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Critique de mauritsdarlow


Cette oeuvre est intéressante à plusieurs titres. Quoiqu'en en ayant étudié plusieurs langues au temps de la faculté de lettres —que je n'ai pas forcément retenues par la suite—, je ne me suis jamais posé certaines questions sur la nature des langues ou du langage de manière générale, et ces questions ont non seulement été posées tout au long des vingt-quatre chapitres du livre : elles ont aussi été répondues. À titre personnel, donc, je peux dire que cela m'a été fort utile de découvrir ce petit Catalogue des idées reçues sur la langue, de la linguiste Marina Yaguello, publié aux Éditions du Seuil (Points) il y a déjà un petit moment puisque la première édition est de 1998 (l'exemplaire auquel j'ai eu accès avait été imprimé en juin 2004).

Qu'est-ce qu'une personne qui, avec d'autres centres d'intérêts ou un parcours académique différent, et qui ne s'est pas forcément penchée à se renseigner sur les langues pourrait trouver dans ce livre ? D'abord, rassurez-vous, nous ne sommes pas devant une lecture compliquée, tant s'en faut. Si le lecteur a un tantinet de curiosité sur l'univers des langues, leur histoire et leur évolution, alors il apprendra quelques notions clé sur la linguistique : ce qu'elle examine, comment elle le fait, depuis quand, etc. Tout cela très succinctement et de façon assez claire.

Yaguello fit un super boulot avec cet ouvrage pour toutes ces raisons-là, mais également de par le fait qu'elle déconstruisit certains clichés qui ont la vie dure. Voyons seulement quelques-uns parmi eux : les linguistes seraient forcément des polyglottes (ou pire, ils séraient tous des puristes) ; la langue aurait un « génie » qui lui serait propre et qui ne changerait pas, voire très lentement ; il y aurait des langues plus importantes —toujours celles qui ont plus de locuteurs— par rapport à d'autres qui sont régionales ou minoritaires et qui sont dans cette condition car « moins aptes » à exprimer la modernité, etc. Une des idées centrales de l'oeuvre, d'ailleurs partagée par tout linguiste sérieux, est que n'importe quelle langue aura toujours la capacité d'exprimer tout, d'une façon ou d'une autre, et qu'aucune langue sera destituée de cette capacité naturelle à raconter le monde. Si les langues meurent aujourd'hui à pas de géant et avec elles les cultures qu'elles véhiculent, c'est une autre paire de manches... D'images d'Épinal sur les langues, le livre en regorge, il s'occupe d'en exposer une au début de chaque chapitre pour les déconstruire au fur et à mesure. Une à une, elles deviennent absurdes à nos yeux ou critiquables tout au moins.

Lorsque le lecteur ne s'y retrouve pas à cause de quelques termes plus techniques présents çà et là dans le texte, il peut les chercher dans le glossaire. Ils y sont tous.

Ce joli catalogue n'étant pas très gros (à peine 150 pages), la bibliographie placée en fin de volume tombe vraiment à pic. Elle contient des titres techniques tant en français (la majorité) qu'en anglais de Louis-Jean Calvet, Roman Jakobson, Claude Hagège, André Martinet, Ferdinand de Saussure, et j'en passe et des meilleurs.

Je donne seulement quatre étoiles et demi au lieu de cinq, parce qu'un livre comme celui-ci gagnerait à être tout de même un peu plus long.
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