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Citations sur Wilderness (76)

De ses doigts forts, Ellen parvint à défaire les boutons de la chemise du vieil homme et elle eut le souffle coupé en voyant les meurtrissures aux couleurs diverses qui constellaient la poitrine du vieux soldat, les petites cartes que son sang avaient tracées, coagulées sous forme de crêtes dures épousant les contours des anciennes cicatrices blanchâtres : toute une vie de douleurs esquissée sur sa peau, laissée à l'interprétation de ceux qui étaient capables de lire une telle topographie.
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Le chien savait aussi qu'ils ne reviendraient pas. Il savait ces choses de la même façon qu'un chien connait bien le coeur de l'homme qu'il aime et comprend ce coeur encore mieux que ce que l'homme pourrait jamais espérer.
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Il n'avait pas de chapeau et ne portait pas de barbe,et il avait reçu une balle dans la gorge ; du sang noirci lui enveloppait le cou et continuait plus loin en un mince filet, comme une écharpe que lui aurait tricotée une personne à qui il manquait. Sa botte gauche était restée prise dans son étrier et son cheval était mort près de lui, son long museau posé en travers de la cuisse du cavalier. Autour d'eux, le sol était brun, les feuilles crépitaient de vie.
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Abel avait vu bien des hommes mourir ainsi et de pire manière encore. Des dizaines d’hommes. Des hommes dont le corps avait littéralement explosé, comme une vague sur un rocher. Il pensait à Gully Coleman. Il pensait à David Abernathy, et il faisait tout ce qu’il pouvait pour ne pas repenser a ce pauvre Ned.
Devenu un vieil homme désormais, assis au soleil pour prendre son repas, Abel se dit qu’avec une bonne concentration il était capable de faire revenir ces hommes dans ses souvenirs. Chacun de ces hommes qui étaient morts sous ses yeux et dont il connaissait le visage. Se les rappeler et les faire revivre, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce que dans son esprit seulement. Abel prit une profonde inspiration, sentant l’effet progressif de l'air frais en lui. Il se disait que s’il pouvait faire revenir ces hommes, il aurait bien des choses à leur demander.
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Cette nuit là, la lumière était telle que le vieil homme pouvait voir les ombres particulières que projetait chaque arbre sur la plage, et plus loin, sur l'eau, ainsi que sur les pierres gravées du promontoire. La forêt elle-même formait un bloc massif d'ombre noire, comme si cette forêt était une chose unique et non pas constituée d'innombrables éléments variés. Abel leva à nouveau le bras et sa main lui sembla étrangement luisante, tellement désincarnée qu'il se demanda s'il était encore un homme ou s'il s'était transformé en fantôme. Il se demanda l'espace d'un instant s'il n'avait pas été effectivement tué dans la Wilderness et si, toutes ces longues années, il n'avait pas été qu'une sorte de rêve.
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Et pour finir, ce bruit passait sur leur crâne avant de redescendre dans leur nuque et le long de leurs bras, comme la sensation qui lorsqu’une chose d'une importance capitale vient de se produire et que l'on commence à peine à se rendre compte qu'elle est réellement produite. Une chose accomplie de façon délibérée et sur laquelle on ne pourra plus jamais revenir, et dont l’accomplissement fait basculer le monde.Quelque chose, une grande action apparemment prédéterminée écrite d'un seul trait dans les nuages et les ténèbres, mais aussi dans le sang des vivants qui en sont les témoins et dans l'âme de ceux qui ont les yeux pour lire un tel langage.
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Dans le champ, les lignes de l'Union s'incurvaient et pliaient, des sections s'en détachaient et se précipitaient dans le vert profond des bois que la fumée assombrissait toujours plus. La Wilderness était remplie de cris, de hurlements et d’épouvantables éclats de mitraille. Dans le champ, l'herbe jaune était tondue par le métal brûlant qui sortait des armes à feu de part et d'autre. De petits groupes d'hommes ayant atteint les fortifications des Rebelles s'y battaient à coups de poing et de crosse. Quelques zouaves en uniformes voyants avec leurs taches de rouge et de bleu, décorés de jaune et aux guêtres maculées de boue, changèrent de direction pour les rejoindre et furent fauchés comme s'ils avaient été balayés par un vent aussi tranchant qu'un rasoir. Les couleurs vives de leurs corps se détachaient sur l'herbe. D'autres arrivèrent. Quelqu'un donna l'ordre, la section d'Abel et David se leva des fortifications, se mit à pousser des hurlements et chargea dans le champ à découvert. Derrière eux, dans la Wilderness, des lambeaux de fumée pendaient aux branches comme une étrange mousse...
... et si vous aviez été là pour voir cela, pour l'entendre, le toucher, le goûter et le sentir, c'eût été quelque chose. Oui, vraiment c'eût été une expérience d'être là ce jour-là. A cette heure-là. C'était la fin de quelque chose - ils le sentaient tous. Et le commencement de quelque chose d'autre. [...] Le champ de Saunders était un chaudron en ébullition, les arbres sombres qui le bordaient se balançaient et se heurtaient comme sous un grand vent, comme si quelque créature proprement monstrueuse rôdait entre les troncs tandis que des milliers de balles déchiquetaient leurs branches, tandis que les boulets de canon les démembraient. Dans de grands gémissements, leurs racines s'arrachaient du sol marécageux. Des colonnes de fumée s'élevaient, formant de grosses volutes sombres et le soleil s'éteignit. Des hommes tombaient dans le champ, des hommes tombaient sur les remblais rebelles, des hommes tombaient sur la Vieille Route de Pierres où une section d'artillerie de l'Union tirait dans les arbres et dans le dos de ses propres soldats. L'air lui-même était brûlé, et on entendait un rugissement incessant, comme celui d'une chaudière chargée jusqu'à la gueule et chauffée à blanc. Des éclaboussures rouges sur l'herbe, des taches rouges sur la route.
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Le chien était sorti de la forêt par une nuit froide, quatre ans auparavant (…)
Le chien vint à lui dans la lumière couleur de miel qui provenait du feu, comme dans un rêve, comme une prière exaucée qu’il ne se souvenait pas avoir jamais faite, et il finit par s’asseoir péniblement près des flammes.
(…) Il appuya délicatement la patte sur le sol, comme s’il n’était pas sûr de pouvoir lui faire confiance. Hochant la tête, Abel le complimenta et le chien resta à le regarder un long moment. Puis il s’avança en boitant jusqu'à la porte entrouverte de la cabane, regarda Abel par-dessus son épaule et s’enfonça dans l'obscurité pour s’étendre près du lit de camp. Abel le suivit et referma doucement la porte pour se protéger du froid. Une fois couché, il laissa sa main pendre jusqu’à ce qu’il puisse entortiller autour de ses doigts la douce fourrure derrière les oreilles du chien. Cette nuit-là, il lui parla longuement et pour finir, juste avant de s’endormir, Abel respira profondément et dit :
- Que je sois damné si ça sent pas le chien mouillé ici.
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J’aime m’asseoir et regarder l’océan, le soir. La façon dont la marée se met à monter, les différentes couleurs que le soleil dépose sur la mer en se couchant.
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Elle a rêvé d'un feu de camp sur une plage aux ombres luisantes . Un tas de bois flotté, des flammes orange. Et tout au bord du monde, à l'ouest, une rognure d'ongle de soleil pour rougir l'océan.
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