Je demandais :
— Me laissez-vous un peu de temps pour réfléchir ?
— Bien sûr, répondit-il aimablement.
— Ça vous ennuie si je garde mon arme ? ajoutai-je.
— Pas du tout. Et vous, ça vous ennuie d'attendre dans une cellule ? Il y a ici beaucoup d'équipement fragile que vous risqueriez d'éclabousser de votre sang si vous veniez à vous faire sauter la cervelle.
— Ce serait très frustrant, en convins-je. Je vous suis.
Il est étonnamment difficile de réussir un chantage. Tout l'art de la manœuvre consiste à faire croire à la cible que le mal qu'elle va faire (car, par définition, vous la forcez à agir au lieu de la convaincre) est moindre que le mal qu'entrainerait la révélation des secrets en votre possession.
La complexité des évènements incite à s’abstenir de toute intervention.
Complexité et simplicité.
Le temps était quelque chose de simple, et il l'est encore. Nous pouvons le diviser facilement, le mesurer, nous en servir pour organiser nos repas et trinquer à son passage. Nous pouvons le déployer mathématiquement, l'utiliser pour exprimer des idées sur l'univers observable, et pourtant, lorsqu'il s'agit de l'expliquer à un enfant avec un vocabulaire basique, nous échouons .
Pour l'essentiel, ce que nous savons faire de mieux avec le temps, c'est le perdre .
LE TEMPS PASSE TROP VITE. PAS DE DÉMARCHEURS, SVP.
Le temps n'est pas synonyme de sagesse , et la sagesse n'est pas synonyme d'intelligence.
"La clé d'une intimidation réussie, ce n'est ni de gueuler ni de jurer, mais d'exsuder cette confiance tranquille qui informe votre interlocuteur que d'autres gueuleront à votre place s'il faut en arriver là." (p. 197)
Le second cataclysme se déclencha durant ma onzième vie, en 1996. Je mourais comme d’habitude, m’enfonçant dans la brume tiède de la morphine, lorsqu’elle m’interrompit tel un glaçon qui aurait glissé le long de ma colonne vertébrale.
Elle avait sept ans et moi soixante-dix-huit. Ses cheveux étaient blonds et raides, attachés en une longue queue-de-cheval dans son dos. Les miens, du moins ceux qui me restaient, avaient viré au blanc neigeux. Je portais une blouse d’hôpital à l’humilité stérile et elle, un uniforme d’écolière bleu vif et un béret.
Il n'est pas plus grande solitude que celle d'un homme peut éprouver au sein d'une foule.
Tu parles des gens décents qui mènent une vie décente comme si ce n'était rien, comme si cela ne comptait pas. Alors qu'en fait, la décence, c'est la seule chose qui compte. Si tes théories te permettent de construire une machine qui rend tous les gens très beaux, mais que tu ne t'arrêtes pas pour aider une vieille mère à traverser la rue, je me fiche de tes exploits, monsieur le scientifique. Je me fiche que tu trouves un moyen de préserver la jeunesse éternelle, de faire disparaître la faim dans le monde ou de mettre un terme aux guerres nucléaires. Si tu oublies ça...(Elle frappa sur mon front de ses phalanges repliées.) Et ça...(Elle pressa sa paume sur ma poitrine) Quand bien même tu aurais sauvé le reste de l'humanité, tu serais mort à l'intérieur. Un individu doit d'abord être quelqu'un de décent et, ensuite seulement, quelqu'un de brillant.Sans ça, il n'aide pas les gens : il se contente de servir la machine.