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EAN : 9791032903308
350 pages
Humensis (09/01/2019)
3.73/5   28 notes
Résumé :
Ils sont six cents, sans abri, sans pays et sans destin. Parias magnifiques, ils sont « les dévastés ». Leur espoir est porté par un homme, Nacho Morales. Polyglotte estropié, prophète athée, ce joueur d'échecs cultivé, qui conte des histoires pour faire comprendre le monde à son peuple, veut le mener jusqu'à la terre promise. Envers et contre tout, il a décidé de les établir dans la célèbre Tour des Torres, un gratte-ciel abandonné de soixante étages dans la mégalo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Commençons par une histoire extraordinaire.
Celle de la Tour de David à Caracas au Venezuela en Amérique du Sud. Construite entre les années 90 et 94, l'immense building avait pour ambition de devenir le Wall Street de la capitale vénézuélienne. Mais en 1994, suite à la crise financière, le chantier est mis en stand-by…et ne sera jamais repris !
Du haut de ses 45 étages, la tour devient petit à petit le lieu de résidence de tous les miséreux du coin. Devenu le plus haut squat du monde, la Tour de David finit même par voir fleurir de petits commerces en son sein, du coiffeur au dentiste en passant par le salon de beauté, et permet de loger environ 3.600 personnes à son apogée !
Évacuée en 2014, la tour reste aujourd'hui silencieuse tout en restant un symbole pour les millions d'habitants de Caracas.

Si l'on en parle aujourd'hui, ce n'est pas uniquement pour son côté démesuré et symbolique mais parce que la Tour de David est à l'origine du premier roman du britannique d'origine nigérienne J.J Amaworo Wilson.
Diplômé d'Edimbourg, globe-trotter avec plus de neuf pays à son actif de l'Égypte à la Colombie, l'auteur vit désormais aux États-Unis.
Les Dévastés, après avoir attiré l'attention de la critique suite à sa traduction en France aux éditions de L'Observatoire, est repris en Hélios, la collection de poche des Indés de l'Imaginaire. Mais que vient faire ce roman dans une collection dédié à l'imaginaire ?

Entre réel et imaginaire
Dans une mégalopole fictive du nom de Favelada, une immense tour abandonnée se dresse sur un lieu où l'on déposait autrefois des ordures.
C'est la fameuse Tour des Torres, haute de soixante étages et totalement abandonnée par les malfrats qui l'ont fait construire jadis.
Nacho, un boiteux amateur d'échecs et traducteur polyglotte à ses heures, emmène avec lui environ six cents miséreux, parias et autres indésirables pour occuper le géant de béton et en faire la demeure de ceux que la société refuse et auquel le monde a tout pris.
Ce sont les Dévastés : des drogués, des alcooliques, des putes, des anciens soldats, des réfugiés, des sans-abris, des estropiés… une communauté hétéroclite et fantasque qui va petit à petit transformer l'immeuble en une nouvelle société, un empire du système d'où chacun survit comme il peut, raccordé au réseau électrique et au réseau d'eau courante par des bricolages hasardeux.
Dès le départ, cette aventure commence sous le signe de l'irréel, de la fable mythologique, presque biblique. Pour conquérir la tour, Nacho et les siens doivent se débarrasser d'une meute de loups menée par un monstrueux loup à deux têtes, le Cerbère de la tour. Puis, peu de temps après avoir emménagé, les Dévastés doivent affronter des trombes d'eau, un Déluge qui va inonder la capitale et transformer la Tour des réprouvés en Arche des désespérés.
Avec sa plume acérée et son regard onirique, J.J Amaro Wilson transfigure les éléments romanesques du réel en une quête digne d'une véritable épopée fantasy, où les héros viennent de rien et de nul part. La bande de Nacho Morales a d'ailleurs tout d'une troupe imaginaire : le Chinois haut de 2 mètres et fort comme un boeuf, Trench et son éternel par-dessus, les jumeaux Hans et Dieter que l'on ne sépare jamais, la vieille dame et son chien à trois pattes qu'elle trimballe dans une brouette, le prêtre Don Felipe qui vit avec les dévastés sans en être un, Maria et son salon de coifur, Emil, le frère vagabond…
Cette troupe haute en couleurs personnifie le caractère hétéroclite des Dévastés et de la Tour des Torres où tout conflue : langues, nationalités, couleurs de peaux, professions, aspirations…
Les chapitres s'écoulant, l'histoire de Nacho se parsème d'autres histoires, d'autres fables sur les nombreuses guerres des ordures, sur les morts et les héros oubliés sur lesquels se sont construit la Tour. Comme le père de Nacho aimait conter des histoires à son fils, Wilson nous entraîne dans des aventures sanglantes où réel et imaginaires se mêlent, où l'on ne distingue plus les deux, où des fantômes rodent, où des enfants-soldats tuent et meurent, où les Dévastés affrontent d'autres Dévastés à l'ombre des puissants.

