AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Wilderness (76)

Une goutte de pluie s’écrasa sur son visage. Une grosse goutte, pleine de la promesse du printemps et désormais souillée, également, par la fumée polluante de la guerre, car dans sa chute, elle avait traversé plusieurs nappes de fumée de poudre viciée. Des jours auparavant, elle s’était élevée du monde solide ici-bas, puis elle avait plongé. Dans sa chute en direction du monde vert sombre, ce signe avant-coureur d’une forte averse imminente s’était chargé de poussière, de paillettes et de particules de violence qui flottaient, invisibles, dans l’air sale comme de l’ectoplasme frissonnant.
Commenter  J’apprécie          160
Glenn passa la journée à se reposer et à fendre du bois pour l'hiver - une activité qui était pour lui une autre forme de repos, où il pouvait se perdre dans les mouvements faciles de ses bras. Lever la hache, la laisser retomber à l'endroit précis où il voulait qu'elle s'enfonce dans le bois avec un grand bruit sourd, puis libérer la lame, lever à nouveau la hache, la laisser retomber, et recommencer, sans cesse. Le bruit de la hache sur le bois était comme le battement du cœur de la saison elle-même.
Commenter  J’apprécie          141
Très loin, à des kilomètres de là, à l'intérieur des terres, un long hurlement étouffé, comme celui d'un loup solitaire, dans les basses terres, là où les loups ne venaient que rarement. Le vieil homme s'adossa au rocher, fronçant les sourcils, mais un curieux frisson lui picota la peau. Ce n'était pas un chant. Même si la lune, qui s'était levée, brillait d'un éclat argenté dans le ciel froid, ce n'était pas un chant. C'était un cri d'envie, de crainte, de douleur, tel que le vieil homme n'en avait jamais entendu venant d'un animal. La bête hurla à nouveau, la lune s'enfuit derrière un nuage comme si elle était pourchassée. Le hurlement se propagea dans toute la vaste forêt ondulante, résonna le long des cours d'eau dans les terres pour venir tomber doucement sur la mer sombre, laissant dans son sillage un silence soudain qui fut peu à peu comblé par les bruits de l'océan et du vent. Le chien se mit à geindre, puis à aller et venir autour de l'endroit où le vieil homme s'était étendu, comme s'il avait entendu quelque chose qui le perturbait beaucoup.
Commenter  J’apprécie          140
La fumée montait en grosses volutes noires visibles à des kilomètres à la ronde. Un cheval libéré d'un avant-train d'artillerie passa au galop près d'Abel en hennissant sur la route, la crinière en feu, les narines dilatées Alors qu'il le regardait passer, Abel chuta à nouveau. Le soleil s'était assombri, comme si la nuit était tombée sur le champ de Saunders, et lorsqu'elle tomba pour de bon, des heures plus tard, elle tomba lentement, mais avec une infinie pitié.
Commenter  J’apprécie          130
Regardez-les sur la route. Une route blanche sous un ciel bleu, qui s'étire au milieu des champs en jachère en direction des collines et des forêts vertes et luxuriantes sous le soleil printanier. Le peu de poussière que leurs pieds nus soulèvent forme des volutes qui viennent lécher l'herbe au bord du chemin et finissent par retomber après leur passage. Ils sont deux, un homme et une femme, des fuyards qui passent en contrebande, pleins d'espoir, et marchent vers le nord. Le visage de l'homme est plissé d'inquiétude et de douleur, ses mains, dans lesquelles les travaux des champs ont creusé des sillons, sont raidies et rugueuses. Cela fait quinze jours qu'il s'est émancipé, et l'odeur de sa peur, fétide comme celle d'une racine, se dégage encore des misérables plis de sa chemise légère. Il ne sait pas quoi faire, ni où aller. Autrefois, il s'appelait Dexter, mais ce n'est plus son nom désormais, et depuis une semaine, il marche en direction du nord, avec cette femme tranquille et prudente. La douleur qu'il porte en lui silencieusement depuis des années maintenant est rendue encore plus intense par le goût nouveau de la liberté et cette compagnie féminine.
Commenter  J’apprécie          130
Et puis, voici la puanteur d'une douceur écœurante des hommes et des chevaux en train de brûler, et observant tout ceci, et d'autres choses pires encore, vous devez vous demander : Y a-t-il déjà eu une guerre comme celle-là auparavant ? Cela s'est-il produit depuis que le monde est monde ? Et cela se reproduira-t-il ? Et bien sûr, vous connaissez la réponse, mais ce n'est pas une consolation.
Commenter  J’apprécie          120
À l’automne de cette année, un vieil homme partit à pied et s’enfonça plus profondément dans la forêt et plus haut dans les collines qu’il ne l’avait fait depuis sa jeunesse, quand sa vie était encore teintée de rouge et remplie de violence.
Commenter  J’apprécie          120
Dans le clair de lune, il vit son havresac sur le sol, près de la porte d'entrée, il le souleva et le balança sur son épaule. Son regard fit le tour de la petite pièce : la table, les placards et les chaises, l'énorme poêle et le placard à fusils, les petites figurines en porcelaine, des pierres ramassées, ainsi que d'autres bibelots sur les étagères, la couverture tricotée couvrant le bras d'un fauteuil poussé près du feu – tous ces objets autour de lui proclamaient la chaleur de l'âtre et du foyer, la vie et l'amour.
Commenter  J’apprécie          110
Ellen referma la porte de la pièce du fond et se rendit en silence avec Glenn dans leur chambre, où ils se déshabillèrent dans le peu de lumière qui tombait de la lune et des étoiles et qui filtrait à travers les rideaux de la fenêtre. Elle : pâle et blafarde dans l'obscurité. Lui : un éclat d'ombre et de chaleur. Ils s'enlacèrent en silence avant de mettre leurs vêtements de nuit - peau contre peau, pressés l'un contre l'autre sur toute la longueur de leur corps, leur bouche avide. En silence, mis à part le bruit humide de leurs lèvres et de leur langue, le frottement sec et frais du bout de leurs doigts sur leur chair. Ensuite, toujours silencieux et vêtus pour la nuit, ils se glissèrent sous les couvertures et se couchèrent tranquillement. Le doux murmure du vent passait par-dessus les avants-toits et ils l'entendaient courir entre les arbres de la forêt.
Commenter  J’apprécie          110
A sa grande surprise, elle s'aperçut qu'elle était lovée contre le dos du rebelle, une main prise dans ses cheveux sales et l'autre posée sur l'épaule de son bras blessé, comme si elle pouvait, par son simple contact, soulager la douleur de cet homme. Elle resta allongée sans bouger, attentive à la respiration du soldat, sentant son odeur - un mélange de fumée de poudre goudronneuse, de sueur rance, de terreurs anciennes et de cette effroyable puanteur de la guerre, qui imprégnait ses cheveux et lui couvrait la peau comme une fine pellicule de poussière.
Commenter  J’apprécie          110






    Lecteurs (678) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3230 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}