Le dernier jour

« Un jour moi aussi, elle aussi, son mari, sa maîtresse, mon copain devant moi, les jeunes qui sont en train de préparer les sandwichs, ces passants aussi, chacun séparément, seul, marchera vers le même endroit, ai-je pensé. »
La perte et le deuil sont, comme très souvent, au centre des écrits de Yoshimoto Banana. Comment simplement appréhender cette fin ? La douleur et le temps qui passe ? Qu'est-ce que l'amour et l'attachement que l'on éprouve pour une personne ?
Chacune de ces nouvelles a pour cadre l'Amérique du sud, et en grande majorité l'Argentine, et une narratrice, seule ou en couple, en voyage professionnel ou d'agrément, se retrouve confrontée à la mort, par un événement soudain, un souvenir.

Dans "Honey miel", la seule nouvelle où la dictature argentine sera évoquée, la narratrice qu'on devine en séjour pour soigner un chagrin d'amour, est confrontée à la douleur des mères et au souvenir de leurs enfants tués par la répression. Mais se dit-elle, chaque chagrin se vaut, « il n'y a pas de chagrin supérieur à un autre ».
"Le cadran solaire" rappelle la course inéluctable du temps
Dans "Les platanes", la narratrice âgée de trente cinq ans a un mari de vingt ans son aîné ; elle a toujours trouvé ses relations amoureuses avec des hommes de son âge insatisfaisante. Ce mari a la même odeur que son grand-père, une odeur qui lui procure « un sentiment d'apaisement ». Ne pas laisser échapper cette odeur c'est lutter contre quelque chose qui s'en va, qui s'en ira : « n'y avait-il donc rien en ce monde qui dure à l'infini ? ».
"Le dernier jour" : calculer la date de la mort d'un nouveau-né, c'est la première chose dont c'était occupée la grand-mère – passionnée à ses heures par les divinations - ! Pas étonnant que les relations avec la mère de la narratrice soient restées compliquées… et le jour de la date prétendument fatidique, pour la narratrice de se remémorer la rencontre avec son mari.
Ainsi dans ce recueil de sept nouvelles, Yoshimoto trouve un moyen d'aborder ces questions, avec une relative simplicité, mais en une histoire d'une petite dizaine de pages, elle parvient avec émotion à les décrire et à les partager avec nous.

Yoshimoto Banana nous fait partager en sept nouvelles le destin de femmes qui expérimentent la fragilité de la vie, plantées dans un décor, ou dans des souvenirs, dont le cadre est celui de l'Amérique du Sud. Des récits courts, nombreux à se dérouler à Buenos Aires, qui en trame de fond dessinent la chaleur, les couleurs et la nature sauvage, abondante et insolente de ce continent.

Rédigés à la première personne, ces nouvelles se lisent rapidement, sans pouvoir s'arrêter. Aussi bien dans la joie que dans la tristesse, elles nous font rentrer dans le coeur d'une femme, dans ses secrets et ses peurs, ses désirs. L'une apprend la fausse couche d'une amie, l'autre que son amant serait mort, pendant qu'elle serait en Argentine. Une troisième se rappelle qu'elle est censée, d'après la prédiction de feu sa grand-mère, mourir aujourd'hui.
En filigrane de toutes ces histoires, les relations amoureuses et familiales sont, comme toujours, abordées avec réalisme et délicatesse par l'auteur.
Les descriptions faites du continent viennent s'agencer dans la confrontation à la mort que vivent les personnages, confrontation qui engendre une (re)prise de conscience de soi, de la vie, du lien qui nous lie à la Nature.

Ce livre, très agréable à lire, est un voyage, à la fois littéraire et spirituel. Une écriture simple mais forte, des récits courts mais marquants, où l'auteur réussit même à aborder la complexité de l'histoire de l'Argentine, entre l'arrivée des Européens, et plus proche de nous, la dictature militaire.

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La mort est un thème que j'apprécie en général chez Banana Yoshimoto, surtout lorsqu'elle y mêle un peu de surnaturel, mais cette fois, c'est peut-être un peu trop dans un même recueil. Il y a néanmoins de beaux passages, mais je n'ai pas retrouvé l'atmosphère que j'ai toujours ressentie en lisant Banana Yoshimoto.
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