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Lucie Modde (Traducteur)
EAN : 9791038702080
144 pages
Zulma (06/07/2023)
3.64/5   146 notes
Résumé :
Venue du lointain Sichuan, Yu-Ling vit à Pékin depuis dix ans déjà, sans guère de perspectives. Elle est la nounou d’un petit garçon charmant mais gâté, Dada, enfant unique de parents souvent absents appartenant à l’élite chinoise.

Fomenté de longue date, le pique-nique au bord du lac est un grand jour pour Dada. Pour Yu-Ling aussi : elle s’est laissé convaincre par son acolyte, le rustre M. Courge, de simuler le kidnapping de l’enfant – pour enfin ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Rentrée littéraire 2021 #22

Après le Clou, son très ample et riche précédent roman, Zhang Yueran choisit l'épure et la concision pour un récit tout en délicatesse, presque une fable sur la Chine contemporaine, ses inégalités sociales, le dévoiement de ses élites et la politique de l'enfant unique. Elle y dresse en contre-jour un très beau portrait d'une femme qui appartient au monde des laborieux et des invisibles. Yu Ling a quitté son Sichuan natal pour travailler comme nounou dans une très riche famille pékinoise ... jusqu'à ce la famille tombe pour corruption ( père et grand-père en prison, mère en fuite à Hong Kong ) et qu'elle se retrouve seule avec le petit garçon qu'elle projetait d'enlever contre rançon.

On ne perçoit toute la subtilité du roman qu'à la toute fin. le récit avance avec une humilité et une simplicité qui peut passer pour banale alors que l'auteure tisse par petites touches son texte jusqu'à faire triompher la pureté du sentiment sur une survie immédiate. Yu Ling est un coeur simple dont le passé va nous être révélé progressivement afin d'éclairer un personnage de prime abord assez hermétique qui devient un substitut de famille. Ou comment la tendresse devient plus forte que toute les avanies de la vie.

J'ai parfois pensé au film Parasite de Bong Joon-ho lors de scènes, certes moins féroce mais tout aussi nettes pour tourner en satire et dénonciation les inégalités sociales qui rongent la société du capitalisme à la chinoise. Dans ce huis clos où la douceur va finir par naître autour d'une famille recomposée, il y a aussi du Kore-eda et son Affaire de famille. Avec ses dialogues vifs, on sourit aussi avec des passages cocasses, notamment avec le cygne ( qui est en fait une oie ) que le petit garçon a adopté, ou avec l'irruption d'une drôle de nana qui se prétend la maitresse du père emprisonné.

Sans doute plus mineur que le Clou, un roman brillant qui explore l'héritage de la Révolution culturelle dans les années 1990, mais très touchant avec son attachant duo et pertinent sur ce qu'il dit à propos de la Chine d'aujourd'hui.
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Voilà un roman au sujet atypique nous venant de la Chine communiste, où les nouveaux milliardaires donnent lieu à de nouveaux conflits de classe avec le monde des domestiques qu'ils ont à leur service.
Un jeune couple à Beijing. Elle mène la grande vie, se rendant souvent en avion privé pour « le shopping et le botox » à HongKong, Lui dans « ses affaires » tout en se passionnant pour l'art et la culture, Son Père à Elle éminent membre du Parti, et Dada, leur petit garçon polisson de six ans, bien solitaire et bien futé, délaissé aux mains d'une nounou , Yu Ling, qui observe tout ce monde avec réticence et frustration, et décide d'en profiter. Alors qu'elle est sur le point de sortir du droit chemin, l'arrestation du grand-père et du père pour corruption et la disparition de la mère vont changer les donnes…..L'histoire, partie d'événements catastrophiques qui se succèdent, bascule dans une autre, inattendue, celle d'un huis clos émouvant entre Dada et Yu Ling, dans la maison abandonné des parents. Un petit garçon coupé des réalités, qui prend une oie pour un cygne et une jeune femme venue de la campagne porteuse d'un lourd secret , qui d'une oie va se changer en cygne.
Chargé de métaphores animaliers, symboles de l'état psychique du petit garçon et de secrets que chaque personnage dévoile peu à peu, le récit débouche dans un monde où les barrières sociales disparaissent au profit de la souffrance et du malheur, et comme l'exprime l'un des personnages , « on est tous aussi démunis quand vient la souffrance ».
La souffrance et ce qu'on en fait,
La morale de ce petit conte à plusieurs clés,
Que j'ai beaucoup aimé !
Une première pour moi, ayant peu apprécié la littérature chinoise jusqu'à maintenant.

«  Tant de belles choses restent des secrets, ne faisant que passer dans le coeur des gens ».

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« On est tous aussi démunis quand vient la souffrance ».

