AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les maladies chroniques de la démocratie (7)

Mais la démocratie n'est pas finie, non plus, si l'on entend par là qu'il faudrait l'abandonner, qu'elle serait dépassée, ou qu'elle ne pourrait plus rien orienter, entre ses défauts et ses progrès, ses régressions et ses avancées - deux pôles assumés par ceux qui la défendent vraiment, qui donc aussi la critiquent, au nom de la démocratie même.
Pas finie, au sens où elle est défaillante et menacée, mais aussi parce qu'elle peut encore surprendre, inventer et orienter, et n'a pas dit son dernier mot.

p. 9
Commenter  J’apprécie          30
L'ultralibéralisme commence précisément en ce point. Il commence au point où, sous couvert d'une liberté individuelle de défendre des intérêts pris comme des absolus, on nie et on masque du même coup les dimensions de vie et de pouvoir qui sont aussi au cœur des échanges de biens et de travail entre les humains dans une société.
Cette réduction est un passage à la limite consciemment théorisé par des auteurs qui sont aussi les théoriciens de la dérégulation politique et ont théorisé de la sorte les deux pôles extrêmes du déni de l'interdépendance qui caractérise à la fois la mondialisation et l'individualisation, et cela alors même qu'elles sont le sommet des relations humaines.
On mesure l'enjeu. Il concerne toutes les relations, et on appelle à une politique, qui pourrait résumer le présent essai ou l'ouvrir sur son horizon le plus précis. Il faut donc donc revenir d'abord sur la mondialisation, et la manière dont les institutions (encore une fois) de la démocratie constituent une réponse, voire la seule réponse, au déni de l'interdépendance qui la menace, et avec elle la construction humaine du monde, avant de revenir sur les relations vitales et morales entre les êtres humains, d'une manière plus générale.

p. 217-218
Commenter  J’apprécie          20
C'est ainsi que le risque majeur de la mondialisation porte sur une conception des relations humaines qui concerne, non seulement les relations internationales, mais les relations les plus générales entre les êtres humains.
Quel est exactement ce risque ? Il ne consiste pas selon nous, à prendre au sérieux la relation économique entre les êtres humains. Il consiste au contraire à ne pas considérer cette relation comme une relation humaine complète, à part entière et aussi, si l'on ose dire, comme les autres.

p. 215
Commenter  J’apprécie          20
Le danger du racisme, lui aussi, ne concerne pas seulement les autres, ceux qui en sont l'objet, ou les victimes, mais aussi "soi-même" ou celui qui en est le sujet et qui s'en trouve aussi atteint, en profondeur.

Car, au fond, en quoi consiste cette maladie, vue de ce côté ? Elle ne consiste pas seulement à refuser aux autres toute complexité, toute liberté, toute individualité, toute ambivalence, toute vie.
Elle consiste aussi à se dénier soi-même toute négativité , tout problème, toute division intérieure, toute diversité, toute capacité aussi à se construire et à s'inventer, à se rassembler, et finalement là encore à se dénier toute liberté, toute créativité et toute vie. C'est le déni profond de l'ambivalence intérieure de tous les êtres, y compris de soi-même.

C'est la plus grave des maladies chroniques des êtres humains sans doute. Or, redisons le tout de suite pour prévenir tout malentendu, elle n'empêche pas seulement de reconnaître ses propres torts, de voir sa propre division, de lutter contre sa part sombre, ce qui est certes essentiel pour une vie humaine. Cette maladie, ce déni de la diversité intérieure, elle empêche aussi de voir ses plus profondes capacités, celles qui consistent à non seulement "être", mais à avancer, à créer, et à se manifester dans le monde non pas par une essence figée mais par une intervention constante.

Elle empêche à la fois cette lucidité ironique sur sa propre diversité intérieure, et cette invention de soi-même et des autres, qui va jusqu'à oublier, dans sa générosité, tout ce qui s'y oppose, parce qu'elle a d'abord consisté à lutter contre lui.

p. 172-173
Commenter  J’apprécie          20
Une amitié ou un amour n'est humain que d'être ce mélange de passion et de discussion ou plutôt des deux aspects de passion rationnelle et relationnelle, qui est un rapport à l'autre, mais aussi à soi.

p. 140
Commenter  J’apprécie          20
Mais il est certain aussi qu'un autre risque peut menacer la démocratie, qui fait l'objet aujourd'hui pour de nombreuses raisons d'une dangereuse recrudescence d'intensité, voire d'une crise "aigüe".

(...) C'est le mécanisme qui transforme la critique en soupçon, la critique locale en soupçon généralisé, la critique dans et en vue de la démocratie en soupçon sur la démocratie et contre elle. C'est le risque de mettre en cause les principes et les institutions mêmes de la démocratie, comme si elles n'étaient pas un cadre neutre et objectif pour encadrer l'ambivalence des relations humaines, mais comme si elles étaient elles-mêmes un acteur de ces relations que l'on pourrait et devait devait soupçonner de malveillance.
Ce mécanisme n'est plus de l'ordre de la critique, qui est nécessaire au renforcement même de la démocratie, mais bien du soupçon qui vient saper ce qui est le fondement même de la démocratie, le cadre commun qui permet la critique et l'accord.

p. 138 -139
Commenter  J’apprécie          20
Le mal chronique de la démocratie, ou si l'on veut la racine morale de tous les maux chroniques de la démocratie n'est peut-être pas celle que l'on croit.
Ce n'est pas une défaillance de la nature humaine qui exigerait son dépassement.
Mais c'est l'ambivalence intérieure de la nature humaine ou des relations entre les êtres humains qui pose la question de la capacité - ou de l'incapacité - des êtres humains non pas du tout à la dépasser, mais à l'accepter et à l'affronter, à en accepter l'existence et, en même temps, à en refuser les conséquences, à en contenir les effets.

p. 85
Commenter  J’apprécie          20




    Lecteurs (21) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    440 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}