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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman inclassable mais néanmoins incroyable et enthousiasmant.

Au coeur d'une ville ravagée, des centaines de démunis ont décidé d'investir une tour abandonnée. Cette dernière, nommée « la Torre de Torres », a été bâtie il y a longtemps déjà sur un tas d'ordures et abandonnée par son constructeur. Conduite sur l'initiative d'un jeune homme nommé Nacho, cette occupation n'est pas sans poser problème, tant sanitairement que socialement et politiquement. Et la petite société autogérée devra affronter nombre d'écueils : un déluge effroyable, la cohabitation avec les loups les rats et des crocodiles, des bandes mafieuses…
Si cette micro-société n'est pas idéale, loin s'en faut, elle suscite cependant la jalousie et l'envie, le dédain aussi. Ces indigents « Des dévastés. Au plus bas de l'échelle. Sicaires. Agresseurs au couteau. Assassins. Bandits. À la détente facile, au regard froid. Des impies, des sans-logis à la botte d'un éclopé », voilà comme ils sont perçus. Sous l'impulsion de Nacho, leur leader polyglotte et traducteur, handicapé et charismatique, une organisation se met en place pour apprendre aux jeunes et moins jeunes à lire, écrire et compter, à s'entraider pour améliorer leur quotidien, à trouver du travail. Et ça fonctionne.
Même si rien n'est jamais acquis, même si les épreuves divisent plus souvent qu'elles ne rassemblent, ce sont bien la volonté et l'espoir qui portent les espérances des dévastés.

Inspiré de l'histoire véritable de la tour de David, un squat vertical de Caracas, au Venezuela, J.J Amawaro Wilson nous livre un roman fantastique, dystopique et utopique, où l'humanité, la poésie et la culture se trouvent magnifiées et c'est si bon. Au fil des chapitres : des histoires, des légendes anciennes ou à venir, pour raconter les héros d'hier et d'aujourd'hui, des héros atypiques, avec leurs imperfections, leurs différences, leurs faiblesses et leurs injustices.

« un hommage aux marginaux »
Militant comme j'aime.

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« Ce sont tous des désaxés. Des ex-drogués. Des ex-alcooliques. Des malades mentaux. Des nécessiteux. Des infirmes. C'est ce que nous sommes. »

Les dévastés partirent à 600 et finirent bien plus nombreux. A leur tête Nacho l'estropié. Un boiteux qui les mena jusqu'aux portes d'un gratte-ciel abandonné de soixante étages dans la mégalopole de Favelada. Pour s'y installer ils durent chasser des loups puis faire face à un déluge, à des nuées de moustiques et à une armée corrompue. Leurs rangs ne cessèrent de grossir, la communauté ne cessa de lutter pour sa liberté dans un combat que chacun pensait perdu d'avance. Protégés par la figure tutélaire de Nacho, prophète malgré lui, ils s'obstinèrent, envers et contre tout. « Des dévastés. Au plus bas de l'échelle. Sicaires. Agresseurs au couteau. Assassins. Bandits. A la détente facile, au regard froid. Des impies, des sans-logis à la botte d'un éclopé. »

Une odyssée épique, picaresque, traversée par le souffle du réalisme magique latino-américain. JJ Amaworo Wilson, anglo-nigérian vivant aux États-Unis, signe un premier roman plein d'humanité, ambitieux et maîtrisé. Nacho, son frère Emil, le chinois qui n'en est pas un et tous les dévastés forment une galerie de personnages attachants aux personnalités et aux parcours complexes. On alterne les moments d'action, les échanges quasi philosophiques, les pauses méditatives et les intrusions d'éléments fantastiques. Ça pourrait tourner au foutoir mais c'est au contraire très structuré, parfaitement charpenté. On frémit, on sourit, on s'émeut, on pleure ou on souffre, on vit quoi !

