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Critique de Darkcook


Après 950 pages de Karamazov, je me lance dans les nouvelles d'Oscar Wilde, afin de totalement changer d'atmosphère et d'enjeu... Je n'avais lu de lui "que" l'extraordinaire L'Importance d'être Constant (oui, la honte, je n'ai toujours pas lu Dorian Gray, mais ça viendra!) Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je retrouve sa malice! Avec en plus des commentaires admirables de Jean-Luc Steinmetz où l'on découvre plein de textes prometteurs de cette période!

Le Fantôme de Canterville : Je m'attendais à une nouvelle fantastique du XIXe siècle dans la veine de la Vénus d'Ille ou de la Cafetière, que nenni! C'est en effet une sorte de parodie, de détournement du genre, auquel on ne s'attend pas du tout! Dans une ambiance gothique à souhait comme on l'aime (l'atmosphère parfaite est d'ailleurs plantée avec un minimum d'éléments, comme chez Agatha Christie, mais encore plus concis!), une famille américaine, les Otis, achète Canterville House, un manoir anglais notoirement hanté. Alors que tout est fait pour que l'on croie au déroulement habituel de la nouvelle fantastique, c'est bel et bien le Fantôme de Canterville qui sera un des personnages les plus pathétiques de cette histoire : Chaque tentative pour lui d'effrayer les Otis se retournera contre lui, et vous aurez ainsi, contre toute attente, l'histoire du fantôme le plus looser de l'Histoire, ridiculisé encore et encore par les nouveaux habitants du manoir!

Mais il y aura un minimum de sérieux au milieu de cette nouvelle farcesque. Les passages avec Virginia sont touchants, et il y a de belles descriptions de la nature, typiques du romantisme et du XIXe siècle. Les piques De Wilde aux américains, sa parodie du fantastique et de l'aristocratie british rappelleront immanquablement l'humour formidable qui était aussi le sien dans L'Importance d'être Constant... Une très agréable lecture donc, comme souvent, avec Wilde!

Le Crime de Lord Arthur Savile : Parodie de nouvelle policière et de récit à la Docteur Jekyll et Mister Hyde, il faut cependant y souligner la qualité de l'écriture et l'incroyable traduction, là où le Fantôme de Canterville pouvait souffrir de phrases à rallonge... Il y a de très belles phrases et réflexions sur la condition humaine et le destin parmi les réflexions du protagoniste Lord Arthur Savile. Ce monsieur, lors d'une soirée mondaine, se fait prédire son avenir par un chiromanicien, qui lui annonce alors, terrifié, qu'il va commettre un meurtre. Arthur n'a absolument pas la réaction attendue : Après une nuit de terreur où il se sent accablé par le destin et un avenir tout tracé impossible à empêcher, il va vouloir lui-même réaliser cette prophétie afin qu'elle ne le prenne pas au dépourvu et aussi pour qu'elle ne puisse anéantir son mariage à venir. Logique à la fois implacable et absurde qu'est la sienne, où on reconnaît bien l'humour De Wilde! Humour qui continue dans ses représentations ridiculissimes des mondains, que ce soit à la soirée du début, et dans d'autres scènes, ainsi que dans les tentatives de meurtres pitoyables qui vont être effectuées par Savile... Je ne dirai rien de la fin, mais l'imagination et l'humour De Wilde ne déçoivent pas!

Le Millionnaire Modèle : Fable beaucoup plus courte, très belle, sur l'argent et le paraître, où l'on sent énormément de reflets avec Dorian Gray (du moins je les devine, ne l'ayant pas lu). le personnage artiste peintre à l'amitié au potentiel sous-texte homosexuel renforce cette intertextualité, ainsi que ses discours sur l'art et la beauté. le protagoniste Hughie Erskine, jeune homme très beau mais fauché, doit épouser Laura Merton, mais le père de celle-ci exigera qu'il possède 10000 livres bien à lui. Un jour, Erskine rendant visite à un ami peintre, fait la charité au mendiant qui lui sert de modèle... Je ne dirai rien de la suite. La traduction, là encore, nous régale.

Le Sphinx sans secret : Lord Murchison conte au narrateur son histoire d'amour avec Lady Alroy, dont il ne put, et ne pourra s'empêcher de penser qu'elle possède un terrible secret qu'elle lui a toujours caché... Là aussi, très brève histoire, mais d'autant plus efficace, avec le thème de l'apparence cher à Wilde, une atmosphère et une écriture (et donc traduction) délectables.
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