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Critique de BillDOE


Denver Colorado, 1895, ils sont une bande d'orphelins qui ont investi une usine désaffectée. C'est leur refuge. Ils survivent de menus larcins et de débrouillardise. Cora et Sam sont les meneurs de cette troupe à la dérive. Un soir, un groupe de clochards les attaquent afin de prendre possession de leur abri. L'intervention d'un géant au faciès pour moitié défiguré les sauvera d'une déroute certaine, il s'appelle Goodnight, est muet et traine lui aussi une histoire tragique. Il entrainera involontairement Sam dans une suite d'aventures toutes plus féroces les unes que les autres et vers son destin.
Ils sont les raclures d'une société dévoyée. Leur ensauvagement n'est que le fruit de leur marginalisation par la communauté parce qu'ils ne sont pas les enfants d'un modèle social conventionnel, parce qu'ils ne remplissent pas les critères de l'Amérique blanche, parce qu'ils ne sont pas nés au bon endroit. Analphabètes, récalcitrant aux lois de la collectivité, ils vivent animés par la haine des autres mais aussi avec un farouche instinct de survie. Ils ont atteint le point de non-retour à tel point que la notion d'intégration provoque en eux un rejet violent. Ils foncent vers un avenir qu'ils ignorent, mais ce dont ils sont sûr c'est qu'il ne leur fera pas de cadeau. Ces laissés pour compte sont les héros du roman de Benjamin Whitmer, ce sont les « white-trash », ceux pour qui le rêve américain n'existera jamais. Ce sont les « racailles » de nos banlieues, ceux dont notre société occidentale a craché sur leurs parents et grands-parents, pour leurs origines, ou tout simplement par la peur ancestrale de l'étranger, de l'inconnu. Alors, pour toutes ces raisons, la bestialité de leur comportement s'explique, confrontés qu'ils sont à une société de consommation embourgeoisée, corrompue et ignorante, qui leur crache dessus quand elle ne les ignore pas, confrontés au monde adulte des « Crânes de Noeud » ainsi qu'ils les nomment.
Ils se sont réfugiés dans une micro société au sein de laquelle ils trouvent la sécurité, l'entraide et le pain nourricier, et où personne ne les juge.
Lorsque l'on a plus rien à perdre, la moindre parcelle d'humanité, un regard, une main tendue est un bien inestimable, mais il y a aussi ce vide abyssal qui attire vers des intentions malfaisantes et les actes les plus vils.
« Les dynamiteurs » est un roman d'une violence exquise, où la tendresse des sentiments est ensevelie sous une épaisse couche de haine et d'instinct de survie.
Traduction de Jacques Mailhos.
Editions Gallmeister, 388 pages.
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