Il y a bien sûr un petit quelque chose d'utopique dans cette improbable aventure. Mais les coups durs ont beau s'enchaîner, l'espoir demeure et force est de constater que le chemin des dévastés jusqu'à la terre promise de leur tour de Babel en ruine est un superbe exemple d'abnégation et de force collective. Un excellent premier roman, aussi abouti que surprenant.
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Utopia...En un lieu indéfini, le monde? ,le peuple des ordures se met en marche en quête d'un toit et, peut-être, d'un semblant d'avenir. À leur tête, Nacho coeur immense et tête bien faite sur un corps débile, enfant trouvé dans la boue de cette rivière qui sera, deux fois, son berceau ...
Ils vont occuper La Tour, symbole quasi phallique du pouvoir et y établir une sorte de phalanstère où tous les stropiats, les drogués, les truands, repentis ou non, vont pouvoir s'abriter et participer à la vie de la communauté. Certains vont pouvoir réintégrer l'activité de la mégalopole et tenter d'y gagner de quoi survivre, mégalopole où règnent les puissants qui vont, sans cesse , essayer de les détruire.
Obstinés et inventifs, diablement humains pour remettre en cause leur sauveur dès que quelque chose n'est pas à leur goût, ils vont, cependant, s'accrocher à ce "chez eux ", le seul qu'ils auront jamais connu. Aidé par quelques personnages hauts en couleurs, Nacho, renaissant mais plein de doutes, va les amener à une sorte de rédemption, rédemption qui ,dans sa forme, affadit un peu la fin de cet ouvrage puissant et prenant qui n'est pas sans rappeler, en plus allégorique, " La guerre de la fin du monde " de Vargas Llosa (ce qui n'est pas un mince compliment.
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Les Dévastés de JJ Amaworo Wilson m'a été envoyé par Babelio – que je remercie, ainsi que les Éditions de l'Observatoire – dans le cadre de la Masse critique spéciale littérature. le roman nous plonge dans un monde apocalyptique où, pour des milliers de personnes jetées sur les routes, l'espoir apparaît en la personne de Nacho Morales, un esprit libre et profondément humaniste.
Dès le début du roman, on fait donc la connaissance des « dévastés », une tribu d'écorchés vifs jetés par milliers sur les routes par la misère, les catastrophes naturelles et les conspirations politiques. Ils sont menés par Nacho Morales, infirme boiteux rendu penseur libre par son handicap. Poussé par son humanisme incommensurable, celui-ci est bien décidé à leur rendre dignité et vie décente. Tous investissent alors la tour Torres, imposant monolithe de soixante étages abandonné depuis plusieurs années, et s'y organisent pour vivre en communauté. On assiste donc à la naissance de cette société – la mise en place de leur fonctionnement, l'aménagement de leurs locaux, la création de leurs commerces – ainsi qu'aux obstacles et mésaventures qu'ils doivent surmonter pour continuer à vivre dans leur havre de paix. le roman s'impose alors comme celui d'une lutte pour la dignité. Les dévastés sont seuls au monde et ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et surtout sur ce Nacho Morales qui leur fait office de leader. Comme ils peuvent, ils tentent de faire face à la corruption du gouvernement et des puissants qui, au lieu de les aider, les menacent. Ils résistent pour conserver une vie décente et leur dignité durement retrouvée chaque fois qu'une embûche se dresse sur leur chemin.
Néanmoins, même si l'intrigue se corse parfois en ces occasions, j'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu de relief, souffrait de quelques longueurs. Il faut alors s'armer d'un peu de patience. de la même manière, j'ai eu un peu de mal avec certains choix narratifs. le récit est construit sur un système de va-et-vient dans le temps qui rend toute chronologie un peu complexe à reconstruire. L'auteur a aussi recours à des effets d'annonce un peu trop nombreux (dans le texte directement, mais aussi avec le sommaire présent au début de chaque chapitre) qui deviennent lassants à la longue et paraissent trop artificiels. Là encore, j'ai donc eu du mal à apprécier ma lecture car je suis restée focalisée sur ces procédés qui me dérangeaient.
À la lumière de ces éléments, il m'a semblé que ce qui importait plus que l'action dans ce roman, c'était son ambiance. D'emblée, le côté apocalyptique, fait d'extrême pauvreté, de catastrophes naturelles et de guerres successives, nous frappe et nous interroge. de plus, on ne sait pas réellement quand ni où se passe l'intrigue, ce qui la rend plus que probable dans un futur plus ou moins éloigné. Aucune indication ne nous permet de nous situer dans le temps. de même, il semblerait que l'histoire puisse se passer partout : les personnages sont hispanophones, français, allemands… tandis que les noms des quartiers peuvent aussi bien placer la ville au Brésil (où « Favelada » désigne un bidonville) ou encore en Afrique du Nord (« Fellahin » désignant un paysan en Égypte). Il est légitime alors de se demander si Les Dévastés ne sont pas une anticipation du sombre avenir de l'humanité.
Comme si notre dernier recours face à l'annihilation était la croyance, le roman convoque tout un imaginaire de mythes et de légendes. Il foisonne tout particulièrement de références bibliques suffisamment connues pour que même les néophytes en religion saisissent les liens : la Tour de Babel, le Déluge, les plaies d'Égypte… Pour autant, il ne s'agit pas d'un récit prosélyte en faveur d'une religion ou d'une autre, le rendant accessible à tout lecteur, quelle que soit ses croyances. On remarquera par ailleurs que les références convoquées sont issues de l'Ancien Testament, texte commun aux trois principales régions occidentales, et le sont au titre d'une référence littéraire comme une autre, en toute neutralité. le seul regret que j'aurais, c'est une impression que cet imaginaire a beaucoup incité l'auteur à résoudre les mésaventures de ses personnages par des deus ex machina (soit l'irruption d'événements un peu mystiques qui sortent de nulle part et remettent les choses en ordre) qui deviennent durs à croire au fil de leur apparition.
Même s'il m'a parfois donné du fil à retordre, Les Dévastés de JJ Amaworo Wilson est un roman assez poignant. Délaissant les grands rebondissements qui font la plupart des romans d'aujourd'hui, il nous plonge dans une atmosphère apocalyptique qui interroge. Il nous fait alors vivre une expérience de lecture assez intense qui nous reste longtemps en mémoire.
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Quelles inégalités subsistent, lorsque les frontières ont été abolies au profit d'une nation mondiale unique, et que les différences religieuses, linguistiques ou culturelles, ne sont plus vraiment considérées comme telles, car naturellement intégrées dans une société où le cosmopolitisme est la règle ?

