Ce recueil est constitué, non de nouvelles mais de discours, il n'y a donc pas vraiment de récit mais des voix disparates, des voix qui disent nous et on, des voix issues de communautés marginales, aux formes et à l'idéologie qui ne sont pas vraiment situées mais qui sont de résistances. Ainsi, parle en premier une troupe en pyjama, qui s'échappe vers un ailleurs qui ne soit pas celui de la déchéance impuissante de la maladie de la vieillesse. Puis les 16 autres prises de parole disent également le rétrécissement, les murs, les questions, l'avenir en cendres et les petites joies, le goût de la joie et des choses vues, senties, goutées, ces joies qui ont disparu ou qui sont en voie de disparition dans un monde qui a dépassé celui que l'on connait et qui a poursuivi sa folle et désespérante course aveugle.
Ces discours sont comme des balles de nostalgie et de divergences qui s'adressent à des puissants obscurs et sourds, docteur, journaliste, ministre, président. Ils racontent les pertes et les choix différents et évoquent d'autres paysages et d'autres voies, des rêves, des utopies, une barque en bois qui traverse le temps, un mur couvert de plantes volontaires.
Ces voix dont la parole est scandée, découpées dans la matière des mots que l'on sent choyés et pesés, qui ont de la matière dans le rythme, ont pris leurs armes contre l'ennui, le découragement, ceux qui parlent ne veulent plus signer les ordres de virement, et même sachant que « tout est foutu, ne peuvent s'empêcher d'espérer quand même ». Les sujets de désespoirs et d'espoirs tisent nos contradictions : dérèglement climatique, rêves mis en veilleuse, intégration des injections majoritaires, mais ces voix sont les petits cailloux qui grattent, qui restent dans la chaussure.
Un seul bémol, comme les thèmes se recoupent, si c'était à refaire, je ne lirais pas les textes à suivre, mais j'en savourerais un de temps en temps, le plaisir en serait davantage goutu et renouvelé.
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