Citations sur La confrérie de la dague noire, tome 8 : L'amant réincarné (34)
D'un point de vue purement chronologique, Blaylock fils de Rocke connaissait John Matthew depuis un peu plus d'un an.
Mais cela ne reflétait pas exactement la teneur de leur relation fraternelle. Il existait deux tableaux chronologiques dans la vie d'une personne: l'absolu et le ressenti. L'absolu se définissait par le cycle universel du jour et de la nuit qui, dans leur cas, correspondait à une période de trois cent soixante-cinq unités. Et puis il y avait la manière dont ce laps de temps s'était déroulé, les événements, les morts, les actes de destruction, l'entraînement, les combats.
Si l'on comptabilisait le tout... cela devait bien faire quatre cent mille ans qu'ils se fréquentaient, tous les deux.
Devant l'entrée la plus reculée de la grotte se dressaient quatre silhouettes. Imposantes, larges d'épaules et lourdement armées.
Les membres de la Confrérie.
Il connaissait le nom de chacun d'eux: Ahgonie, Affhres, Mheurtre et Tohrture.
Elle leva la main vers lui.
Un éclair de surprise traversa les yeux de John, puis il se pencha pour poser sa joue chaude dans le creux de la main offerte. Garder son bras en l'air demandait à Xhex un effort trop intense et, lorsque ses doigts se mirent à trembler, John recouvrit sa main de la sienne pour la maintenir en place.
Ses yeux d'un bleu profond, semblable à un ciel d'orage et été, étaient un véritable paradis.
Elle devait prendre une décision. Boire à sa veine ou bien...
Dans le même genre, elle s'était installée définitivement dans la chambre de John. Avait accroché ses pantalons de cuir et ses tee-shirts dans la penderie du mâle, près des siens; et leurs bottes s'alignaient les unes à côté des autres; leurs couteaux et autres petits joujoux étaient enfermés ensemble dans une armoire ignifugée.
Et leurs munitions aussi.
Putain, c'était super romantique.
Il savait bien que la meilleure des façons de troubler un doggen était d'essayer de l'aider. Par nature, cette espèce ne pouvait supporter que ceux qu'elle servait fasse autre chose qu'attendre d’être servis. mais...ne pouvait pas davantage supporter de refuser une requête de leurs maîtres.
Donc, avant que ces deux impulsions contradictoires ne mènent les doggens à brûler le dîner -ce qui pouvait les pousser à un suicide collectif- Blay préféra s'enfuir par l'office, d'où il émergea dans la salle à manger...
Contrairement à son ancien modus operandi, il ne baisa pas Holly pour passer le temps. Il lui parla. Et réalisa très vite combien il la connaissait peu.
Bien sûr, il était facile de comprendre le pourquoi d'un tel décor. Vu la garde-robe de l'Oméga -limitée à ces ridicules rideaux couleur de neige- tout ce noir était destiné à le mettre en valeur : on ne voyait que lui, la star au milieu de la scène.
Jamia svu quelqu'un d'aussi égocentrique ! pensa Lash. tout était par rapport à lui -ce qu'il pensait, ce qu'il disait, ce qu'il faisait... ou ce que Lash pensait de lui. Même si cette masturbation narcissique provenait d'un paternel qui se trouvait être une puissante entité du mal, c'était quand même chiant.
Encore un foutu papillon.
Tandis que R.I.P. examinait ce qui venait d'entrer dans son échoppe de tatoueur, il savait qu'il allait encore se retrouver avec un autre foutu papillon à exécuter. Et peut-être même deux.
Ouaip. Rien qu'à voir les deux greluches blondes qui gloussaient et se tortillaient devant sa caissière, il était à peu près certain qu'elles n'allaient pas lui réclamer un crâne et deux tibias à se faire tatouer sur la peau.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Mais peut-être préfères-tu un nouveau cerveau ? plaisanta Lassiter.
Thor se pencha en avant.
- Je vais lui couper la langue pour qu'il se taise définitivement. Dans l'intérêt général. D'accord ?
- Tu es tellement attentionné.