AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 146 notes
5
12 avis
4
18 avis
3
10 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #22

Après le Clou, son très ample et riche précédent roman, Zhang Yueran choisit l'épure et la concision pour un récit tout en délicatesse, presque une fable sur la Chine contemporaine, ses inégalités sociales, le dévoiement de ses élites et la politique de l'enfant unique. Elle y dresse en contre-jour un très beau portrait d'une femme qui appartient au monde des laborieux et des invisibles. Yu Ling a quitté son Sichuan natal pour travailler comme nounou dans une très riche famille pékinoise ... jusqu'à ce la famille tombe pour corruption ( père et grand-père en prison, mère en fuite à Hong Kong ) et qu'elle se retrouve seule avec le petit garçon qu'elle projetait d'enlever contre rançon.

On ne perçoit toute la subtilité du roman qu'à la toute fin. le récit avance avec une humilité et une simplicité qui peut passer pour banale alors que l'auteure tisse par petites touches son texte jusqu'à faire triompher la pureté du sentiment sur une survie immédiate. Yu Ling est un coeur simple dont le passé va nous être révélé progressivement afin d'éclairer un personnage de prime abord assez hermétique qui devient un substitut de famille. Ou comment la tendresse devient plus forte que toute les avanies de la vie.

J'ai parfois pensé au film Parasite de Bong Joon-ho lors de scènes, certes moins féroce mais tout aussi nettes pour tourner en satire et dénonciation les inégalités sociales qui rongent la société du capitalisme à la chinoise. Dans ce huis clos où la douceur va finir par naître autour d'une famille recomposée, il y a aussi du Kore-eda et son Affaire de famille. Avec ses dialogues vifs, on sourit aussi avec des passages cocasses, notamment avec le cygne ( qui est en fait une oie ) que le petit garçon a adopté, ou avec l'irruption d'une drôle de nana qui se prétend la maitresse du père emprisonné.

Sans doute plus mineur que le Clou, un roman brillant qui explore l'héritage de la Révolution culturelle dans les années 1990, mais très touchant avec son attachant duo et pertinent sur ce qu'il dit à propos de la Chine d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          1190
Voilà un roman au sujet atypique nous venant de la Chine communiste, où les nouveaux milliardaires donnent lieu à de nouveaux conflits de classe avec le monde des domestiques qu'ils ont à leur service.
Un jeune couple à Beijing. Elle mène la grande vie, se rendant souvent en avion privé pour « le shopping et le botox » à HongKong, Lui dans « ses affaires » tout en se passionnant pour l'art et la culture, Son Père à Elle éminent membre du Parti, et Dada, leur petit garçon polisson de six ans, bien solitaire et bien futé, délaissé aux mains d'une nounou , Yu Ling, qui observe tout ce monde avec réticence et frustration, et décide d'en profiter. Alors qu'elle est sur le point de sortir du droit chemin, l'arrestation du grand-père et du père pour corruption et la disparition de la mère vont changer les donnes…..L'histoire, partie d'événements catastrophiques qui se succèdent, bascule dans une autre, inattendue, celle d'un huis clos émouvant entre Dada et Yu Ling, dans la maison abandonné des parents. Un petit garçon coupé des réalités, qui prend une oie pour un cygne et une jeune femme venue de la campagne porteuse d'un lourd secret , qui d'une oie va se changer en cygne.
Chargé de métaphores animaliers, symboles de l'état psychique du petit garçon et de secrets que chaque personnage dévoile peu à peu, le récit débouche dans un monde où les barrières sociales disparaissent au profit de la souffrance et du malheur, et comme l'exprime l'un des personnages , « on est tous aussi démunis quand vient la souffrance ».
La souffrance et ce qu'on en fait,
La morale de ce petit conte à plusieurs clés,
Que j'ai beaucoup aimé !
Une première pour moi, ayant peu apprécié la littérature chinoise jusqu'à maintenant.

«  Tant de belles choses restent des secrets, ne faisant que passer dans le coeur des gens ».

