Citations sur Musashi : La pierre et le sabre & La parfaite lumière (8)
Musashi avait parcouru la campagne en se consacrant à des pratiques ascétiques, en châtiant son corps afin de perfectionner son âme. Il était plus décidé que jamais à l’indépendance : si cela voulait dire avoir faim, coucher dehors dans le froid et sous la pluie, porter des haillons dégoûtants, tant pis. Dans son cœur il nourrissait un rêve que n’exaucerait jamais le fait de prendre un poste au service du seigneur Date, même si Sa Seigneurie lui offrait tout son fief de trois millions de boisseaux.
En eux la bataille avait déjà commencé car l'oeil peut endommager un homme plus gravement qu'un sabre ou un bâton. Une fois que l'oeil a opéré la première percée, le sabre ou la bâton pénètre sans effort.
Ce qui n’allait pas, conclut-il, c’était son immaturité. Son corps et son sabre ne formaient pas encore une unité ; ses bras avaient beau devenir de jour en jour plus robustes, son esprit et le reste de son corps n’étaient pas en harmonie. Avec sa tournure d’esprit portée à l’autocritique, cela lui faisait l’effet d’une difformité paralysante.
Il vit la vérité : les techniques de l'homme d'épée n'étaient pas son but il cherchait une Voie du Sabre qui embrassât toute chose.
Musashi ne donnait aucune adresse, et la lettre n’indiquait pas où il se trouvait. Mais il n’avait pas oublié la promesse qu’il avait écrite à Seijūrō et ses disciples, et avec cette seconde lettre le sort en était jeté. Il déclarait la guerre à la Maison de Yoshioka ; il faudrait se battre, et jusqu’au bout – en une de ces luttes à mort où les samouraïs défendent leur honneur et prouvent leur habileté au sabre. Musashi mettait sa vie en jeu, et défiait l’école Yoshioka d’en user de même. Le moment venu, paroles et astuces techniques ne pèseraient pas lourd dans la balance.
Et du matin au soir, ils ne parlaient qu'argent, argent. Ou encore travail, travail. Et ils se croient des être humains.