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Critique de Arakasi


David Hayden a douze ans. Il aime son père, shérif de la petite ville de Bentrock, sa mère, dévote femme au foyer, et les larges plaines verdoyantes du Montana où il a l'habitude de se promener à cheval, carabine à la main, pour chasser les coyotes. Il aime aussi Marie Little Soldier, une douce et belle squaw qui s'est occupée de lui depuis sa toute petite enfance. David est donc un enfant heureux, jusqu'au jour où il surprend par accident un abominable secret : des jeunes indiennes, dont sa chère amie Marie, auraient porté de répugnantes accusations contre son oncle Franck Hayden, le très respecté médecin de la ville et héros de la guerre du Pacifique. Non content de se livrer à des attouchements sur la personne de ses patientes sioux, l'oncle Franck en aurait même violenté quelques-unes et tout ceci dans le plus grand secret…

Terrible révélation pour un aussi jeune garçon, mais bien plus terrible encore pour son père, Wesley, qui se retrouve confronté à un choix cornélien : refuser de prêter foi aux témoignages des plaignantes ou emprisonner son propre frère – un emprisonnement que n'acceptera jamais le grand-père de David, le vieux Julian Hayden, richissime propriétaire de la région et monarque absolu de la famille Hayden. David n'a que douze ans, mais, avant que ce dramatique été de 1948 ne prenne fin, il sera définitivement entré dans l'âge adulte et aura perdu la majorité des illusions de son enfance, emmagasinant de sombres souvenirs qui continueront à la hanter bien des décennies plus tard.

Tant de force dans un si petit livre, ça vous donnerait presque envie d'en béer d'admiration… Avec des mots simples, crus et puissants – ceux d'un petit garçon trop vite muri par la fatalité – Larry Watson nous conte un bouleversant drame familial. le témoignage du jeune David est désarmant de réalisme et seule la fraîcheur de sa narration permet de rendre supportable la dureté des thèmes évoqués : viol, meurtre, racisme extrême ou ordinaire, perversité et cruauté des hommes quand aucun frein n'est mis à leurs mauvais penchants. Les autres protagonistes sont également très bien typés, particulièrement le père de David, Wesley Hayden, un personnage d'autant plus touchant qu'il n'est pas du tout montré sous un jour idéalisé : homme sensible mais trop conciliant, facilement influencé par les préjugés de son époque (les indiens sont paresseux, ils sont sales, superstitieux, ignorants, etc…), il saura pourtant affronter avec une étonnante dignité la situation, quitte à détruire à jamais la seule existence qu'il ait connu. Je ne saurais conseiller avec trop de chaleur ce superbe et ô combien poignant petit roman !

(J'en profite pour clamer une bonne fois pour toutes mon amour pour l'excellente collection Totem dont j'apprécie autant la ligne éditoriale que les choix d'auteurs : Larry McMurtry, Glendon Swarthout, Larry Watson, David Vann, Craig Johnson, Bruce Machart… Si tous ne m'ont pas fait planer, aucun ne m'a déçue, ce dont je remercie très chaleureusement les éditions Gallmeister ! Et longue vie au western littéraire !)
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