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Citations sur Deux petits tableaux : Si les oeuvres parlaient (29)

Pourtant, je sais par expérience qu'il ne faut pas rester trop longtemps dans un musée car la vue se brouille et l'on finit par passer impassible devant des chefs-d'œuvre.
(p. 13)
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Pourquoi ce barbouilleur s’intéresse-t-il tant à moi ? Je ne suis qu’une cousette, une habituée de ce bal populaire montmartrois. Deux fois par semaine, je m’y rends pour rire, danser, et débusquer parfois quelques margoulins pour finir la soirée. Est-ce ma robe rose à rayures bleues qui a plu à ce peintre ? […]
La robe rose de Margot écrasée contre son partenaire souriant béatement envoyait des reflets chauds sur son gilet. La polka avait réchauffé l'ambiance. […]
Je tentai de m’intéresser au tableau. […]
- Ces taches sont de la lumière, mademoiselle ! Regardez votre robe, Estelle, elle vibre : le tissu rayé de bleu clair et de rose mêlés est traversé d’ondes lumineuses. Votre visage me fait penser à ces larges corolles de fleurs ouvertes dans les champs, l’été. Cette toile est vivante, Estelle !
Ceux que je rencontrais habituellement ne me parlaient jamais de cette façon.


Nouvelle 6. Bal sur la butte – Auguste Renoir
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La danse… je n’avais jamais aimé… Il est vrai que le souvenir de ma première expérience de danseur me traumatisait encore. J’étais bien jeune, une quinzaine d’années, lorsque des amis vinrent me chercher un dimanche pour le bal organisé à l’occasion de la fête du village. Dès mes premières foulées maladroites sur le sol en terre battue, la jeune paysanne qui me faisait face se plia de douleur lorsque, sur un mouvement de jambes hasardeux, elle reçut mon sabot en plein sur le tibia que je faillis lui casser. Ce premier échec avait installé le doute en moi et je n’avais guère eu envie de renouveler l’expérience par la suite.
[…] Tranquillement assis, je me servis un verre de Chablis. Je me croyais revenu à l’époque déjà lointaine de ma vie où je traînais dans les cabarets parisiens, vers la Butte Montmartre. Je ne dansais pas mais j’aimais y retrouver cette gaîté débraillée, grossière er colorée. Cela sentait le vice et la débauche.

Extrait de la nouvelle « Rose – Auguste Renoir ».
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Les miches de pain sont peintes avec des teintes terre et ocre… Bien ! Mais qu’a fait l’artiste ensuite ? Avec la pointe du pinceau, il a rajouté sur ces couleurs de base un fourmillement de petites touches légèrement plus claires dans les parties ombrées. Dans les zones où l’éclairage est plus fort, le pain est éclaboussé de taches brillantes carrément blanches, juxtaposées, qui accentuent l’intensité lumineuse…N’est-ce pas de l’impressionnisme, ça ?[…]
Le procédé se répète sur le pot bleu foncé criblé de points bleu pâle et blancs. Les bords de la cruche rougeâtre sont perlés d’un blanc presque aussi vif que le liquide qui s’en écoule. Partout vous retrouverez la touche fragmentée : sur la table, la corbeille à pain, le tablier bleu de la femme, ses bras, son bonnet…

(Fabuleuse Laitière de Johannes Vermeer)
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Eugène se taisait, attristé par la mélancolie que son tableau inspirait à Louis-Auguste. Celui-ci finit par dire, fataliste :
– Eugène, une nouvelle fois, comme souvent dans notre histoire, c'est le petit peuple qui se bat, mais c'est toujours les puissants qui gagnent !
Delacroix vint vers son ami et le prit tendrement par les épaules.
– Tu as raison Louis-Auguste. Mais, à chaque nouveau combat, ils continuent d'espérer…
(p. 41)
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Etrange bonhomme, pense Vincent. Il range son matériel et examine la toile à distance. Georges avait parfaitement senti la souffrance contenue de cette église. Était-ce sa propre souffrance, celle qui l'étreignait en Provence, au point d'hurler parfois ? Non! C'était autre chose, une sorte de cri : un cri humain....