Commenter  J’apprécie          10015
A Pékin, Yu-Ling est la nounou de Dada, six ans, enfant unique et gâté d'un couple de l'élite chinoise. Alors qu'elle s'apprête, avec un complice, à kidnapper le garçon dans l'espoir d'une rançon qui lui permettrait enfin de changer de vie, le grand-père et le père de Dada sont arrêtés pour corruption. Se sachant recherchée, la mère en voyage à Hong Kong ne donne plus signe de vie. Désormais seule avec l'enfant abandonné dans la vaste et riche demeure familiale, la nounou, stoppée net dans sa rébellion et ses velléités d'indépendance, doit composer avec la nouvelle situation.


Yu Ling est de ces humbles, oeuvrant leur vie durant au service de très riches, pour qui ils demeurent insignifiants et invisibles. Comble de l'ironie, c'est au moment où ses aspirations à une existence plus satisfaisante sont sur le point de lui faire franchir la ligne rouge en faisant d'elle une criminelle, que ses employeurs tombent eux-mêmes dans leur course à toujours plus de richesses, comme si l'argent n'appelait qu'à toujours faire tourner plus les têtes. Déjà oublié, en temps ordinaire, aux seuls soins des employés de maison, le fils se retrouve totalement abandonné dans la Bérézina familiale : une aberration pour lui de l'ordre de la nuance, et encore plutôt positive, puisqu'à court terme, rien ne change dans son quotidien, sinon l'allègement de l'étiquette habituellement imposée par sa mère.


Certes gâté et capricieux, l'enfant fait preuve d'une innocence désarmante, et c'est lui qui fait chanceler Yu-Ling dans ses tiraillements personnels. Sous les abords hermétiques et bourrus de cette femme, se cache un coeur tendre, blessé par un passé que quelques allusions permettront peu à peu au lecteur de comprendre. Une exquise délicatesse dans le récit, tout en nuances et en non-dits, accompagne la découverte, l'une par l'autre, de ces deux âmes pures, privées d'affection. Et si ces deux-là ont, à première vue, tout perdu dans la tourmente, ils se sont bien trouvés à l'Hôtel du Cygne, cet asile imaginé chez lui par l'enfant, pour tous ceux comme lui sans amis, à commencer par l'oie sauvée de l'abattoir qu'il prend pour un cygne…


Beaucoup de tendresse vient éclairer cette histoire centrée sur deux personnages que les sordides réalités de la société n'auront au final pas réussi à démolir comme les autres. Un instantané tout en subtilité d'une certaine Chine contemporaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          853
Yu Ling est venue de son lointain Sishuan pour se mettre au service de riches pékinois. Mais alors que son travail de nounou auprès de Dada, le fils unique de la famille, commence à la lasser, et qu'elle envisage avec son petit ami de kidnapper l'enfant contre rançon, ses employeurs sont arrêtés pour corruption. Commence alors pour la jeune femme et Dada une vie hors du temps où, libérés des contraintes, ces deux êtres découvrent l'un avec l'autre la tendresse qui leur a manqué. L'hôtel du Cygne, une tente dressée dans l'immense salon familial par Dada, pour accueillir ceux qui comme lui n'ont pas d'amis, participant à l'éclosion de cet amour aussi inattendu qu'essentiel.
Une histoire attachante au delà de laquelle Zhuang Yueran dresse un constat sans concession de la Chine d'aujourd'hui où les inégalités sociales règnent, mais où la richesse ne protège pas des emprisonnements liés à la corruption. Un constat du capitalisme à la chinoise tout en nuances donc...
Commenter  J’apprécie          734
«  On est tous démunis quand vient la souffrance ».

«  On est tous aussi forts quand vient le bonheur » .

«  Tant de belles choses restent des secrets , ne faisant que passer dans le coeur des gens .
Mais pas toujours, se dit- elle alors » .

Trois extraits de ce petit bijou singulier, riche ,lu d'une traite qui immerge le lecteur au coeur de la Chine contemporaine.

Roman social passionnant montrant une Chine aux deux visages : l'auteur y dresse le portrait attachant , tout en nuances d'une femme du peuple , celui des invisibles et des travailleurs humbles oeuvrant en silence au service des riches——-élites imbues d'elles - mêmes, souvent corrompues ——-, nounou de Dada , enfant unique et solitaire , charmant à priori .