L'Utopie peut-elle survivre ?
Non content d'abattre les murs entre fiction traditionnelle et imaginaire mythologique, l'anglais parvient à mélanger utopie et dystopie.
Dans Favelada et les quartiers/villes qui l'environnent, la misère et l'injustice règnent, le gouvernement est violent, corrompu, impitoyable, les petites gens meurent dans l'indifférence et les Dévastés n'intéressent personne.
Pourtant au milieu de ça se dresse la Tour des Torres, lieu d'une utopie sauvage où la propriété n'a plus vraiment de sens, où les déshérités retrouvent un semblant d'humanité dans une communauté qui leur ressemble, qui s'édifie avec ses propres règles, ses propres alternatives.
Au sommet, un handicapé, un boiteux qui aime les échecs et qui s'est instruit auprès d'un père instituteur qui l'a recueilli tel Moïse entre les roseaux du Nil. Nacho devient un meneur naturel, personne ne l'a élu, personne ne l'a imposé, il est seulement posé là, dans cet immeuble où on lui fait confiance naturellement. Un immeuble et un nouveau peuple qu'il guide comme une figure biblique, n'hésitant pas à partir en pèlerinage à travers le désert pour sauver les siens, à remettre sa vie en jeu pour que vive l'utopie qu'il semble avoir créé sans en avoir conscience. Comme si, en réalité, les héros et leurs parcours se créaient de l'extérieur, à l'insu d'eux-mêmes, dans l'imaginaire des gens qui les entourent. J.J Amawaro Wilson couvre ses Dévastés d'une infinie tendresse, transforme les ordures qui les entourent en lieux fantastiques et poétiques, creusent la couche de saleté pour y dénicher le beau, le tendre, l'humain. Dans son monde dystopique où les frontières se confondent, où les nationalités s'embrouillent, où les langues se mêlent, une utopie tente d'éclore, une utopie que l'on sait voué à l'échec devant les puissants de ce monde, devant les Torres et leurs armes. Et pourtant, on rêve avec les Dévastés, avec ces gamins qui rêvent d'avoir une école et de l'électricité, avec ces gens qui veulent planter des arbres plutôt que mourir pour un patron.
De cette grande épopée, l'écrivain britannique en tire une leçon sociale, politique, culturelle et, finalement, humaine. En construisant des légendes, en rendant les miracles possibles, en refusant le désespoir, en convoquant Dieu parmi les miséreux.
Le résultat laisse ému et songeur le lecteur qui ne pensait pas vivre là une telle aventure.

Pépite cachée et véritable leçon de mélange des genres, Les Dévastés hybride utopie et fantasy, dystopie et roman social pour accoucher d'une histoire fabuleuse où le réel devient une fable.
J.J Amaworo surprend son monde et l'on en ressort définitivement plus grand.
Justaword.fr
Lien : https://justaword.fr/les-d%C..
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Un roman inclassable mais néanmoins incroyable et enthousiasmant.

Au coeur d'une ville ravagée, des centaines de démunis ont décidé d'investir une tour abandonnée. Cette dernière, nommée « la Torre de Torres », a été bâtie il y a longtemps déjà sur un tas d'ordures et abandonnée par son constructeur. Conduite sur l'initiative d'un jeune homme nommé Nacho, cette occupation n'est pas sans poser problème, tant sanitairement que socialement et politiquement. Et la petite société autogérée devra affronter nombre d'écueils : un déluge effroyable, la cohabitation avec les loups les rats et des crocodiles, des bandes mafieuses…
Si cette micro-société n'est pas idéale, loin s'en faut, elle suscite cependant la jalousie et l'envie, le dédain aussi. Ces indigents « Des dévastés. Au plus bas de l'échelle. Sicaires. Agresseurs au couteau. Assassins. Bandits. À la détente facile, au regard froid. Des impies, des sans-logis à la botte d'un éclopé », voilà comme ils sont perçus. Sous l'impulsion de Nacho, leur leader polyglotte et traducteur, handicapé et charismatique, une organisation se met en place pour apprendre aux jeunes et moins jeunes à lire, écrire et compter, à s'entraider pour améliorer leur quotidien, à trouver du travail. Et ça fonctionne.
Même si rien n'est jamais acquis, même si les épreuves divisent plus souvent qu'elles ne rassemblent, ce sont bien la volonté et l'espoir qui portent les espérances des dévastés.

