AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


« Le Blanc passe ses journées à essayer de vous tuer lentement, et parfois de vous tuer plus vite. Pourquoi lui faciliter la tâche ? Voilà au moins une chose à laquelle on pouvait dire non ».

Voilà ce que Cora, une jeune esclave, pense lorsque Caesar lui propose de s'échapper avec lui de la plantation Randall, dont le maître ignoble use et abuse de brimades et de tortures en tout genre.
Mais une horreur de plus, et finalement, elle dit oui.
Les voilà partis à travers les bois de la Géorgie, poursuivis par un homme dont la vocation est de reconduire en enfer les fugitifs : Ridgeway, le chasseur d'esclaves. « La terreur était déjà à leurs trousses, comme chaque jour à la plantation, et elle avançait à leur rythme ».

Nous sommes au 19e siècle, les Etats du Nord de l'Amérique ont aboli l'esclavage, mais ceux du Sud rechignent, il faut dire que le Dieu Coton mène la danse, et pour le cueillir, les grands propriétaires ont besoin de mains. Sans les payer, évidemment.

Ce roman passionnant et fourmillant d'informations réelles retrace l'histoire de ces esclaves qui veulent s'échapper, loin de toute cette fange, de ces coups de fouets, de ces viols, de ces meurtres dont la plupart des Blancs font preuve, car « si vous arrivez à garder quelque chose, c'est que cette chose vous appartient. C'est votre bien : votre esclave, votre continent. L'impératif américain.
Si Dieu n'avait pas voulu que les Africains soient asservis, ils ne seraient pas enchaînés ».
Heureusement, des états du Nord est né un mouvement abolitionniste qui organise le « chemin de fer clandestin », un réseau de routes clandestines suivi par ces malheureux. de chemins en chemins, de maisons plus hospitalières en caves, en granges dissimulées, ils peuvent arriver au Canada.
Colson Whitehead y introduit une invention particulière, évidemment non réalisable à l'époque : un VRAI chemin de fer souterrain. C'est la seule chose qui m'a rebutée dans ce roman. Pourquoi cet auteur Afro-américain qui a eu la révélation du passé de son peuple lorsqu'il avait 8 ans en regardant la série télévisée issue du chef-d'oeuvre de Alex Haley, « Racines », a-t-il été imaginer quelque chose de tout à fait irréel ? Cela enlève du crédit au récit.

Mis à part ce « détail » importun, l'histoire met en scène des faits tout à fait réalistes ainsi que des personnages s'étant impliqué en bien ou en mal dans l'esclavagisme. L'atmosphère délétère de l'époque est bien recréée, y compris chez les pseudo-sympathisants des Noirs. le racisme ambiant contamine tout, et les esclaves et ex-esclaves eux-mêmes ne peuvent jamais se montrer tels qu'ils sont, par peur d'une dénonciation.

Vraiment, je recommande ce roman à tout qui veut connaitre les fondements de l'histoire américaine. La ligne de faille tragique entre les Noirs et les Blancs continue à suinter encore aujourd'hui…
Commenter  J’apprécie          6114



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}