- Vous devez penser que je suis la plus grosse imbécile du monde.
- Non madame dit-il très sincérement. Le plus gros imbécile du monde, c'est le type - le policier- que sa femme trompe avec le dentiste et qui ne s'est pas étonné de la lingerie toute neuve, ni de l'inscription à la salle de Gym, ni du fait qu'elle se balade subitement avec la bouche pleine de dents d'une blancheur aveuglante.
Ce sont des choses qui arrivent ajouta-t-il.
Dan Swansea reprit conscience dans le noir, incapable de se rappeler qui il était et où il se trouvait. Il porta une main à sa tête et gémit en voyant ses doigts couverts de sang. Puis, lentement, tout lui revint. Son nom.
Lorsque ma mère sautait en l'air, en tapant dans ses mains et en criant : "Allez, Jon !", tout son corps se mettait à remuer, et continuait de trembler même quand elle arrêtait de bouger. Les gens la regardaient. Les garçons de l'équipe adverse se donnaient des coups de coudes en rigolant, le doigt pointé vers elle, et Jon nous tournait le dos pour parler avec son entraîneur ou faire gicler de l'eau dans sa bouche et sur son visage avec sa gourde. Si ma mère se rendait compte qu'il l'ignorait, elle ne le montrait jamais.
Il était allé se coucher à dix heures, incapable de supporter une minute de plus sa propre compagnie, ni sa propre solitude.
Quand j’y repense, j’aurais dû avoir peur en entendant frapper à la porte. Ou au moins être surprise. Ma maison – celle qui m’a vue grandir – se situe dans le dernier virage d’un cul-de-sac à Pleasant Ridge, dans l’Illinois, une banlieue de Chicago de quatorze mille âmes avec des rues tranquilles, des pelouses bien entretenues et de bonnes écoles publiques. On rencontre rarement des piétons dans Crescent Drive. La plupart du temps, le seul signe de vie après dix heures du soir se résume au passage des phares sur le mur de ma chambre les jours où ma voisine, Mme Bass, revient de ses réunions de la Shakespeare Society. Je vis seule, et je suis généralement couchée à dix heures et demie. Quand bien même. Lorsque j’ai entendu frapper, mon pouls ne s’est pas accéléré, mes mains ne sont pas devenues moites. Quelque part dans mon inconscient, là où, selon les scientifiques, se trouvent nos souvenirs, j’attendais depuis des années ce « toc-toc-toc », ce moment où, me dirigeant vers la porte, ma main se poserait sur le cuivre froid de la poignée.