Inspiré de l'histoire véritable de la tour de David, un squat vertical de Caracas, au Venezuela, J.J Amawaro Wilson nous livre un roman fantastique, dystopique et utopique, où l'humanité, la poésie et la culture se trouvent magnifiées et c'est si bon. Au fil des chapitres : des histoires, des légendes anciennes ou à venir, pour raconter les héros d'hier et d'aujourd'hui, des héros atypiques, avec leurs imperfections, leurs différences, leurs faiblesses et leurs injustices.

« un hommage aux marginaux »
Militant comme j'aime.

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Il est toujours difficile de parler d'un roman quand on a le sentiment d'être passé à côté et pourtant….. Je suis allée jusqu'au bout de ma lecture car je savais qu'il y avait dans ces mots, dans cette parabole, un fonds, une puissance mais, malheureusement, je suis totalement désemparée une fois arrivée à la fin.

A la manière d'un conte des temps modernes mais en reprenant des références bibliques ou mythiques, ce roman retrace l'arrivée, l'installation et la vie, dans une sorte de tour de Babel : la Tour de Torres à Favelada, dans un monde imaginaire inspirée des cités de notre monde, de laissés-pour-compte de la vie.

Alors c'est à toi d'aller à eux. Va à leur rencontre, va les voir dans leurs maisons qui puent. Bois leur café infâme. Assieds-toi dans leur fauteuil volé, comme tu t'assois dans le mien. Quelle importance si tu te retrouves avec une écharde dans le cul ? Regarde-les dans les yeux et écoute-les. Tu ne peux pas les aimer si tu ne les connais pas. Et arrête de les considérer comme un tout, comme s'ils avaient tous la même histoire. Ils ne représentent pas une espèce. Eux, c'est nous. (p140)

Ils sont plus de 600 ces dévastés, qui, pour des raisons diverses se sont lancés dans un voyage pour trouver une terre promise, un havre de paix, vivant de débrouilles, créant une cité dans la cité et grâce à Nacho Moralès, le guide boiteux et estropié, abandonné à la naissance mais qui garde foi en l'humanité, ils vont tenter de se reconstruire, de se réapproprier leurs vies.

Il y aura des guerres, celles du passé mais aussi celles qu'ils devront affronter pour garder leur territoire, il y aura des rencontres des démons, des loups, des bêtes à deux têtes, mais aussi de l'amour et de l'amitié.

Mais comme souvent, le lieu va susciter de la jalousie et des rancoeurs.

J'ai trouvé ma lecture un peu laborieuse, avec des allers-retours nombreux, des allégories, des références à la bible et à d'autres religions qui me sont restées hermétiques car je ne suis pas assez spécialiste.

L'auteur joue avec les noms et en fait des symboles comme Molotov Avenue, ses personnages deviennent des héros qui devront rendre justice ou punir, Nacho Moralès, un David des temps modernes face à un Goliath et ses puissants, qui devra faire preuve de courage mais surtout de force morale et d'intelligence

Il incarne le nouveau David, l'assassin de Goliath, qui retourna contre eux à force de ses ennemis – le poids de leurs véhicules, celui de leur arsenal – pour réussir à les détruire, pour débarrasser le monde d'un boucher doublé d'un tyran. (p393)

Difficile de classer ce roman foisonnant. Ni les lieux, ni l'époque ne nous sont connus. Il n'est question que d'humanité dans ce qu'elle a de plus noble parfois mais aussi de plus vil.

Je me suis perdue à plusieurs reprises, j'ai eu souvent du mal à me concentrer sur l'histoire et ses personnages même si je me suis attachée à Nacho, cet homme devenu un guide pour un peuple, à son passé, à son amour pour Susana, redevenant fragile face à elle.

