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Citations sur Le Roi des fauves (26)

De petits nuages roses coloraient l'horizon dentelé par les cimes. La rivière miroitait, encore couverte de fines écharpes de brume. A plusieurs centaines de mètres de là, un élan nageait dans l'eau froide. Totalement immergé, Ivar n'en voyait que la tête dressée, couronnée d'une gigantesque ramure. Le ruban gris se froissait derrière le majestueux animal et le garçon se trouva curieusement rasséréné par ce spectacle. Son monde intérieur pouvait s'effondrer, il resterait toujours de jolies choses. Il y aurait d'autres aurores, toutes aussi splendides que celle-ci, d'autres jeux d'ombres et de lumières. Même après sa mort, les bagues colossales de l'océan continueraient de s'élever et de retomber avec fracas. Dans cet univers gigantesques, il n'était qu'une étincelle, la flamme ténue d'une bougie - que le parasite allait souffler.
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- Dans le coin, quand les mômes sont pas sages, on les menace de leur faire avaler le lehring.
- Le quoi ? fit Oswald.
- Le maudit parasite qui prend possession de votre âme et vous change en bête enragée.
- Par tous les dieux, gémit Kaya, alors c'est comme ça... c'est un parasite.
- Combien de temps ça dure ? interrogea Oswald.
Ivar se taisait, mais écoutait de toutes ses oreilles. Leur survie dépendrait peut-être d'une de ces informations.
- Sept jours, répondit l'homme. Parfois plus. Parfois moins.
- Pourquoi ne nous ont-ils pas fait avaler ce truc dans les geôles ? Où on va, là ?
- C'est un rituel ancestral. Le lehring ne croît que sur la terre des fauves, l'ancienne province de Hadarfell. Plus personne ne vit là-bas. Ce ne sont que des ruines. Bref, je ne sais pas exactement comment ça marche, je ne suis pas un de leurs fichus sorciers, mais le lehring se gorge de la magie noire du lieu. Ils ont déjà essayé de créer des bersekirs ailleurs, mais les bêtes restent souvent idiotes. Leur âme s'envole et c'est tout. Ils se retrouvent avec des géants imbéciles, inutilisables pour la guerre.
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Des ruisseaux bordés de glace dessinaient des courbes scintillantes dans la plaine. Un pont moussu enjambait une rivière, non loin de là. Dans les pastels de l'aube, l'écorce d'un groupe de bouleaux paraissait argentée, et leurs feuilles chatoyaient en s'agitant dans le vent. Tout allait bien.
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Ses bottes s'arrachèrent à l'herbe. La jeune fille tendait les mains dans sa direction - puis son corps éclata, ses organes giclèrent de tous côtés en une explosion géante. Des projections rosâtres et molles éclaboussèrent Ivar.
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- Je t'attendrai, Ivar...
La lumière s'éteignit brutalement.
- ... dans les ténèbres.
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Ivar, plaqué contre le ravin, reprit sa respiration. Il avait survécu. Le pont tenait encore par un côté, lui sauvant la vie, mais son adversaire... Malgré lui, son coeur se serra de pitié. La pauvre bête n'était pas responsable de ce qui lui arrivait. Elle avait été un homme avant, peut-être même un garçon de son âge. Un garçon avec une famille, des amis, des animaux...
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La lueur grandit, se scinda et se multiplia. C'étaient des candélabres, des dizaines d'entre eux, qui flottaient dans les ténèbres, en suspension autour d'un énorme auroch.
Ivar s'approcha de la bête. Sa main intacte, vierge de toute marque, hésita au-dessus de la tête formidable. Doucement, il la posa sur le mufle velu.
- Je ne veux pas te combattre, murmura-t-il.
Il se rendit compte qu'il était sincère. L'auroch était magnifique, puissant et calme. Il ressemblait à l'image idéale de lui-même : une créature paisible, protectrice, solide. La bête incarnait ce qu'il y avait de meilleur en lui. Il l'avait façonné pendant son enfance, puis son adolescence, dans le secret de son esprit. Pourquoi l'avait-il rejetée ? L'animal était une projection de l'enfant qu'il était, de son innocence, le souvenir d'un paradis perdu.
- Je ne lutterai plus contre toi, promit-il. Je suis désolé, je n'avais pas compris. Je croyais que tu étais un parasite. Mais tu es moi.
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- Ce n'est qu'une bête. Il n'est pas en train de te reluquer.
- Reluquer, répéta la créature d'une voix rauque.
Les trois amis sursautèrent. Une ride de concentration était apparue sur le front étroit de l'oiseau. Ses bras frémissaient d'effort soutenu.
- Là ça devient carrément malsain !
- Mal...sain, répéta l'oiseau au bout de plusieurs longues secondes.
-Il y a encore un homme en lui, avisa Ivar, mais il est très loin.
Un hoquet souleva la poitrine du bersekir et il cligna des paupières. Puis l'étincelle d'intelligence qui avait éclairé avait disparu. L'oiseau se détourna pesamment réintégra l'ombre, son humanité ravalée dans les ténèbres de sa grande carcasse. Ivar se sentit étrangement déçu.
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- Tu ne dors pas ? demanda Kaya.
Son haleine se condensa en vapeur grise. Ivar haussa les épaules et ce simple geste le fit frissonner.
- Comment veux-tu ? J'ai trop froid.
- J'ai une bonne nouvelle, annonça Oswald.
- Tu as trouvé comment dévisser les barreaux ? demanda Kaya.
- Non, je crois que je suis en train de faire une pneumonie. Je vais mourir avant d'être jugé, c'est sûr.
- Mon pauvre, maugréa Ivar, tu es beaucoup trop malchanceux pour ça.
[...]
- Où nous emmènent-ils ? reprit finalement Kaya. On aurait déjà dû atteindre le château des Thorwalds, non ?
- On l'a dépassé, répondit Ivar, je crois qu'ils nous conduisent à Sigvar.
- A la capitale ?
Elle souffla sur ses doigts.
- On va être jugé par le Haut Roi ? Nous ?
- Qui d'autre ? intervint Oswald. Ils ont dépêché une escouade de Valkyries à nos trousses. Ils vont nous juger en grandes pompes. On sera exécutés sur la place publique. Sauf moi, bien sûr, puisque je vais mourir d'une pneumonie.
- Ne dis pas ça, coupa Ivar.
- Je regrette, Ivar, mais je tousse. Je sais que ça te touche, mais je vais trépasser.
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- Chut, ordonna le bouc avec douceur.
Seul un vague râle franchit ses lèvres.
- Approche, reprit le bouc.
Une impulsion atroce força le garçon à obéir. Le bouc souriait de toutes ses dents.
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