Yu- Ling , venue de son Sichuan natal travaille à Pékin depuis dix ans et rêve de changer de vie .

Elle manque de sortir du droit chemin en organisant le kidnapping de Dada au cours d'un pique- nique , par appât du gain.
Mais elle apprend que le grand - Père de Dada vient d'être inculpé pour corruption , la mère disparue, le Père arrêté…….

Le récit apparemment clair , simple , presque banal prend tout son sens lors des révélations à propos du passé douloureux de Yu- Ling , ses souffrances , sa sensibilité marquée au fer rouge par des drames affectifs …
.
Elle s'attachera à Dada au delà des barrières sociales , en femme forte , pétrie de tendresse , s'acharnant à réinventer un futur malgré la ruine d'une famille …
Ce roman à la fois universel et intemporel , intense, révèle à travers une fable ou un conte moderne les inégalités sociales , la politique de l'enfant unique , la corruption des élites , la vraie personnalité de Yu - Ling ……

Le lecteur sourit à la parabole de « L'Hôtel du Cygne » , «  cygne » qui s'avère être en fait une oie …..
Un huit - clos énigmatique , semblant hors du temps et de l'espace dressant avec habileté un tableau de la Chine moderne avec ses différences sociales .

Original et singulier, très belle écriture.

Ouvrage qui donne envie de découvrir les autres oeuvres de l'auteure .

« Le chant des oiseaux résonnait , cristallin , dans la brume de l'aube. Les rayons du soleil inondaient les fenêtres : la journée s'annonçait belle . Elle se dit qu'après avoir déposé le petit dans le Guangxi, elle changerait de ville . »
Commenter  J’apprécie          550
Yu Ling , Sichuanaise, est montée à la capitale, Pékin , et est nourrice dans une famille d'ultra riche.
Avec son copain , la courge , elle rêve d'une nouvelle vie et d'opulence . L'enlèvement du petit "riche" est une option vers l'indépendance financière.

Roman chinois intéressant car il nous plonge dans le monde contemporain de ce pays dont la libéralisation économique de Deng XiaoPing a créé une caste d'ultra riche.
Alors au coté de ces nantis , un petit peuple survit grâce au combine quand le sort leur fait perdre leur emploi.
C'est une vision occidentale du roman , car il y a aussi des thèmes immuables comme la perte d'un enfant, l'égocentrisme ...
Bienvenue dans la Chine 3.0 , celle qui nous croque technologiquement. Ici , on se fait livrer le bio, on mange du boeuf de Kobé, on a un coach sportif, on prend l'hélico pour traverser le pays. Mais on retrouve aussi cet absence de défaitisme face à la difficulté des "petites gens", habituées aux conditions difficiles .

Roman très intéressant, mais finalement pas si dépaysant que cela, si ce n'est pour les papilles. la Chine s'est vraiment occidentalisée.
Commenter  J’apprécie          411
Quelle agréable surprise! Zhang Yueran signe avec L'hôtel du cygne un roman qui immerge le lecteur dans la Chine d'aujourd'hui , une Chine à deux vitesses , les très riches d'un côté et les pauvres de l'autre.
Yu Ling est une jeune femme du Sichuan venue à Pékin où elle travaille depuis plusieurs années dans une famille très riche et fort bien introduite dans le Parti. Elle est la nounou de Dada leur petit garçon, un enfant bien solitaire, sans ami.
Elle a failli sortir du droit chemin, par appât du gain elle et son ami voulaient kidnapper Dada et demander une rançon. l'arrestation des parents et du grand-père pour corruption fait capoter leur projet...et si Dada n'avait plus qu'elle ? ...
Ce roman à la fois intemporel et universel, véritable huis-clos, révèle peu à peu la véritable personnalité de Yu Ling . marquée par une vie difficile et des drames affectifs, Yu Ling devant les difficultés devient autre pour l'amour de Dada.
Commenter  J’apprécie          331
J'ai découvert récemment le roman de Zhang Yueran : L'hôtel du cygne, dans le cadre d'un projet de lecture en commun organisé par la médiathèque de ma ville.

