Le temps était humide et malsain, et janvier nous amena une longue période de pluie. Ce furent là des moments bien pénibles pour moi, car je ne pouvais pas sortir. Passant toutes mes journées assise à coudre et à écouter la pluie tomber goutte à goutte du rebord du toit, je devins si nerveuse que le moindre bruit me faisait sursauter. Au surplus, la pensée de cette chambre fermée de l'autre côté du couloir commençait à me peser. Une ou deux fois, durant les longues nuits de pluie, je m'imaginai y entendre du bruit ; mais c'était évidemment absurde, et la lumière du jour parvenait à chasser cette inquiétante idée fixe.
Tandis qu'elle parlait, je regardais devant moi, et quand
nous arrivâmes à mi-chemin du couloir, je vis une femme qui s'y
tenait debout. Elle se dissimula aussitôt dans l'encoignure d'une
porte, et Agnès ne parut pas l'avoir remarquée. C'était une
grande femme mince, à la figure pâle, avec une robe sombre et
un tablier.
Mais, pour moi, depuis cette nuit où la sonnette avait retenti dans ma chambre, rien ne fut plus jamais comme avant.