Citations sur N.P (26)
Malgré la force de l'amour, combien de choses sont restées non dites ! Des choses que nous n'avions ni le cœur, ni les moyens de transmettre, pas plus que la capacité de les recevoir ou de les comprendre.
j'ai éprouvé un profond intérêt à l'égard des mots qui, à peine exprimés, nous échappent. Outils qui renferment à la fois l'instant et l'éternité.
"Ici au Japon, tout est parfaitement en ordre, le bien et le mal sont définis une bonne fois pour toutes, et on se soucie constamment du regard des autres. "
p.122
Je suis capable bien sûr de me souvenir des conversations banales que nous avions à l'époque où mon père était encore à la maison. Je m'en souviens de façon presque palpable, et pourtant je ne sais plus comment renouer le dialogue avec lui. C'est comme quand on recommence à faire du patin ou du ski après une longue interruption : le corps ne suit pas.
Tu crois que je suis amoureux de toi ?
Arrête
On attendra l'automne pour y penser.
Oui, je préfère...On en reparlera à l'Automne
J'ai regardé Otohiko. Et les yeux brouillés de larmes, j'ai vu le ciel, la mer, le sable et le feu qui dansait. Tout s'est rué en moi à une allure vertigineuse, j'en avais la tête qui tournait. C'était beau ce qui s'était passé, si beau...D'une beauté violente, à en perdre la raison
Penser au décalage horaire, ça me fait toujours une sensation curieuse. & cette ligne téléphonique si ténue, si précaire qui nous relie, je la trouve particulièrement précieuse.
On tombe amoureux, on se sépare ou la mort vous sépare, et à mesure que les années s'accumulent, tout ce qui défile devant soi finit par paraitre interchangeable. On n'arrive plus à distinguer le bien du mal;,à juger de la valeur des choses. simplement, on a peur de voir se multiplier les mauvais souvenirs. Alors on voudrait que le temps s'arrête, que l'été ne finisse jamais; soudain, on devient lâche.
Un jour - il y a longtemps de cela - j'étais allée me promener au jardin botanique près de chez moi. Là, j'ai remarqué une mère et son enfant allongés sur la pelouse. Une pelouse bien verte, exposée aux rayons du soleil du soir, dans ce vaste parc presque désert. La jeune mère avait couché son bébé, qui devait avoir environ six mois, sur une serviette blanche, et, sans le dorloter ni lui sourire, restait simplement à le regarder, d'un air absent. De temps en temps, elle levait la tête vers le ciel.
(...) Cette scène, avec ses contrastes d'ombres et de lumière, avait l'immobilité paisible d'un tableau de Wyeth.
Quand tu traduis, tu suis le texte d'un autre comme s'il s'agissait de tes propres idées. Et cela, à longueur de journée, avec l'impression que c'est toi, l'auteur. Tu te mets en phase avec le circuit de pensée de quelqu'un d'autre. Et alors, un phénomène bizarre se produit. Parfois, tu entres tellement profondément dans l'œuvre que tu n'éprouves plus la moindre sensation de décalage. Parfois, tu finis par ne plus savoir quelle est la part de ta propre pensée, et de temps en temps, c'est celle de l'autre qui vient se mélanger à ta vie quotidienne. Et quand on traduit l'œuvre d'un écrivain qui a une forte personnalité, on se trouve sous influence, beaucoup plus qu'avec une simple lecture. (p110)