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"Deux petits tablaux-Si les oeuvres parlaient" - Alain Yvars - Nouvelles- Lu en juillet 2021.

Merci de tout coeur Alain pour m'avoir envoyé ton recueil de nouvelles avec une dédicace tellement délicate.

Alain Yvars n'est plus à présenter sur Babelio, sous le pseudonyme de jvermeer, cet amateur d'art pictural et pastelliste nous a déjà ravis avec ses précédentes publications.

Cher Alain,

Je suis entrée dans ton livre sur la pointe des pieds comme j'entre dans un musée où le chuchotement est de rigueur pour laisser en paix les âmes de ces merveilleux artistes qui nous ont laissé la beauté en cadeau.

Le Louvre, en voilà un lieu qui mérite que l'on s'y perde car les découvertes y sont nombreuses et tu m'en as fais découvrir quelques unes. Tu t'attardes sur "La dentelière" de J. Vermeer, ton peintre préféré avec Vincent van Gogh . Sa dentelière est d'une finesse inégalée, la sérénité et la concentration de la jeune femme sur son travail est absolument divine. Et puis, ô surprise, je découvre "L'astronome", que je ne connais pas. Là aussi c'est l'éblouissement. Cette lumière qui traverse la fenêtre pour se poser sur le globe terrestre attire aussitôt l'attention de mes yeux.

Et puis, me voilà transportée à Bougival en compagnie d'Auguste Renoir et de Rose si fraîche et si vivante, petite servante qui adore les plaisirs de la danse et quoi de plus naturel pour Renoir de la peindre en plein élan.
J'ai visité cet été sa maison, son atelier extérieur, son jardin... à Cagnes-sur-Mer. Vue imprenable sur la grande bleue, c'est d'ailleurs sous un cèdre du Liban, près des pins-parasol, des lauriers roses et des oliviers centenaires que j'ai lu ton livre accompagnée par le chant des cigales pour parfaire le tout et le soleil en abondance.

Mais je continue, me voici devant un Delacroix, et pas des moindres puisqu'il s'agit de "La Liberté guidant le peuple" relatant une page de l'histoire de France. Liberté représentée par une femme aux seins dénudés avec un enfant à ses côtés. Tableau qui comme tu l'écris, "ne manquera pas d' en offusquer plus d'un". Quel élan vers l'Espoir dans cette peinture !

Tout à coup, par je ne sais quel mystère, je me trouve aux obsèques d'Edouard Manet, entouré par ses amis, Proust, Zola, Monet, Stevens, Fantin-Latour, Théodor Duret, Rudolf Leenhoff son beau-frère qui sculpta sa pierre tombale. Berthe Morisot, au bras de Renoir est en grande détresse. Elle fut la muse de Manet, j'aime particulièrement "Berthe Morisot au bouquet de violettes" peut-être parce que la violette est ma fleur préférée, humble et poussant à l'ombre des arbres comme demandant leur protection.

Ensuite ? Et bien ensuite j'ai croisé le grand Jan van Eyck à Bruges, que l'on surnomme ici en Belgique la Venise du Nord. Son tableau "Le portrait des époux Arnolfini" est d'une austérité étrange pour une scène de mariage. Mais lisez le livre, vous en apprendrez plus !

Auguste Renoir, encore lui, m'attendait cette fois-ci à Montmartre, au "Bal du Moulin de la Galette" en galante compagnie, et plus particulièrement celle d'Estelle qui fût son modèle.

Un cri me sort de ma rêverie avec Renoir, celui de Vincent van Gogh qui se trouve à Auvers-sur-Oise peignant "L'église d'Auvers" sublime peinture qui si l'on prend le temps de s'y attarder devient "vivante", tourmentée comme l'était Vincent ces derniers temps. "Elle est devenue un être vivant. Elle a une âme ! - page 76. Vincent se suicidera peu de temps après avoir peint l'église d'Auvers.

Mais je me rends au pas de course vers des horizons plus joyeux sur "La montagne Sainte Victoire" auprès de Cézanne , accompagnée par les parole de la chanson écrite par Michel Berger "Cézanne peint" qu'Alain fredonne tout au long de la balade jusqu'à Aix-en-Provence, vibrante de lumière, où Cézanne vit le jour.

Quel voyage ! nous faisons un saut à Amsterdam pour retrouver J. Vermeer, et "La laitière" un petit tableau d'un quotidien qui pourrait paraître banal, mais que les pinceaux sous l'impulsion des doigts de Vermeer prend littéralement vie. le pain sur la table me donne faim. Ceinte de son tablier d'un bleu profond, elle accomplit ces petits gestes du quotidien avec beaucoup de grâce.

Et hop, Alain, en deux temps trois mouvements, nous voilà au cirque avec Toulouse-Lautrec, étrange peintre disgracieux qui s'adonne à la boisson pour oublier sa laideur. Il a peint plusieurs tableaux sur le thème du cirque, ma préférence va "Au cirque Fernando, Écuyère". Va-t-il sortir de son addiction, reprendre ses pinceaux ?

Me voilà à la fin de mon périple avec un peintre que je découvre pour la première fois, Jean-Siméon Chardin et son "Autoportrait à l'abat-jour", un pastel, par l'intermédiaire de François, pastelliste amateur, admirateur de Chardin, qui, persuadé de ne jamais arriver à un tel résultat, se décourage et ferme son coffret de pastels.

Cher Alain, j'espère que ce n'est pas toi ce François qui renonce, il faut continuer, pour toi, pour le plaisir de poser des couleurs sur le papier, pour l'évasion que cela procure, pour le rêve. Et pourquoi pas pour l'admiration d'un public ?

