Là où poussent les coquelicots

Quand le temps s’arrête, la vie le rattrape.C’est là que l’on peut respirer vraiment et laisser les choses prendre tout leur sens.

L’espace d’un instant, je culpabilise en pensant à Nico. Je me rassure en me disant qu’il s’en remettra et que, de toute façon, c’est Nadia qui a fait le premier pas. Pourquoi se priver de vivre ce que nous ressentons ? Il y a un temps pour se soucier des autres, mais il ne faut pas pour autant se sacrifier. Je n’en ai pas envie. Je veux vivre ce moment.

Je pense que c’est ce qui fait la force de notre couple et qui rend notre relation si spéciale. J’ai le sentiment que, souvent, les gens parlent, mais juste pour s’entendre. Ils ne cherchent pas à écouter ou à comprendre le point de vue qu’ils ne partagent pas. Peut-être par peur de se rendre compte qu’ils peuvent aussi avoir tort ?

Vous savez, le temps file. C'est une course que vous ne pouvez pas gagner. Il est beaucoup, beaucoup trop rapide. Alors vous ne devez pas hésiter à vous asseoir sur le bord du chemin et à le regarder pour le forcer à prendre une pause. Quand le temps s'arrête, la vie le ratrappe.

𝒩𝑜𝓊𝓈 𝓅𝓇𝑒𝓃𝑜𝓃𝓈 𝓉𝑜𝓊𝓈 𝒹𝑒𝓈 𝒹é𝒸𝒾𝓈𝒾𝑜𝓃𝓈 [...]. 𝐿'𝒾𝓂𝓅𝑜𝓇𝓉𝒶𝓃𝓉, 𝒸'𝑒𝓈𝓉 𝒹'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝑒𝓈𝓈𝒶𝓎é, 𝒹'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝑜𝓈é 𝓅𝓇𝑒𝓃𝒹𝓇𝑒 𝒸𝑒𝓉𝓉𝑒 𝒹é𝒸𝒾𝓈𝒾𝑜𝓃 𝑒𝓉 𝒹𝑒 𝓁'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝒻𝒶𝒾𝓉 𝑒𝓃 𝓅𝑒𝓃𝓈𝒶𝓃𝓉 𝓆𝓊𝑒 𝒸'é𝓉𝒶𝒾𝓉 𝓁𝒶 𝓂𝑒𝒾𝓁𝓁𝑒𝓊𝓇𝑒 𝒸𝒽𝑜𝓈𝑒 à 𝒻𝒶𝒾𝓇𝑒, 𝓅𝓁𝓊𝓉ô𝓉 𝓆𝓊𝑒 𝒹𝑒 𝓇𝑒𝓃𝑜𝓃𝒸𝑒𝓇 à 𝒸𝒽𝑜𝒾𝓈𝒾𝓇.

Certains jours, je l’observe discrètement. Elle est perdue dans ses pensées et je me demande quels songes se bousculent dans sa tête. Dans ces instants-là, son regard est absent, ailleurs. Habituellement rayonnante, elle me montre une partie d’elle plus sombre, plus morose, presque déprimée. Je ne la connaissais pas sous cet angle.

C’est notre fille, on a respecté son choix, même si nous n’étions pas heureux qu’elle ait acheté cette maison pour vous deux plutôt que de chercher à combattre la maladie. On t’en a voulu pour ça, parce que si tu n’avais pas été dans sa vie, peut-être qu’elle se serait battue plus ardemment. J’ai l’impression d’entendre la vérité pour la première fois depuis trois ans. Trois longues années passées dans le mensonge. Cette vérité est douloureuse, mais quelque part, elle fait du bien.

Je voudrais ressentir ce qu’elle ressent en ce moment. Je pensais que, le jour où je retrouverais Nadia, le bonheur serait la sensation qui me submergerait aussi. Il n’en est rien. De l’amour, je suis passé à une haine profonde pour ces personnes qui étaient une famille à mes yeux. J’ai envie de leur cracher au visage, de les malmener jusqu’à ce qu’ils me supplient d’arrêter et qu’ils me demandent pardon. Même là, je ne suis pas sûr de pouvoir cesser d’éprouver de la colère à leur égard. Je me dois de rester fort pour Léa, parce que c’est la seule personne qui ne me déçoit pas dans ce monde de tarés.

Pourquoi perdre son temps à enquêter sur une personne qui est en sécurité quelque part ? Sans doute m’ont-ils fait passer pour un petit ami trop présent qui la harcelait ? Ils ont pu raconter tellement de choses à mon sujet pour me discréditer et m’enlever la possibilité de voir celle que j’ai toujours aimée.

Je pense qu’il est jaloux et sur ce point, je le comprends totalement. J’ai la chance d’être allongé aux côtés de cette superbe femme et, lui, doit passer ses soirées seul. Mais en tant qu’ami, il devrait être ravi pour moi, pour nous. Après tout, Nadia aussi est son amie.