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L'intuitionniste » est le premier roman de
Colson Whitehead initialement paru chez Gallimard en 2003. Il vient de paraître dans une traduction entièrement révisée chez Albin Michel et la 4ème de couverture annonçant un roman original a éveillé ma curiosité.
Difficile de situer exactement l'intrigue dans le temps et dans l'espace. le récit semble se dérouler à New-York à l'époque de la ségrégation raciale, bien avant les droits civiques.
Lila Mae Watson est la première femme à occuper le poste d'inspecteur des ascenseurs. Et la première femme afro-américaine.
Le corps des inspecteurs d'ascenseurs est divisé en deux clans: les empiristes et les intuitionnistes qui « ressentent », « devinent » l'état des ascenseurs qui leur sont assignés. L'intuitionnisme est nouveau et controversé malgré de meilleurs résultats. Mais les inspecteurs intuitionnistes ont rapidement gagné en légitimité car leur taux de réussite est de 10 % supérieur à celui des empiristes.
Un des ascenseurs d'un prestigieux immeuble que Lila Mae a inspecté, s'écrase en pleine campagne électorale, un jour de visite du maire. C'est en effet une année électorale pour la Guilde, opposant le candidat intuitionniste Orville Lever à l'empiriste Frank Chancre, qui fraye avec des gangsters et semble prêt à tout pour remporter les élections.
Aurait-elle mal fait son travail ou a-t-elle été piégée ? Lila Mae est le bouc émissaire parfait.
Elle entre dans la clandestinité pour mener son enquête pénétrant ainsi un monde de rivalités et de complots. Elle découvre que le fondateur de l'Intuitionnisme, un génie visionnaire, aurait mis au point une « boîte noire » qui pourrait révolutionner le monde.
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L'intuitionniste » est un roman à plusieurs niveaux ( plutôt logique pour un roman qui traite d'ascenseurs) mi-thriller, mi-roman philosophique qui aborde les questions de race, de politique et de société.
Si la quantité d'informations techniques sur les ascenseurs m'a souvent un peu perdue, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
Colson Whitehead joue avec brio des codes du roman noir et si son allégorie semble parfois un peu lui échapper, on lui pardonne d'autant plus facilement qu'il s'agit d'un premier roman et que l'intrigue est bien ficelée.