Ainsi, la chose la plus précieuse à faire est d'empêcher la population active et militaire de penser. Ainsi, les obstacles que les services d'approvisionnement, le personnel, etc., mettent en travers du chemin des troupes qui combattent sont une distraction très précieuse et maintiennent les commandants des bataillons et ceux des compagnies dans un état d'inquiétude permanent. Les armées où, dans un premier temps, tout se déroule bien puis où les choses se dégradent quand les circonstances se détériorent, ont plus de chance de craquer que celles comme les nôtres, plongées en permanence dans le chaos.
Vers 17 heures, le croiseur Fiji, situé près de nous dans le convoi, a envoyé un signal dont les interprétations ont été aussi diverses que "Je largue des grenades sous-marines à deux cent cinquante mètres" et "J'ai été torpillé et je rentre au Royaume-Uni". La seconde option s'est avérée la bonne. Le Fiji a accosté par ses propres moyens, emmenant à son bord des hommes de toute première importance des Opérations combinées.
J’ai engagé Paravicini pour qu’il fasse mon buste, lui qui a davantage besoin de nourriture que d’argent, pour 50 livres et quelques rations pendant qu’il travaille. Je doute qu’il n’obtienne jamais la pierre nécessaire ou qu’il le finisse; s’il y parvient, ce sera la seconde meilleure alternative à me faire empailler.
J’ ai donc donné les ordres nécessaires pour que les livres que je garde à l’hôtel Hyde Park soient envoyés à Piers Court. Au même moment, j’ai préconisé à mon fils de rentrer à Londres. Il semblerait donc que je préfère mes livres à mon fils. Je pourrais expliquer que les pompiers sauvent les enfants et détruisent les livres, mais la vérité est qu’un enfant est facilement remplaçable tandis qu’un livre détruit est perdu à jamais; et puis un enfant est éternel; mais surtout que j’ai un sentiment de possession absolu pou ma bibliothèque que je n’ai pas pour ma progéniture.
Gibraltar, mardi 15 octobre 1940
Arrivée à Gibraltar à 6 heures du matin. Les dix derniers jours étaient très pénibles. Nous avions lu tous les livres de la bibliothèque, bu presque tout le vin, fumé tous les cigares, et mangé la plupart de la nourriture. Les procès de cas de sodomie étaient le seul événement intéressant. J’ai défendu le marine Florence. Il a pris huit mois. Son compagnon de plaisir en a pris onze. Il s’en est bien sorti grâce à moi.