Ce roman est une machine littéraire mieux huilée que mon matos de labo. Il a la structure, le cadre, l'intrigue, etc. Tout ce qu'il faut pour tourner les pages et veiller la nuit, mais pas ce qui résiste aux années et demeure à l'esprit. Autrement dit, il n'a pas d'âme. Rien que l'essentiel. Mon essentiel à moi ...
C'est une bonne leçon d'architecture littéraire, de plot twist et de cadre. Un modèle féministe bien pesé. de quoi satisfaire mes appétits cartésien et politique (et nourrir ma propre structure de roman) mais sans plus. Mon penchant romanesque est resté sur le carreau, car le récit est :
- Très matérialiste : foule de faits, de gestes, d'objets nous bouchent les sens primaires. On croule sous le détail sensoriel. Ce qui rend l'immersion victorienne british très physique. Fait d'autant plus appréciable qu'on traîne souvent au milieu d'une bibliothèque insolite elle-même nichée dans l'aile sombre d'un mystérieux manoir...
- Malicieux : Trahisons, escroqueries et roublardises foisonnent dès les premières pages. Oui c'est délicieux, oui c'est bien trouvé. Si bien qu'on ne voit vraiment pas venir une giga-pirouette en particulier. Effet revigorant qui vous arrachera sûrement des Oooh et des Aaah
❄Peu (ou pas) sentimental : machinations obligent, on ne s'étale pas sur les émotions, on se demande même des fois si Maud et Susan en ont. Je les ai suivies comme 2 souris dans le beau labyrinthe de l'autrice, plus par suspense que par empathie. D'ailleurs, ce roman joue sur cette seule gamme : le suspense. Il est loin du roller-coaster émotionnel. Les autres états du coeur sont bien trop légers. Ce qui ne m'aurait pas gênée si l'autrice n'avait pas mis la romance entre Maud et Susan au centre de l'intrigue. Romance peu crédible, surfaite et pudique par dessus le marché.
- Pas si machinal que ça : la logique bien rodée faille vers la fin. Je ne peux dire pourquoi, mais l'incohérence des personnages a pointé là où j'en attendais le plus.
Et petit bémol personnel qui indiffère sûrement certain.e.s : le double temps de narration. Susan narre la 1ère et la 3ème partie au passé. Maud narre la seconde partie au présent. Ok pour le double point de vue, mais par pour le temps. Si ça avait pour but de rendre l'action plus palpable, c'est raté. À voir si c'est pareil en version originale... Bref, à lire si vous aimez les page-turners!
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