J'étais malade. Tu sais d'où vient le mot "maladie" ? De "mal à dire". Le malade est celui qui a du mal à dire quelque chose. Son corps le dit à sa place sous forme de maladie. (...) J'aime cette idée parce qu'elle implique que si on arrive à dire, alors on ne souffre plus.
Le seul ennui avec la fin du monde, c'est que l'on ne peut la raconter à ses petits-enfants.
La route était détrempée et par endroits complètement inondée... Ton frère avait sept ans. Il était assis à l'arrière. Tu es née là, sur cette route, dans ce tas de tôle froissée. Ta mère a accouché à l'instant même où ton frère cessait de respirer.
Aucun humain n'a été conçu pour supporter la perte d'un enfant. C'est un oubli de fabrication. Dans le tour de passe-passe de cellules, d'atomes et de charges électriques qui constituent notre cerveau, il n'y a pas la connexion : "perte d'un enfant". Elle n'a jamais réussi à te dissocier de l'accident. Malgré elle, malgré toute sa volonté et ses efforts, tu représentais l'accident, la pluie, la forêt, ton frère. Elle s'est laissée mourir. Elle est restée allongée sur le plancher, sans manger, sans boire, sans rien. Moi, je sais pas comment j'ai survécu à tout ça. A toute cette colère à l'intérieur... Tu dois essayer de pardonner... Tu n'y peux rien. C'est comme ça.
- Pourquoi les humains vous représentent souvent avec cet accoutrement ridicule et cet outil à la main ?
- Parce qu'ils ont besoin d'images pour représenter ce qui leur fait peur.
Il y a en toi des abîmes d'où des forces insoupçonnées pourraient surgir.
Mais bien sûr...
...et t'entraîner avec elles.
Comment fait-on pour trouver tout ça ?
Il faut passer par où ? Commencer par quoi ?
Il faut passerla porte.
Je me souviens qu'il avait un mot à lui, rien qu'à lui... Quand quelque chose lui plaisait... il s'exclamait : "Alors ça ! C'est topomir !" C'était à lui. Un truc que les grandes personnes ne pouvaient pas lui prendre.
Faut dire qu'on a descendu pas mal de verres.
Je dirai une bonne douzaine selon les organisateurs et huit selon la police !