Your game, my rules

Jusqu'au vertige. Tout se fige…
Puis c'est le déferlement des serments, des exigences, des morsures et des griffures, des coups de reins furieux et des baisers tendres. C'est l'amour comme une chute libre, comme un grand huit, où tout semble à la fois suspendu et accéléré, fluide et accidenté. C'est des gestes dont je ne sais pas si ce sont les siens ou les miens, c'est nos deux peaux qui ne forment plus qu'une. C'est un affrontement et une réconciliation, c'est une course égoïste et généreuse, alliant le grandiose à l'éphémère.
C'est la passion. C'est la vie même.

Mes mains effleurent ce corps, émerveillées. Mon nez s'approche du cou de Colin pour sentir son odeur virile, légèrement boisée. J'ai l'impression de le voir pour la première fois. Ses mâchoires carrées, sa bouche charnue, son nez parfaitement droit, ses sourcils épais. La finesse de ses traits, l'assurance de son sourire, l'intensité de ses yeux de fauve. Il est tellement beau ! D'une façon totale, absolue, douloureuse.

Tess Harper n'est pas seulement sublime, avec son visage de déesse et son corps digne d'un mannequin de chez Victoria's Secret. Ce n'est pas uniquement une amante hors pair. C'est aussi la femme la plus magnétique, la plus troublante, la plus énigmatique que j'aie jamais rencontrée. Son mélange de franchise et de secrets, d'assurance et de doutes, son sens de la repartie… Tout chez elle me déstabilise, m'irrite, mais parfois…
…parfois aussi, me plaît.

— Alors prenons le chemin le plus court, me répond-il de sa voix grave en me tirant vers le sien.
— Tu as peur de ne plus avoir de souffle si tu grimpes à pied, c'est ça ? le taquiné-je.
— La seule chose qui m'ait coupé le souffle dans cet hôtel, pour l'instant, c'est toi. Ça ne m'était pas arrivé depuis… longtemps. Mais ça n'empêche que je préfère quand même prendre l'ascenseur. Juste pour le plaisir de te voir traverser le hall du Peninsula en étant le seul à savoir que tu ne portes rien sous ta robe.

- Gigolo ? Demande-t-il en haussant un sourcil sans se démonter.
- Oui, ça fait partie de ma théorie à votre sujet.
- Vous avez une théorie à mon sujet ? Intéressant...
- Vous ne l'avez même pas encore entendu !
- Ce n'est pas votre théorie qui me paraît intéressante, c'est le fait que vous en ayez une sur moi, glisse-t-il avec nonchalance.
Bon sang, il n'est pas facile à déstabiliser, celui-là.

- Tess ? constate-t-il sans une once de de gêne. Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Je n'arrivais pas à dormir, réponds-je sans me démonter.
- Alors vous vous êtes dit qu'une bonne douche vous y aiderait, c'est ça ? Celle de votre chambre ne distribuait pas assez d'eau froide pour régler votre problème ?
- Une fois de plus, vous avez deviné juste, monsieur le producteur. Ce n'est pas fatigant, à force, d'avoir toujours raison ? me moqué-je en ouvrant la cabine de douche et en posant un pied à l'intérieur.

Colin se saisit de mon poignet et plonge ses yeux profonds dans les miens. Je me fige, troublée. Je n'arrive pas à savoir s'il veut m'attirer à lui ou au contraire me repousser.

Peut-être qu'il ne le sait pas non plus.

- Vous vous apprêtez à commettre une erreur, Tess. Et vous le savez aussi bien que moi.