir impliqué dans une scène dantesque du livre, digne de Tarantino. C'est sur la vie de ce personnage que s'achève ce livre.

L'union de cette Amérique du Nord avec des canadiens dissidents et terroristes, est un thème assez mal approfondi. Ils sont tous estropiés, amputés des membres inférieurs car jeunes, ils jouaient à s'approcher d'un train le plus possible. Ils sont si nombreux qu'ils forment une petite armada contre les détestés états-uniens. Ils les détestent si fort qu'ils veulent s'approprier d'une cassette que James Incandenza aurait tourné, appelée Infinite Jest ou plaisir sans fin, qui rend les gens définitivement dépendants jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Il y a par ailleurs dans ce livre une information ultra détaillée sur le tennis, les drogues dures et moins dures, les effets cliniques des dépendances, etc. J'avoue avoir sauté des pages de description technique qui ne m'intéressaient pas. Mais il y a aussi beaucoup d'autres choses à découvrir.

Ce fut une lecture épuisante (et c'est une des singularités du livre) avec un langage différent selon la personne qui parle; je n'ai pas supporté le langage de certains camés qui ramènent les échanges oraux au langage archaïque de l'âge de pierre. Une autre singularité est la surabondance d'abréviations, probablement une marotte de l'auteur.

Oui, une lecture épuisante qui d'après ce que j'ai lu, sépare les avis entre ceux qui crient au chef d'oeuvre et ceux qui proclament que c'est "wholly unreadable". Je me situe entre les deux, considérant que c'est une lecture intéressante mais fatigante et profondément triste d'un monde assez ravagé, grotesque et névrosé, malsain aussi, obnubilé par la performance, gérant le mal être et le stress par une surconsommation de psychotropes.


Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Passer à travers cet immense pavé constitue une expérience de lecture spéciale qui, dans mon cas, a ressemblé à un parcours du combattant! Malgré certains passages géniaux, cette brique comporte d'innombrables longueurs et digressions qui m'ont quelques fois poussé à l'abandon. Mais quelque part, ce livre qui parle abondamment de dépendances, réussit en en créer une en dépit de ses côtés rébarbatifs.
D'emblée ce livre débute par la fin et finit par ce qui pourrait être un début tout en étant une queue de poisson magistrale! L'écriture, souvent atypique, est aussi occasionnellement déroutante, comme lorsqu'un changement de scène apparait en plein paragraphe sans indication aucune, autre que l'intelligence du lecteur qui doit le réaliser! Et d'accord, je ne suis pas maître es lettres, mais je ne suis pas non plus habitué à consulter compulsivement le dictionnaire tellement la recherche de mots rares semble un objectif de l'auteur.
Par contre ma longue incursion dans le monde du tennis, récréatif précisons-le, m'a fait apprécier tous les passages, et ils sont nombreux, traitant de ce sport incluant les descriptions minutieuses de la beauté des lobs brossés, de la cruauté des passing-shots camouflés et toutes les autres analyses outrancièrement techniques. En prime, et plus important encore, la psychologie et les dynamiques relationnelles de tous ces ados de l'Académie de tennis sont venus m'interpeller grandement.
À mon sens, car plusieurs interprétations sont sans doute possibles, le thème principal de l'oeuvre tourne autour de la dépendance aux drogues bien sûr, mais aussi aux évasions de toutes natures. Certains passages concernant les toxicomanes de la maison de désintoxication et des groupes A.A. et N.A. sont des pièces d'anthologie. Dommage que l'auteur nous assomme avec une multitude de références pharmacologiques hyper pointues qui n'apportent rien, mais vraiment rien, au propos.
Impossible de parler de ce livre sans mentionner qu'il prend place dans une Amérique unifiée (USA, Canada et Mexique) où le nord-est des É.-U. et une partie du Québec sont utilisés comme vaste dépotoir de produits toxiques catapultés par de géants mécanismes... D'où l'émergence des AFR (assassins en fauteuils roulants), sorte de terroristes québécois dont les buts politiques restent obscurs, mais dont les actions radicales inquiètent les services de sécurité dont le fonctionnement est pour le moins curieux, pour ne pas dire complètement contreproductif.
Les tribulations des membres de la famille Incandenza, incluant le père décédé, sont sans doute un point d'ancrage fort bienvenu dans tout ce salmigondis bien que leurs destins relatifs ne soient pas non plus ni typiques ni faciles à suivre. Mais reste qu'ils nous conduisent dans divers aléas de la vie tout aussi déconcertants que bienvenus. C'est en grande partie par amour de ces personnages que j'ai persévéré. Et finalement, ça valait le coup...mais je ne recommencerais pas!
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Je dois avouer que j'avais gardé ce roman pour la fin de l'aventure des #ExploLecteurs, car même si le résumé me tentait énormément, les 1400 pages (avec une police microscopique) m'ont légèrement découragé. Impossible de lire ce roman les pieds dans le sable (ou alors sur une île déserte), car il demande un minimum de concentration. En effet, la lecture de ce roman reste complexe, car l'auteur part un peu dans tous les sens et qu'il nous abreuve de précisions en toutes sortes. Je me suis d'ailleurs surprise à décrocher à certains moments, car j'étais totalement perdue. Il faut bien s'accrocher pour suivre l'auteur, car on ne sait pas du tout où il nous amène, même après une centaine de pages lues! Néanmoins, je n'ai pas abandonné ma lecture, et je ne regrette pas! Eh oui… passé les premières pages laborieuses, on ne peut vite plus se passer de L'Infinie Comédie.

Le style de David Foster Wallace est assez lourd et chargé, car il ne nous épargne aucun détail. En effet, il ne laisse rien au hasard : il ne s'est pas contenté de créer des personnages et un monde vaguement vraisemblables, non, il a véritablement créé un univers à part où rien n'est oublié ou mal expliqué. On comprend vite que c'est cet univers si parfaitement travaillé qui a fait de L'Infinie Comédie un roman culte aux Etats-Unis.

Parmi les nombreux personnages que l'on voit défiler au cours de notre lecture, certains sont récurrents, notamment la famille Incandeza. J'ai beaucoup apprécié suivre cette famille pour le moins atypique. Hal, un sportif surdoué mais dépendant à la marijuana, est un personnage qui m'a beaucoup marqué et touché. J'ai aussi aimé le fait que chaque personnage (même les moins importants) soit exploités en profondeur : ils ne nous semblent ainsi que plus réels. Mais vous l'avez compris, ce livre n'est pas un concentré d'actions, mais plutôt de descriptions, ce qui peut freiner la lecture. Heureusement, l'humour noir et mordant de l'auteur apporte un peu de légèreté au roman.

Au fil des pages, l'auteur nous dresse le portrait d'une Amérique qui va mal, et dont les habitants semblent s'être perdus dans la drogue. A travers son roman, l'auteur fait la critique d'une société basée uniquement sur le Divertissement - thème qui reste dangereusement d'actualité à notre époque.

Pour conclure, L'Infinie Comédie est un chef-d'oeuvre qu'il faut lire une fois dans sa vie.
Lien : http://attrape-mots.blogspot..
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Enfin fini ! Effectivement roman monde, avec des notes pratiquement aussi longues que les pages du bouquin. Ceci dit je suis contente de l'avoir lu, mais ne suis pas sure que ce soit le livre le plus adapté pour une découverte de l'auteur.
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