Je suis partagée après la lecture de ce livre de la chinoise Zhang Yueran. Si le thème est très intéressant, s'il permet de mettre en valeur les inégalités sociales au sein de la Chine contemporaine, la misère affective éprouvée quelle que soit les classes sociales, la politique de l'enfant unique, le style de l'auteur m'a perturbée, parfois un peu frustrée, parfois vraiment plu. L'épure choisie par l'auteure est tour à tour surprenante, frustrante, mais aussi judicieuse.

Yu Ling a quitté son Sichuan natal pour travailler comme nounou dans une très riche famille pékinoise. Alors qu'elle fomente, avec son petit ami Dongliang, l'enlèvement du petit garçon qu'elle garde, la famille tombe pour corruption : le père et le grand-père sont en prison, quant à l'étrange mère, elle semble être en fuite, à Hong Kong. Elle se retrouve donc seule avec le petit garçon. Et son petit ami, à présent que l'enlèvement du garçon est vaine sans rançon possible, l'a quittée. Elle va tenter de placer l'enfant au sein de parents éloignés, en vain. Et en se retrouvant seule avec lui, opère en elle une introspection et une métamorphose.

La concision du style ne m'a pas permise de m'attacher dans un premier temps aux personnages, je suis restée observatrice parfois de comportements que je trouvais peu cohérents…l'achat du cygne (une oie en fait) au garçonnet par exemple par le petit ami sans scrupule semble incongru, le comportement et la façon d'être fantasque de la femme qui se fait passer pour la petite amie du père également. Situations cocasses qui m'ont davantage gênée que fait sourire. Mais en même temps cette concision met en valeur une certaine pudeur des sentiments, ce que nous pouvons prendre pour de la froideur est en fait plus complexe et cet aspect-là m'a touchée d'autant plus que cette épure donne un texte de plus en plus subtile au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire.
Peu à peu la lumière est faite sur cette nounou, Ling, qui de froide et de calculatrice apparait dans toute sa lumière avec ses blessures, immenses, ses manques, et sa générosité. Peu à peu elle devient plus douce au contact de Dada, comme si tous deux se raccrochaient l'un à l'autre dans cette épreuve de misère affective qu'ils traversent, dans ce huis-clos énigmatique duquel va émerger une certaine force et une forme de bonheur. Avec en toile de fond, une belle réflexion sur l'impact des traumatismes liées à l'enfance ainsi que le dépassement des barrières sociales.

« Et pourquoi Dongliang lui avait-il menti ? Parce que lui-même s'était fait rouler par le passé. Elle n'avait jamais réfléchi au fait que Dongliang n'avait peut-être pas toujours été comme ça. Sa cruauté et sa méchanceté puisaient à la même source que ses bizarreries et sa morosité à elle. Les voies du destin sont bien mystérieuses…Comment savoir à quel point le malheur qui venait de frapper Dada le marquerait à l'avenir ? ».

Histoire d'une métamorphose d'une oie en cygne et d'un duo que, à priori, tout oppose, « L'hôtel du Cygne » est un livre singulier qui révèle toute sa subtilité au fil des pages. Les barrières sociales, très fortes dans le capitalisme chinois contemporain, sont peu à peu dépassées pour narrer la solitude, la souffrance et la quête d'une forme de bonheur simple.
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A Pékin, Yu-Ling est la nounou de Dada, six ans, enfant unique et gâté d'un couple de l'élite chinoise. Alors qu'elle s'apprête, avec un complice, à kidnapper le garçon dans l'espoir d'une rançon qui lui permettrait enfin de changer de vie, le grand-père et le père de Dada sont arrêtés pour corruption. Se sachant recherchée, la mère en voyage à Hong Kong ne donne plus signe de vie. Désormais seule avec l'enfant abandonné dans la vaste et riche demeure familiale, la nounou, stoppée net dans sa rébellion et ses velléités d'indépendance, doit composer avec la nouvelle situation.


Yu Ling est de ces humbles, oeuvrant leur vie durant au service de très riches, pour qui ils demeurent insignifiants et invisibles. Comble de l'ironie, c'est au moment où ses aspirations à une existence plus satisfaisante sont sur le point de lui faire franchir la ligne rouge en faisant d'elle une criminelle, que ses employeurs tombent eux-mêmes dans leur course à toujours plus de richesses, comme si l'argent n'appelait qu'à toujours faire tourner plus les têtes. Déjà oublié, en temps ordinaire, aux seuls soins des employés de maison, le fils se retrouve totalement abandonné dans la Bérézina familiale : une aberration pour lui de l'ordre de la nuance, et encore plutôt positive, puisqu'à court terme, rien ne change dans son quotidien, sinon l'allègement de l'étiquette habituellement imposée par sa mère.


