Lip dance

Lap Dance d'Ycare (2010)

2010 me revient rétrospectivement comme une année qui est passée que je n'ai pas vue comme une arlésienne, mais qui compte pour moi. Je ne crois même pas tirer d'elle ce souvenir marquant des fiançailles de Kate et de William au Palais Saint James à Londres, je crois même que Kate ne s'appelait pas encore Kate mais Catherine, mademoiselle Catherine Middleton, la royauté britannique qui filait un mauvais coton était du même coup sauvée de bien des désolations .. la fiancée arborait le plus joli sourire qu'une femme puisse montrer, et que c'est passé au dessus de ma tête comme une abstraction majeure. Je n'étais guère loin mais en proie à un fort mauvais chapitre de ma vie qui me frappa de cécité sur la vie du monde entier, je crois même que celui-ci m'était détestable au plus haut point quand quelques signes du destin vinrent frapper à ma porte, mes yeux furent mi-clos pour commencer puis rayonnants de vitalité pour terminer l'année sur un grand coup de chance. 2010 fut mon année, comme une deuxième naissance !..

Il est des choses qui nous accompagnent dans les plus mauvais moments de notre vie. Nous sont-elles utiles ? On s'y accroche comme à un îlot de salut par des gestes plutôt mécaniques qu'autre chose car on sait très bien au fond de nous qu'elles ne vont en rien régler le désespoir et la dévastation qui s'abat sur nous et qui nous détruit irrémissiblement. On va dire la métaphore d'un rayon de soleil qui vient réchauffer notre coeur un court instant, ou plutôt la distraction passagère à un état de vacuité totale qui nous remet la tête dans l'eau sans plus tarder après un rêve illusoire. On aimerait y croire, mais on n'a pas la force d'y croire.

Alors cet îlot de salut si minuscule ou insignifiant fût-il pour moi en 2010 fut le premier signe palpable qui en annonçait d'autres plus probants dans le sens d'un rêve éveillé ou d'une réalité confuse, onirique, de former dans leur pluralité une allée d'étoiles qui devaient me conduire vers le bonheur recouvré. Allez on va se payer de mots, ce petit bonheur avant la lettre comme le seul que j'ai pu sauver de ma mémoire fragilisée fut de chanter avec Ycare sa complainte lancinante, si poétique :
« Dis-moi quand tu danses
À quoi tu penses
Est-ce que tu penses à moi.. »
Ce Lap Dance tube de l'été 2010 auquel je n'avais pas droit, je l'ai pris quand même . J'avais bien raison alors de n'attacher aux choses qu'un intérêt apparent, comme un signe du destin, dans le bon ordre pour l'un, inversé pour l'autre. Ycare s'est confié à son public par média interposé en 2022 que ces 20 années de succès sous les sunlights avec comme point d'orgue son Lap Dance furent en fait une route de galères, de griseries qui le conduisait à sa perte. Il n'était plus lui-même, il perdait ses repères : la spirale infernale. Sunday morning coming down !
« ..Ce métier, c'est dangereux
Plus il y en a
Plus on en veut .. »
Chante Charlebois ..

Ycare nous dit son passé perdu, pavé de bonnes intentions à la base, il nous racontait sa nostalgie, sa douleur d'un amour de jeunesse au Sénégal , le passé troublé d'un jeune libanais face à la vie, sa solitude qui angoisse. Il est poète, chanteur, musicien, danseur : Paris devient son miroir, son eldorado. Il charmera tout le monde avec son tube d'été. Aujourd'hui, sport, santé, poésie , lucidité, les pieds sur terre sauvent Ycare, le Y de son nom prend le pas sur le I..