Alors, heureuse ?

"J'ai appris le réconfort. le réconfort qu'on éprouve à tendre la main aux gens qui vous aiment, à leur demander de l'aide et à réaliser enfin que je suis estimée, aimée, chérie, même si je ne descendrai jamais au dessous du quarante-six."

"J'ai ri un peu. La femme enfoncée dans le siège à côté du mien a risqué un sourire dans ma direction. Elle portait une de ces tenues qui pour moi symbolisaient le dernier chic des grosses : caleçon et tunique bleu pervenche avec des pâquerettes imprimées par sérigraphie sur la poitrine.
Un bel ensemble, pas donné mais fonctionnel. Comme si les stylistes avaient décidé qu'au dessus d'un certain poids une femme n'avait plus besoin de tailleurs, de jupes et de blazers, qu'il lui faudrait seulement des survêtements améliorés, et ils voulaient se faire pardonner de nous habiller en Teletubbies attardés en imprimant des pâquerettes sur le tissu. "
"Mieux vaut en rire qu'en pleurer, ai-je dit."

"Je me suis assise avec difficulté, puis je me suis traîné dans la salle de bains où j'ai allumé la lumière pour examiner la situation, ainsi que mon apparence.
Visage maculé de larmes, présent. Cheveux, châtain clair avec des mèches cuivrées, coupés au carré et ramenés derrière les oreilles, présents également.
Pas de maquillage. Promesse - enfin, réalité - d'un double menton. Joues rebondies, hanches, épaules arrondies, seins bonnet D, doigts boudinés, hanches épaisses, gros cul, cuisses solidement musclées sous une tremblotante couche de lard. Mes yeux paraissaient particulièrement petits, comme si ils essayaient de se cacher dans les plis de mon visage, et il y avait quelque chose d'avide, d'affamé, de désespéré dans leur expression."

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German m'écoutait et me comprenait. Il savait que mes paroles n'étaient rien d'autre qu'une tentative d'éclairer mes propres sentiments, et il me laissait faire.