Honor Harrington, tome 14.1 : Sans concession

Les batailles ne se gagnent pas toujours – ni même le plus souvent – en tuant tout le monde en face. Elles se gagnent à l’intérieur du cerveau et de la volonté de l’autre camp. Quiconque dispose des armes nécessaires peut tuer son ennemi. Le convaincre de se soumettre, d’obéir, sans le tuer, c’est beaucoup plus difficile.

Vingt-quatre grasers, chacun conçu pour percer un blindage du supercuirassé, percutèrent le VFS Hindoustan à l’instar de la colère de Dieu.
Ce fut comme écraser un chiot avec un semi-remorque.
En pire.

Un mort est une tragédie. Un million de morts est une statistique.

J’aimerais beaucoup voir la tête de Gogounov quand il s’en rendra compte, si ça arrive, songea-t-elle avec une satisfaction mauvaise. La seule chose qui me ferait plus plaisir serait qu’il ne s’en rende jamais compte en raison d’une crise précoce de décès aiguë.

Les Solariens avaient bel et bien tiré à nouveau. Tiré sur des vaisseaux incapables de manœuvrer ou de seulement bouger, qui se battaient avec frénésie pour évacuer les survivants de compartiments fracassés et de coques brisées. Des vaisseaux spécifiquement protégés par les accords de Deneb … encore un protocole interstellaire garanti par la Ligue solarienne.
C'est un crime de guerre, songea-t-elle. Non, c'est un autre crime de guerre.

Je suis sûr qu'il aimerait nous voir retourner en Zunker pour botter le cul des Manties qui ont aidé à l'humilier, mais même lui est peut-être assez malin pour comprendre que la sélection des cibles a pour but de frapper les Manties là où ils ne sont pas plutôt que de les affronter face à face.

- "Tout à fait", dit encore Hadju. Il retint un soupir en constatant que le commissaire ne remarquait pas la répétition. C'était une autre raison pour laquelle cette réponse était appréciable. Le nombre de fois qu'on pouvait la donner de suite avant qu'elle ne suscite une réaction était un baromètre efficace de la stupidité de l'auditoire.

Qui donc disait avant la Diaspora : "Un mort est une tragédie; un million de morts est une statistique" ? D'un point de vue intellectuel, je ne peux pas dire le contraire. Mais émotionnellement ?

C'était de son point de vue la bataille parfaite. Pas une seule victime manticorienne - au moins de ce côté-ci du terminus - en échange d'une victoire complète.
Alors pourquoi se sentait-il plus bourreau qu'officier de la Reine ?