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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cela fait plusieurs années que ce roman dort dans ma PAL. Il s'y était retrouvé car j'avais lu pas mal d'avis positifs à son sujet mais j'étais réticente à me lancer dans cette lecture. Il faut dire que « Caresser le velours » compte pas loin de 600 pages, un sacré pavé. Finalement, cette brique se lit très facilement. C'était une lecture plaisante qui a indéniablement des qualités mais qui a aussi des défauts importants. Mon enthousiasme sera donc très modéré.

Dans ce roman historique, on suit le parcours sentimental de Nancy, une jeune écaillère d'huîtres qui va suivre une artiste de music-hall à Londres.
Le roman est découpé en 3 parties. A chaque partie correspond une femme et un milieu. Dans la 1ère partie, Nancy tombe sous le charme de Kitty, une artiste de cabaret, la suit à Londres en tant qu'habilleuse. Cette partie est la plus réussie du roman. J'ai beaucoup aimé être plongée dans le monde du music-hall londonien de la fin du 19ème siècle. J'ai eu le sentiment que cet aspect était plutôt crédible et documenté. J'ai également aimé l'évocation de la découverte du sentiment amoureux du personnage principal. J'ai trouvé la peinture de cet amour naissant et la découverte de son attirance pour les femmes assez subtile et joliment sensuelle.
La partie suivante emmène le lecteur dans un tout autre milieu. Après avoir vécu de la prostitution, Nancy vit maintenant avec Diana, une femme de la haute société qui fait de la jeune héroïne une femme entretenue qui n'est finalement rien d'autre qu'une servante à sa disposition. Si je trouve intéressant de pointer du doigt l'attitude de la haute société vis-à-vis des classes populaires, Diana considère Nancy et ses autres servantes comme sa propriété, quasiment comme des objets, je n'ai pas aimé cette partie du récit. J'ai trouvé que la critique manquait de finesse, le propos est un peu lourd et surtout cette partie est longue et assez ennuyeuse. de plus, je trouve que l'auteure ne parvient pas rendre crédible l'emprise de Diana sur Nancy.
Enfin, la dernière partie va faire découvrir à Nancy le monde ouvrier et les luttes sociales à travers le personnage de Florence, une militante très engagée politiquement. Cette dernière partie est plaisante, notamment dans l'évocation des luttes sociales de l'époque et je trouve qu'il est toujours nécessaire de rappeler les très dures conditions de vie et de travail des petites gens du monde ouvrier.

Mis à part au cours de la 2ème partie, je ne me suis pas ennuyée au cours de ma lecture. le roman est globalement plaisant. L'aspect historique est plutôt bien rendu et le côté romance se lit avec une certaine impatience de voir ce qu'il va advenir. C'est fluide, ça coule tout seul. Mais, j'ai vu un défaut majeur dans ce roman qui m'a empêchée de m'y immerger pour de bon. Je n'ai jamais cru aux personnages et tout particulièrement à celui de Nancy. A aucun moment, je n'ai eu l'impression que Nancy existait, je n'ai jamais perdu de vue que j'étais en train de lire une histoire, jamais Nancy n'a pris vie à mes yeux de lectrice. du coup, il y a eu tout au long de ma lecture une sorte de distance entre le roman et moi, ce qui m'a interdit toute véritable implication émotionnelle. J'avais envie de savoir ce qui allait arriver à Nancy, Sarah Waters a un talent de conteuse certain, mais peu m'importait que ce soient de bonnes ou de mauvaises choses, elle m'indifférait, je n'étais pas attachée à elle car elle ne me semblait pas réelle. du coup, la voir sombrer dans le sordide de la prostitution ne m'a pas été pénible, ce n'était qu'une péripétie parmi d'autres, je n'avais pas de ressenti particulier à cet égard.

Pour moi, se sentir impliqué émotionnellement est primordial dans la lecture d'un roman. Je veux m'attacher profondément au personnage principal ou bien le détester intensément en lui souhaitant le pire, je ne veux surtout pas ressentir de l'indifférence. Or, ici ça a été le cas. Je ressors donc très mitigée de ma lecture malgré les qualités du roman et de son auteure.
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Sarah Waters est une iconoclaste.
S'emparant du roman historique, et plus précisément du roman victorien, elle le revisite et le dépoussière à sa sauce, c'est-à-dire avec une bonne dose de stupre et de crudité...
... sans pour autant sacrifier l'élégance de sa plume !

"Caresser le velours" est le premier roman de l'auteure galloise, mais on y trouve déjà certains de ses thèmes de prédilection, récurrents dans son oeuvre : l'amour lesbien, la condition féminine et ouvrière dans la société anglaise de la fin du XIXème siècle, la rencontre entre jeunes filles naïves et séduisantes manipulatrices...

