La couronne des esclaves, tome 2 : Torche de la liberté (2/2)

- Vous pensiez vraiment que les Mesans - ou n'importe qui d'autre - laisseraient des explosifs nucléaires traîner dans la nature ?
- Un peu de silence tout le monde, demanda Anton. C'est … vraiment très délicat. »
Il entendit Victor prendre une inspiration soudaine - ce qui équivalait, pour quelqu'un d'autre, à crier : Mon Dieu ! La catastrophe est presque certaine ! Le Havrien savait quel expert son compagnon était en la matière. S'il admettait, lui, que le problème était … vraiment très délicat …
Les jeunes ne purent garder le silence complet. « Vous voulez dire … qu'ils peuvent savoir où ce truc se trouve ? chuchota Pritchard.
- À trois mètres près, normalement », dit Victor. Sa voix restait dépourvue d'inflexion. « À partir de là, ils ont plusieurs options, mais ils choisiront sans doute une des deux premières. »
Les yeux de Pritchard le fixaient, écarquillés et implorants. Le Havrien haussa les épaules.
« D'abord, ils peuvent envoyer un commando d'élite récupérer leur propriété, avec un tas de flingues très gros, très destructeurs et très efficaces. Assez pour … (son regard balaya le sous-sol) ma foi, pour passer à tous les murs ici-bas une bonne couche de peinture fraîche, bien égale. De la couleur dite, en langage populaire, STC. Sang, tripes et cervelle. » Il adressa un très léger sourire à son jeune public attentif. Ce n'était pas une expression agréable. « Ou bien ils peuvent faire péter la bombe. cette deuxième option est un peu radicale, c'est vrai, mais il est possible que ça ne les dérange pas trop. Surtout s'ils devinent qui s'est emparé de cette saloperie.
- J'ai dû mal me faire comprendre en disant que c'était vraiment très délicat », intervint Anton, contrarié.

« C'est ma femme. Que cela te suffise. » Sa voix exprimait un ennui profond.
L'homme qui avait fait les avances initiales se cabra. « Dis donc, connard, tu … »
McRae, soudain, eut son pistolet à la main. Toujours assis, il logea une balle dans la poitrine de son interlocuteur. Comme ce dernier s'effondrait, il se leva d'un mouvement leste, aisé, et lui tira dans la tête. Deux fois. Puis il abattit le type de gauche et, enfin, celui de droite. Trois balles chacun. Une au milieu du torse, puis un doublé dans le crâne.
L'ensemble demanda à peu près trois secondes. Seule une de ses victimes eut le temps de porter la main à son arme, pas celui de la tirer. Quand ce fut terminé, le sol était couvert de sang et de cervelle, et la douzaine d'autres clients - eux-mêmes des durs - étaient choqués, blafards.
« Qu'est-ce que vous avez du mal à comprendre dans la phrase "c'est ma femme" ? » demanda le tueur. Il paraissait toujours s'ennuyer profondément.
« Ah, putain de bordel ! s'exclama Jurgen Dusk. Repasse moi ça, Chuanli. »
Il visionna l'enregistrement trois fois, cherchant … un détail qui ferait ressembler ce type à un être humain. Ou même à un sociopathe normal.
Rien.

Berry se posa la main sur la bouche pour retenir son rire. « Attends que je raconte ça à Hélène !
- J'aimerais mieux que tu t'en abstiennes. Et ça ne vaut pas le coup, de toute manière. cet ex-copain-là se classe bien près du bas de ma longue liste d'ex-copains dont je me souviens avec un chaleureux mépris. » Elle jeta un regard approbateur au Havrien. « Mais je n'ai plus de rancune, vu que Victor a fini par pulvériser ce fumier au pistolet à saguettes. »
L'intéressé eut un sourire poli, de la manière dont on sourit quand on est remercié d'un petit service rendu dans le passé. Tenir une porte sous la pluie, prêter une petite somme d'argent, massacrer un ex-amant, bref des attentions insignifiantes.

- Il est tout simplement impossible d'expliquer le comportement récent de Manpower à moins d'introduire dans l'équation d'importants facteurs non commerciaux. Ça vaut sans doute pour Jessyk et Technodyne, d'ailleurs, bien que nous n'en soyons pas encore sûrs. Mais, pour Manpower,, nous ne pas que la question se pose encore. Surtout quand on ajoute ces dernières données à celles que nous possédions déjà. une simple entreprise ne se conduirait pas d'avantage ainsi qu'un simple employé comme Ronald Allen. »
Havel se pencha en avant, planta les mains sur la table, gonfla les joues puis souffla. « Je veux bien être pendu.
- On le sera peut-être tous, dit Jeremy. Qu'est-ce qui se passe alors à votre avis ?