Certes gâté et capricieux, l'enfant fait preuve d'une innocence désarmante, et c'est lui qui fait chanceler Yu-Ling dans ses tiraillements personnels. Sous les abords hermétiques et bourrus de cette femme, se cache un coeur tendre, blessé par un passé que quelques allusions permettront peu à peu au lecteur de comprendre. Une exquise délicatesse dans le récit, tout en nuances et en non-dits, accompagne la découverte, l'une par l'autre, de ces deux âmes pures, privées d'affection. Et si ces deux-là ont, à première vue, tout perdu dans la tourmente, ils se sont bien trouvés à l'Hôtel du Cygne, cet asile imaginé chez lui par l'enfant, pour tous ceux comme lui sans amis, à commencer par l'oie sauvée de l'abattoir qu'il prend pour un cygne…


Beaucoup de tendresse vient éclairer cette histoire centrée sur deux personnages que les sordides réalités de la société n'auront au final pas réussi à démolir comme les autres. Un instantané tout en subtilité d'une certaine Chine contemporaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Yu Ling est venue de son lointain Sishuan pour se mettre au service de riches pékinois. Mais alors que son travail de nounou auprès de Dada, le fils unique de la famille, commence à la lasser, et qu'elle envisage avec son petit ami de kidnapper l'enfant contre rançon, ses employeurs sont arrêtés pour corruption. Commence alors pour la jeune femme et Dada une vie hors du temps où, libérés des contraintes, ces deux êtres découvrent l'un avec l'autre la tendresse qui leur a manqué. L'hôtel du Cygne, une tente dressée dans l'immense salon familial par Dada, pour accueillir ceux qui comme lui n'ont pas d'amis, participant à l'éclosion de cet amour aussi inattendu qu'essentiel.
Une histoire attachante au delà de laquelle Zhuang Yueran dresse un constat sans concession de la Chine d'aujourd'hui où les inégalités sociales règnent, mais où la richesse ne protège pas des emprisonnements liés à la corruption. Un constat du capitalisme à la chinoise tout en nuances donc...
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critiques presse (1)
LeMonde
18 janvier 2022
Notre feuilletoniste a lu « L’Hôtel du cygne », de Zhang Yueran, un panorama épuré, parfois satirique, de la société chinoise moderne et de ses conflits de classes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.
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L'enfant entra dans le salon. De la papaye, des fraises équeutées et des pêches - son fruit préféré - se trouvaient dans un récipient en verre posé sur la table ; voilà pour le goûter. Des brochettes d'ailes de poulet badigeonnées de miel, d'autres d'éperlans au ventre tendu à craquer d'alevins, des tranches de bœuf salé et des pattes de crabe du Kamtchatka avaient été également préparées.
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"Ca fait quatre ans que tu bosses chez eux et tu ne connais aucun des amis de Chen Wen ?" s'emporta M. Courge. " Je t'ai déjà dit qu'elle n'avait pas d'amis, répondit Yu Ling. Beaucoup de gens gravitent autour d'elle, vont skier avec elle, boivent du vin rouge avec elle, l'invitent au restaurant, bref s'amusent avec elle. Mais elle a un caractère de cochon, elle se fâche avec tout le monde. Elle change d'amis tout le temps, comment veux-tu que la moindre relation résiste à ça ?" "Bon, on n'a qu'à garder le petit. Elle finira bien par t'appeler quand elle verra qu'il a disparu". "Tu peux toujours attendre. Chen Wen ne refera pas surface tant que l'affaire ne sera pas classée.""Même pour son propre fils ?" "Il y a un moment, un type haut placé s'est fait arrêter. Sa fille, qui vivait au Canada, est aussitôt rentrée en Chine, ce qui lui a valu à elle aussi de se faire embarquer. Figure-toi que Chen Wen l'a traitée d'idiote : non seulement elle se retrouvait en prison mais elle allait aussi devoir cracher les billets !" "Elle est capable de laisser son père et son mari au trou sans bouger le petit doigt ? Elle a pas de coeur ou quoi ? Et toi au fait, tu risques pas de te faire interroger dans cette affaire ?" reprit M. Courge en observant Yu Ling. "C'est possible", lâcha-t-elle en bombant le dos et en posant le front sur ses genoux. Elle n'avait pas dormi de la nuit, ni les nuits précédentes d'ailleurs. Elle était trop inquiète que leur plan soit découvert ou échoue. Maintenant que toute la tension retombait, elle se sentait épuisée. Elle n'avait envie de réfléchir à rien, elle voulait jusque qu'on la laisse dormir.
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La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.
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Elle savait que beaucoup de gens la trouvaient bizarre, avec son incapacité à soutenir le regard, sa mine sombre et sa réticence à discuter avec ses employeurs. Mais elle n’avait pas son pareil pour s’occuper des enfants : elle était une nounou attentive et efficace, qui trouvait toujours le moyen de se faire obéir…
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