Nancy mène une vie simple et paisible dans un petit port du Kent, où elle travaille dans le restaurant familial, en tant qu'écaillère. Sa passion pour le music-hall la mène régulièrement sur les bancs de la salle de spectacle locale, où elle s'enthousiasme pour des artistes à la gloire plus ou moins éphémère. C'est là que sa vie bascule, le jour où elle assiste au numéro de Kitty Butler, qui, travestie en dandy, enchante les foules par sa jolie voix et son allure gracieuse.

Osant aborder l'objet de sa fascination, elle devient rapidement son amie, et finit par la suivre à Londres. Elle y sera son habilleuse. Plus que de l'amitié, c'est un véritable amour, et un intense désir sexuel, qu'elle éprouve pour Kitty. Mais doutant de sa réciprocité, elle le tait... du moins dans un premier temps.

Dans la capitale anglaise, Nancy fait l'apprentissage de l'amour et de la trahison, du succès et de la déchéance, vit quasiment plusieurs existences, qui la mènent des bas-fonds les plus sordides aux milieux grand-bourgeois, et vice-versa... Elle y rencontre des aristocrates perverses, des prostituées misérables, des militantes des droits civiques... Elle découvre et apprend à accepter son homosexualité, avec une sincérité touchante.

Au fil d'une action ininterrompue, mais que l'auteur prend son temps à dérouler -ceci dit, on ne s'ennuie jamais-, nous visitons ainsi en la compagnie de Nancy le Londres de Dickens, à ceci près qu'on y pénètre plus avant dans certaines alcôves, dans le secret de lits où le plaisir transcende la rigidité d'une morale puritaine et hypocrite, dans le recoin de portes cochères où se pratiquent d'inavouables commerces des corps.

Bien que l'on n'y ressente pas l'ambiance lourde et gothique dont Sarah Waters dotera certains de ses romans suivants, plus denses et plus complexes, ce premier titre est malgré tout l'occasion d'une lecture plaisante et singulière, et pose les jalons de ce qui fera la marque de son auteure.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Pour quelqu'une aussi intéressée que moi par le militantisme et l'histoire queer, j'ai lu très peu de romans LGBTQ* ou lesbiens, même parmi les classiques. du coup, une merveilleuse personne m'a offert son roman préféré : Tipping the Velvet / Caresser le velours de Sarah Waters. Comme l'intrigue se situe à une période que j'affectionne particulièrement, l'Angleterre Victorienne, j'étais ravie de découvrir ce livre et la langue employée, qui rappelle justement les oeuvres écrites à l'époque avec ce vocabulaire particulier, les longues descriptions qui nous plongent dans le roman et les détails qui nous permettent de connaître les personnages.

Sarah Waters réussi à créer des personnages qui sont relativement complexes et qui évoluent dans une société dont les règles ne sont pas à leur avantage : bien qu'elle soit beaucoup romantisée aujourd'hui, l'époque victorienne n'était certainement pas un bon moment pour être une femme (d'où le « Vintage Style not Vintage Values »). Évidemment cela se complique encore pour les personnages pauvres ou qui ne correspondent pas aux attentes de la société en terme de relations, mariage, etc. C'est ce qui va arriver à la narratrice, Nancy, qui raconte ce qui s'est passé dans sa jeunesse, en trois parties qui distinguent des facettes très différentes de sa vie où elle passe de la production d'huître familiale dans un petit village à un Londres riche, brillant et cruel avant de trouver sa place dans une maison plus humble mais plus humaine.

Si j'ai adoré découvrir l'univers et la langue de ce roman, j'ai eu beaucoup plus de mal avec le personnage de Nancy, ce qui a rendu la lecture parfois un peu laborieuse. Je l'ai trouvée soit incroyablement naïve soit insupportable suivant les moments de l'histoire, j'avais donc très peu de sympathie pour elle malgré les malheurs qui lui arrivent. J'ai globalement trouvé les personnages un peu caricaturaux et peu travaillés, à part Florence que j'ai adorée. J'étais rassurée de lire dans la postface de l'autrice, écrite en 2018 à l'occasion des vingts ans du roman, qu'elle reconnaît elle-même ces travers et les explique puisqu'il s'agit de son premier roman. Je tenterai donc probablement de lire d'autres de ses romans !

Mon avis est également à prendre avec des pincettes puisque Tipping the Velvet est une romance et que j'accroche assez difficilement aux histoires qui n'ont qu'une romance à me proposer, disons que j'ai besoin d'autres éléments. Si l'autrice profite de l'histoire pour mettre en avant une société qui porte plus d'attentions aux codes et aux apparences qu'au bien-être des personnes et à la solidarité, la romance est tout de même l'élément principal ici. Si c'est un genre que vous affectionnez particulièrement, nul doute que vous y trouverez votre compte – la personne qui me l'a offert par exemple, l'adore.