Depuis son arrivée à Auvers, Vincent était heureux. Un sentiment d'allégresse montait en lui. Il le sentait, les murs de cette église allaient bientôt s'ouvrir. La plainte allait se transformer en chant.

page 77
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Je ressentais de l’affection pour Jan. Il avait toujours un mot gentil pour moi lorsqu’il venait. Un artiste célèbre : Jan Van Eyck, peintre de la cour de Philippe le Bon, notre duc de Bourgogne ! Les bourgeois de Bruges se l’arrachent. Tous veulent avoir leur portrait […]
Ce double me dérange ! Toute la journée je l’observe. Je ne supporte plus ce quadripède placé par Jan aux pieds des époux sur le panneau, tout petit, la queue en l’air, le poil long. Son regard amorphe surveille tous mes mouvements. […] Les chiens sont un symbole de fidélité et de prospérité, m’a dit Jan. […]
Chaque début d’après-midi, lorsque le soleil pénètre par les petits carreaux tout en haut de la fenêtre et inonde la pièce d’une lumière dorée, je m’installe confortablement pour regarder le couple immobile se tenant la main. […]
Elle, c’est Giovanna, la fille d’un banquier italien. […] Le peintre a su la mettre en valeur : superbe robe verte ourlée d’hermine. […] La coiffe blanche éclaire son joli visage poupin. […] Lui, c’est Giovanni Arnolfini. Il est riche et le montre.
[…] Aujourd’hui je suis seul. Mes maîtres sont sortis en ville […] Condamné à l’oisiveté, je me suis nonchalamment étalé sur le lit. Ce parfum… Chère Giovanna ! [...] Je l’aime. Toujours joyeuse, elle chantonne toute la journée malgré la mine lugubre de son nouveau mari. Heureusement il n’est jamais là.
Elle seule sait me caresser. […]
Décidément, cette peinture m’horripile ! Je ne comprends pas ma maîtresse qui accepte, passive presque servile, de poser ainsi sa main dans le creux de celle de cet homme qui va devenir son mari. […]
Je le trouve laid : profil chevalin, gros nez aux narines dilatées, yeux peu francs. De plus, il est maigrelet, les épaules étroites et tombantes. Ses mains blanches sont aussi fines que celles de sa femme. Je la plains…
Revêtu d’une tunique en velours, fourrée de vison, la teinte foncée du vêtement le rend encore plus triste… même macabre. Je n’ai jamais vu rire ce sombre personnage.
[…] Sera-t-elle heureuse avec cette brute qui ne cesse de me donner des coups de pieds dès qu’il me voit ? J’en doute…
[…] Pourvu que l'enfant ne ressemble pas au père ! *

* J’aime tellement cette nouvelle que j’ai fait un feu d’artifice de citations réunies en une seule ! Pour être fidèle au texte d’Alain Yvars, mon long extrait est criblé de crochets indiquant des coupures. C’est le chien, sorti de la toile de Jan van Eyck « Le portrait des époux Arnolfini », qui nous parle !
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Mon ambition était de poser, à nouveau, pour Manet. Je n'attendis guère. Il me demanda de poser pour un portrait que, aujourd'hui encore, je considère comme le plus beau qu'Edouard ait fait de moi : en contre-jour, un chapeau noir surmontant quelques mèches de cheveux fous, ma silhouette à l'expression lointaine se découpait entre ombre et lumière. Un chef d'œuvre à mes yeux.

Les noirs de Manet ... Ils lui appartenaient. Ceux-ci n'étaient pas funèbres mais joyeux. Des noirs puissants comme ceux de Vélasquez et Goya. Edouard appela cette toile "Berthe Morisot au bouquet de violettes". Accrochées à mon corsage, les violettes étaient à peine visibles, noyées dans l'obscurité.

pages 49/51
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Je me lève pour me dégourdir les jambes. J'avais retenu que Cézanne avait peint une soixantaine de toiles de cette montagne (Sainte-Victoire). Elle l'inspirait tellement qu'il la croquait, la caressait constamment comme un homme amoureux des courbes d'un corps de femme.
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J’aimais cet homme, ces moments d’intimité joyeuse où il me racontait tout ce qui lui passait par la tête, les longue heures de pose offerte à son regard malicieux, nos fous rires.
[…] J’aimais me rendre dans son atelier de la rue Saint-Pétersbourg où les odeurs de peinture et de tabac se mêlaient aux parfums des corps de femmes, des demi-mondaines venues poser avant moi.
[…] Je prenais plus de plaisir à venir poser dans le bric-à-brac de son atelier qu’à travailler dans le mien trop méticuleusement ordonné par ma mère qui ne supportait pas que je laisse traîner mes pinceaux, peintures et autres palettes.


(Extrait de la nouvelle 4, « Un noir joyeux – Édouard Manet », écrite à la première personne où le texte prête sa voix à Berthe Morisot.)
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