Yu Ling, jeune femme d'une trentaine d'années, originaire du Sichuan est depuis quatre ans la nounou du petit Dada, six ans. Elle vit à Pékin avec Dada et ses parents, membres de l'élite chinoise. Elle a imaginé organiser un faux kidnapping de Dada afin de toucher une rançon, et commencer une nouvelle vie avec Dongliang - aussi nommé M. Courge par Dada. Alors que le pique-nique, prélude au faux kidnapping se termine, Yu Ling et M. Courge apprennent par la radio que le grand-père de Dada a été inculpé pour corruption, son père interpellé. La mère de Dada, partie en excursion à Hong-Kong, reste injoignable.
Les faux kidnappeurs retournent à l'appartement, pillé... Plus question de rançon... Quel avenir pour Yu Ling et M. Courge, qui prend vite la poudre d'escampette ? Que va-t-il advenir de Dada, l'enfant unique, l'enfant roi qui n'a pas d'amis, dans son palais déserté ?

L'hôtel du cygne est un roman d'une grande intensité. Avec beaucoup d'habileté, Zhang Yueran dresse un tableau de la Chine moderne, de ses différences sociales, de la solitude des enfants uniques. Elle nous parle de ces femmes quasiment invisibles, mais aussi du sens que l'on peut donner à son existence alors que tout s'écroule.
Dada a adopté une oie qu'il prend pour un cygne, et a dressé une petite tente dans sa maison désertée - et cet "Hôtel du Cygne" accueille ceux qui n'ont pas d'amis, les solitaires comme lui.

J'ai beaucoup aimé la tonalité de ce roman de cent cinquante pages, un texte riche, et surtout le portrait de Yu Ling, femme forte qui, jour après jour, s'acharne à réinventer une vie dans des ruines.... et, en dépit de tout, se sent capable "de porter le monde sur ses épaules".

Une belle lecture, qui m'a donné envie de découvrir le roman précédent de Zhang Yueran, le Clou.
Commenter  J’apprécie          250
Monter une tente dans un salon…
Y mettre un cygne…
Bienvenue à l'hôtel des esseulés.

Abandonnés par les parents dans une belle maison de privilégiés, Dada, petit garçon gâté mais solitaire de nomenklatura chinoise, assisté par sa nourrice Yu Ling font face à l'isolement entre jeux et assistance.

Une tragicomédie qui confronte les deux classes sociales de la Chine contemporaine où le monde des domestiques, rouages anonymes, fait tourner en silence la machine luxueuse de la nomenklatura.

Un petit livre à l'écriture douce et descriptive, qui se cristallise sur le désir des femmes à s'élever socialement et où l'amour maternel se trouve là où on ne l'attend pas.
Très sympa a déguster !
Commenter  J’apprécie          220
" C'est pas grave si t'as pas d'amis , tu peux jouer tout seul" répète le petit Dada, un enfant unique de l'élite chinoise dont les parents sont trop occupés pour s'en préoccuper.
Le petit garçon est sous la garde de Yu Ling, une nounou qui envoie une partie de son salaire au Sichuan pour son père et son petit frère.
Autour de l'enfant solitaire, la fracture sociale est flagrante mais évoquée avec subtilité. D'un côté, les parents qui vivent dans un luxe ostentatoire, de l'autre la classe laborieuse contrainte à de petits larcins pour s'assurer un peu plus de confort.
C'est du côté de la cuisine que Zhang Zueran choisit de pointer le doigt. Etre riche, c'est avoir le choix d'une nourriture abondante, saine et variée. Les descriptions détaillées des plats proposés suggèrent ainsi qu'il n'en est pas de même lorsque l'on est pauvre.

Après le kidnapping raté, l'allégorie de l'oie et du cygne, outre la métamorphose de Yu Ling, me fait penser à une transition des contingences matérielles ( l'oie se mange) vers une plus grande spiritualité ( le cygne incarne la beauté, la grâce, l'amour).
Car c'est grâce à l'enfant qui sacralise l'animal que se révèle la nature tendre et aimante de Yu Ling.
Elle devient alors capable d'assumer le drame qui l'a touchée et de donner son affection à cet enfant qui sait la toucher.
Commenter  J’apprécie          110



Autres livres de Zhang Yueran (1) Voir plus

Lecteurs (277) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
129 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}