Je suis en tous cas ravie d'avoir découvert cette autrice !
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Sans doute est-ce parce que je sortais d'Indésirable, autre roman de Waters, que j'ai été quelque peu déçu par celui-ci. L'écriture est toujours très bien, les personnages bien campés, les situations originales et bien traitées, ce n'est pas la question. Mais la maîtrise de l'auteur n'est pas aussi virtuose que dans son roman de 2010, on note des maladresses dans le style (ou la traduction ?), dans quelques séquences convenues du type "elle sut alors que sa vie ne serait plus jamais la même" et dans la construction de l'intrigue ou certains éléments trop téléphonés tombent à plat.
L'auteur assume tout à fait le caractère picaresque de son intrigue et l'artificialité des retrouvailles de tous les protagonistes à la fin, pour peu que le lecteur l'accepte, n'est pas un problème. La faiblesse de la troisième partie comparée aux deux précédentes, en est un, par contre. Elle gâche l'ensemble en nous faisant terminer sur une note un peu plus terne que la flamboyance de l'histoire d'amour initiale et de la décadence morale de l'héroïne dans la partie intermédiaire ne font que mettre d'avantage en lumière. le sujet apparaîtra border-line pour certain, j'y ai vu surtout les aventures d'une jeune fille qui se laisse guider par son instinct et ses désirs dont chacun estimera qu'ils sont la preuve d'un esprit libre ou, au contraire, d'une âme aliénée par l'amour et la chair. le fait qu'elle soit lesbienne ne change pas grand chose à l'affaire et les ronchons à qui le gay-friendly font pousser des cris d'orfraie n'auront pas le plaisir de pouvoir adorer détester cette histoire de femme qui aime les femmes. Qu'ils aillent lire ailleurs.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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J'étais prête à aimer ce livre dès les premières pages. L'auteure a cette capacité incroyable, celle de tisser en quelques phrases tout un lieu, toute une époque, merveilleusement & complètement. Ça m'a happé pendant deux cents jolies pages -- puis tout s'est mis à dégringoler.

Au début c'est une histoire d'amour assez conventionnelle -- sauf pour le fait que ça se passe entre deux filles, à l'époque victorienne : Nancy travaille dans le restaurant d'huîtres de ses parents, dans un village côtier d'Angleterre, & elle tombe amoureuse de Kitty, une artiste de music-hall en tournée dans la ville voisine. Nancy devient l'amie puis l'habilleuse de Kitty, l'accompagne à Londres & découvre avec elle l'arrière-scène du monde du spectacle, se fignole peu à peu une vie d'adulte & (on commence à s'en douter) vit avec Kitty une grande histoire d'amour secrète. Ce serait banal (je me relis, en fait, & ç'a même l'air un peu convenu) s'il n'y avait pas la description si parfaite de l'univers dans lequel les deux filles évoluent, Londres dans la deuxième moitié du XIXe siècle & les coulisses du music-hall, les petites pensions tristes en bordure de la ville & les visages badigeonnés de maquillage. C'est magique, il y a pas d'autre mot.

Mais évidemment Nancy doit passer par quelques déceptions avant la fin du roman &, suite à une grande tragédie personnelle, sa vie part en vrille. Littéralement. J'ai presque abandonné le livre vers la moitié, en fait, parce que ça devient tellement volontairement tordu & pseudo-choquant que c'en est ridicule. Ensuite ça redevient lisible, mais à ce moment-là Nancy a été tellement ballotée par l'auteure que j'ai eu l'impression qu'elle en avait perdu à peu près toute personnalité.

Bref. Bon début, jolis mots, grande déception. Je lirai autre chose de Sarah Waters, sûr sûr sûr, parce que 'Tipping the Velvet' c'est son premier roman & qu'elle a sûrement fait mieux depuis.

Trois étoiles juste pour la plume, qui a quelque chose d'extraordinairement évocateur.
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Cela faisait très longtemps que ce livre était sur ma LàL et une première tentative m'avait fait goûter un incipit appétissant qui me promettait une bonne lecture. C'est donc avec gourmandise que je me suis enfin plongée dans cette lecture.

Surprise, le roman est très différent de ce que j'imaginais. Mais j'apprécie les surprises. La poésie des premières lignes ne tient pas tout le volume mais l'histoire reste étonnante, intéressante et, sachant que je lis souvent dans le bus, le décalage entre le bus bondé et les scènes érotiques franchement cocasse. Vous avez pas idée de ce que je suis en train de lire, chers voyageurs....

Pourtant, au terme de cette lecture, ne me reste que la sensation d'un sujet original exploité de manière plus traditionnelle, moins étonnante que je ne l'aurais imaginé. Je croyais me saisir d'un classique, j'ai juste lu un assez bon roman dont il ne me restera pas grand chose au final. J'ai eu beaucoup de difficulté à sympathiser avec les personnages, surtout Nancy qui a pour elle l'avantage d'être une curiosité. Mais qui m'est restée étrangère tout au long du récit.

Ce roman ambitieux a beaucoup de qualités et je le conseille tout de même, mais il n'est à mon avis pas à la hauteur de ses ambitions.
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