Je pense que ce roman s'adresse à des lecteurs aimant les dystopies ou romans utopistes, peut-être suis-je trop dans le concret mais je ne me suis pas installée véritablement dans l'histoire même si je suis convaincue par la beauté de l'écriture, par l'univers que l'auteur a su créer, par les références utilisées et transposées mais que je n'ai sûrement pas toutes su comprendre.
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Les Dévastés de JJ Amaworo Wilson m'a été envoyé par Babelio – que je remercie, ainsi que les Éditions de l'Observatoire – dans le cadre de la Masse critique spéciale littérature. le roman nous plonge dans un monde apocalyptique où, pour des milliers de personnes jetées sur les routes, l'espoir apparaît en la personne de Nacho Morales, un esprit libre et profondément humaniste.
Dès le début du roman, on fait donc la connaissance des « dévastés », une tribu d'écorchés vifs jetés par milliers sur les routes par la misère, les catastrophes naturelles et les conspirations politiques. Ils sont menés par Nacho Morales, infirme boiteux rendu penseur libre par son handicap. Poussé par son humanisme incommensurable, celui-ci est bien décidé à leur rendre dignité et vie décente. Tous investissent alors la tour Torres, imposant monolithe de soixante étages abandonné depuis plusieurs années, et s'y organisent pour vivre en communauté. On assiste donc à la naissance de cette société – la mise en place de leur fonctionnement, l'aménagement de leurs locaux, la création de leurs commerces – ainsi qu'aux obstacles et mésaventures qu'ils doivent surmonter pour continuer à vivre dans leur havre de paix. le roman s'impose alors comme celui d'une lutte pour la dignité. Les dévastés sont seuls au monde et ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et surtout sur ce Nacho Morales qui leur fait office de leader. Comme ils peuvent, ils tentent de faire face à la corruption du gouvernement et des puissants qui, au lieu de les aider, les menacent. Ils résistent pour conserver une vie décente et leur dignité durement retrouvée chaque fois qu'une embûche se dresse sur leur chemin.
Néanmoins, même si l'intrigue se corse parfois en ces occasions, j'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu de relief, souffrait de quelques longueurs. Il faut alors s'armer d'un peu de patience. de la même manière, j'ai eu un peu de mal avec certains choix narratifs. le récit est construit sur un système de va-et-vient dans le temps qui rend toute chronologie un peu complexe à reconstruire. L'auteur a aussi recours à des effets d'annonce un peu trop nombreux (dans le texte directement, mais aussi avec le sommaire présent au début de chaque chapitre) qui deviennent lassants à la longue et paraissent trop artificiels. Là encore, j'ai donc eu du mal à apprécier ma lecture car je suis restée focalisée sur ces procédés qui me dérangeaient.
À la lumière de ces éléments, il m'a semblé que ce qui importait plus que l'action dans ce roman, c'était son ambiance. D'emblée, le côté apocalyptique, fait d'extrême pauvreté, de catastrophes naturelles et de guerres successives, nous frappe et nous interroge. de plus, on ne sait pas réellement quand ni où se passe l'intrigue, ce qui la rend plus que probable dans un futur plus ou moins éloigné. Aucune indication ne nous permet de nous situer dans le temps. de même, il semblerait que l'histoire puisse se passer partout : les personnages sont hispanophones, français, allemands… tandis que les noms des quartiers peuvent aussi bien placer la ville au Brésil (où « Favelada » désigne un bidonville) ou encore en Afrique du Nord (« Fellahin » désignant un paysan en Égypte). Il est légitime alors de se demander si Les Dévastés ne sont pas une anticipation du sombre avenir de l'humanité.
Comme si notre dernier recours face à l'annihilation était la croyance, le roman convoque tout un imaginaire de mythes et de légendes. Il foisonne tout particulièrement de références bibliques suffisamment connues pour que même les néophytes en religion saisissent les liens : la Tour de Babel, le Déluge, les plaies d'Égypte… Pour autant, il ne s'agit pas d'un récit prosélyte en faveur d'une religion ou d'une autre, le rendant accessible à tout lecteur, quelle que soit ses croyances. On remarquera par ailleurs que les références convoquées sont issues de l'Ancien Testament, texte commun aux trois principales régions occidentales, et le sont au titre d'une référence littéraire comme une autre, en toute neutralité. le seul regret que j'aurais, c'est une impression que cet imaginaire a beaucoup incité l'auteur à résoudre les mésaventures de ses personnages par des deus ex machina (soit l'irruption d'événements un peu mystiques qui sortent de nulle part et remettent les choses en ordre) qui deviennent durs à croire au fil de leur apparition.
Même s'il m'a parfois donné du fil à retordre, Les Dévastés de JJ Amaworo Wilson est un roman assez poignant. Délaissant les grands rebondissements qui font la plupart des romans d'aujourd'hui, il nous plonge dans une atmosphère apocalyptique qui interroge. Il nous fait alors vivre une expérience de lecture assez intense qui nous reste longtemps en mémoire.
Lien : https://lesmarquespagedunecr..
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Nous sommes dans un temps inconnu.
Un temps où le monde tel que nous le connaissons n'existe plus.