La réponse se trouve à Favelada, cité imaginaire, sorte de glauque amalgame -avec ses bidonvilles, son atmosphère ultra polluée et ses amoncellements de déchets- des grandes métropoles du monde, où grouille une population aux origines raciales et ethniques multiples : c'est l'injustice sociale qui perdure, et l'indestructible frontière séparant les riches des pauvres.


C'est sous le terme de "dévastés" que l'on désigne ces derniers, dans le sombre univers où nous immerge J.J. Amaworo Wilson. Quelques centaines d'entre eux, sous la houlette de Nacho, jeune boiteux érudit, investissent, après en avoir chassé une meute de loups, un gratte-ciel décrépit de soixante étages, bâti sur une ancienne décharge à ordures, inoccupé depuis dix ans. le mastodonte d'acier et de béton, comme irradiant d'une aura tyrannique diffusée par les six-cents yeux que constituent ses ouvertures, devient ainsi le refuge de ceux dont personne ne veut, dépenaillés issus des quartiers misérables, ex-drogués ou ex-alcooliques, infirmes ou malades mentaux...

Une communauté s'organise, chacun apportant son savoir-faire et ses connaissances. Bientôt le building compte une école, une boulangerie, un salon de coiffure, et même un bordel... Des tours de gardes sont instaurés pour anticiper une défense en cas d'agression extérieure. Mais ces précautions se révèlent bien inadaptées au premier grand danger qui menace les habitants de la tour, sous la forme d'un interminable et puissant déluge... elles s'avéreront de même dérisoires lorsque le richissime Torre, se prétendant des droits sur la Tour érigée -illégalement- par ses ascendants, exigera l'évacuation des lieux...

Les dévastés tenteront bien de transformer leur refuge en forteresse, mais que vaut une armée d'éclopés terrorisés rien qu'à l'idée de tenir une arme, face à un attirail de guerre perfectionné et plusieurs centaines de soldats entraînés ?

Je vous laisse le découvrir à la lecture -que je vous recommande- de cette fable moderne et humaniste, qui tient à la fois de l'épopée, du récit d'anticipation et du roman noir, mêlant la violence au surnaturel, nourrie de références bibliques et mythologiques, mais aussi abreuvée de culture moderne. le récit, énergique et profus, est cependant limpide, l'histoire de ses personnages et son contexte étant enrichis d'incursions dans le passé nous éclairant sur les prémisses de ce monde certes inique et cruel, mais où surviennent parfois des événements providentiels -et du coup pas vraiment crédibles, mais tellement salutaires- qui rétablissent quelque peu l'équilibre entre les opprimés et leurs oppresseurs...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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