A Favelaba, ville imaginaire mais dont le nom évocateur permet facilement aux lecteurs d'envisager le décor, des hommes abandonnés de tout et de tous cherchent un abri. Anciens détenus, sans abris, prostituées, éclopés, estropiés, parias... Voici les Dévastés.

Ils trouveront finalement refuge dans un gratte-ciel, célèbre, appartenant à des gangsters et à des politiciens verreux. Une tour protégée par un chien à deux têtes...

Dans ce vase clos, une micro-société se recréé, portée par Nacho Morales, polyglotte, homme cultivé, prêt à tout pour protéger "son" peuple. Il leur apprend à lire, à écrire, à réfléchir leurs décisions. D'egal à égal.

De clins d'oeil bibliques tels que la tour de Babel au déluge, en passant par l'invasion d'insectes, jusqu'aux legendes antediluviennes comme le Cerbère, JJ Amaworo Wilson se permet de mélanger les styles et les tons avec une adresse peu commune. D'utopie en dystopie. de comédie en tragédie.

Il nous amène à réfléchir notre société et nos idéaux, sans forcing, avec cet humour déroutant et cette tendresse pour les faiblesses humaines.

J'ai été très intriguée par ce roman, puis de plus en plus bluffée par le travail d'écriture, par la liberté de ton et d'action. Un formidable moment d'évasion et de réflexion.
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critiques presse (1)
Actualitte
14 janvier 2019
Récit spectaculaire, au souffle aussi riche qu’inconfortable : les Dévastés, ce roman révolutionnaire et dystopique qui fait du bien.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Alors c'est à toi d'aller à eux. Va à leur rencontre, va les voir dans leurs maisons qui puent. Bois leur café infâme. Assieds-toi dans leur fauteuil volé, comme tu t'assois dans le mien. Quelle importance si tu te retrouves avec une écharde dans le cul ? Regarde-les dans les yeux et écoute-les. Tu ne peux pas les aimer si tu ne les connais pas. Et arrête de les considérer comme un tout, comme s'ils avaient tous la même histoire. Ils ne représentent pas une espèce. Eux, c'est nous. (p140)
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Il y a toujours des survivants. C'est pour cette raison que les histoires ne sont jamais uniquement racontées du point de vue du vainqueur. Il y a toujours un pauvre misérable qui en réchappe et qui transmet le récit de la résistance.
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Les dévastés se tiennent debout, assis ou accroupis. Ils patientent tandis que les flammes font d'eux des héros. Le feu confère toujours uen allure héroïque, la saleté disparaît à la lueur du brasier, leurs haillons aussi. Leur faim.
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Des collines alentour, les lumières des bidonvilles luisaient à travers la nuit comme un regard méfiant. Ces masures branlantes entassées donnaient l'impression de se réconforter les unes les autres. La rue qui serpentait jusqu'en haut de la colline était pavée, parsemée de fruits pourrissants, jonchée de flaques grouillantes de vermine. Des nappes d'eau huileuse se faisaient passer pour des fragments d'arc-en-ciel qui auraient chuté ici-bas. Les rues puaient, les rues pourrissaient, les enfants à la peau brûlée par le soleil couraient en tous sens, vêtus de tee-shirts trop grands et de chaussures trouées sans lacets, à la poursuite de quelques chiens squelettiques.
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Il se souvient d'un homme d'état qui, dans un moment d'inattention et sur le ton de la confidence, lui avait dit :
- Les ennemis se comportent comme les oignons. On en enlève une couche, on se retrouve devant une autre, plus épaisse, plus rigide. Les plus redoutables ennemis viennent de l'intérieur. On ne peut jamais se croire à l'abri.-
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