Après avoir lu "Que les blés sont beaux" avec bonheur, j'ai été conquise par "Deux petits tableaux" qui sous la plume élégante, poétique et raffinée d'Alain Yvars donnerait envie de découvrir la peinture au plus obtus .

Je souligne la qualité de coeur d'Alain Yvars qui consacre ses droits d'auteur à une association pour enfants afin qu'ils puissent réaliser un rêve.

J'espère bien encore pouvoir te lire Cher Alain. Sous ta plume, tous ces tableaux reprennent vie et m'ont parlé..





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Puisse le souvenir de vos « amis peintres qui [vous] ont conté ces récits » (et que vous remerciez page 111) être aussi vif que sera celui de votre livre, cher Alain, dans ma mémoire de lectrice !
Vous nous accompagnez avec une puissante passion et bienveillance certaine dans une découverte étonnante. On pose simplement des regards curieux sur vos reproductions en couleurs qui zooment parfois sur des détails et on se laisse porter par vos récits délicats.
Dans la série « Si les oeuvres parlaient », voici, après « Conter la peinture », un nouveau recueil de 11 textes consacrés à des tableaux plus ou moins connus.
Les « deux petits tableaux » sont deux oeuvres (majeures) de Johannes Vermeer, La Dentellière (De kantwerkster) tableau peint entre 1669 et 1670, exposé au musée du Louvre à Paris (huile sur toile, 24,5 × 21 cm) et L'Astronome (De astronoom), (huile sur toile, 51 × 45 cm), peint vers 1668, et actuellement conservé également au musée du Louvre, d'où le titre « Balade au Louvre ». Pour définir l'indicible émotion qui s'empare du narrateur à la vue de ces deux petits bijoux, celui-ci s'interroge tout simplement « comment deux minuscules tableaux pouvaient-ils provoquer un tel émoi ? » (p. 19)
C'est « l'esprit joyeux » que l'on aborde la suite : « Rose-Auguste Renoir ». Avec Alice et son amie Rose, le narrateur participe à une guinguette. Tous nos sens sont en éveil grâce à une description très vivante de cette fête.
Le troisième récit tourne autour du tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1831), très pertinemment comparé par le personnage du baron Louis-Auguste Schwiter au Radeau de la Méduse de Géricault.
Dans « Un noir joyeux - Édouard Manet », c'est Berthe Morisot qui évoque le souvenir de cet « enfant terrible de la peinture moderne » (p. 44).
Lors de l'observation du tableau analysé dans le cinquième récit, n'oubliez pas les oranges (sur la table) !
On croise ensuite et à nouveau Auguste Renoir, ce « magicien de la lumière » (p. 69). Cet instantané d'un bal sur le butte de Montmartre est « féerique », en effet.
Moi qui aime tellement Vincent van Gogh, j'ai trouvé le texte sur L'église d'Auvers (1890) d'une grande subtilité dans l'interprétation.
Je crois que le tableaux qui m'a le plus impressionnée (sic !) est bien celui évoqué dans « Étrange mimétisme » où la montagne est comparée aux « courbes d'un corps de femme » (p. 82).
Concernant la « fabuleuse laitière » l'auteur nous démontre l'impressionnisme du peintre et nous met au passage l'eau à la bouche : « la croûte de pain paraît tendre, cuite à point. Ce pain croustille, monsieur ! » (p. 89).
Brève, mais salutaire rencontre avec Henri de Toulouse-Lautrec qui nous conduit au cirque avec l'avant dernière oeuvre. le narrateur est Thadée Natanson qui parle également de son épouse Misia Sert. Nous constatons avec lui que « de chaque dessin [effectué de mémoire], une perfection hallucinante se dégageait » (p. 97).
Le dernier récit est le plus triste à mes yeux. En marge de l'Autoportrait à l'abat-jour (1775) de Jean-Siméon Chardin, l'auteur évoque l'histoire de François et de ses pastels (des bâtons de toutes les couleurs), avec en filigrane des notions de désir de perfection, de besoin d'outils appropriés et même de sacrifices consentis par l'artiste.
C'est lumineux et subtil, c'est agréable et surprenant.
À lire et faire lire sans compter !
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Deux petits tableaux, Si les oeuvres parlaient… Plus que le titre du livre d'Alain Yvars, c'est le sous-titre qui fournit la clé du livre, c'est lui qui dévoile l'ambition, à la fois modeste et folle, qui l'anime : faire parler les oeuvres de quelques uns des plus grands peintres de l'histoire de l'art en onze récits, onze courtes nouvelles suggestives plutôt qu'explicatives, onze rêveries, onze évocations savoureuses… en se glissant dans le tableau.
Alain est tour à tour danseur, bohème, chien de compagnie, servante, muse et peintre, et nous voici transportés dans une guinguette en bord de Seine au milieu des rires des cousettes et des interpellations des canotiers, ou à Auvers-sur-Oise face au chevet d'une église « enveloppée d'un lourd manteau sombre qui la fait ployer », ou dans l'intimité d'une chambre à coucher inondée d'une lumière dorée, ou bien encore au pied de la montagne Sainte-Victoire reposant lascivement sous un soleil brûlant.
Qui n'a pas rêvé, en contemplant un paysage d'été, une partie de campagne, une scène de bal aux couleurs chatoyantes, d'entrer dans un Renoir? Qui n'a pas rêvé de se fondre dans les camaïeux de bleu d'un Van Gogh? Dans la lumière orangée et provençale d'un paysage de Cézanne? Dans les délicieuses scènes d'intérieur, paisibles et douillettes, d'un Vermeer?
Moi, j'en rêve depuis toute petite, depuis que, après être tombée par hasard chez un bouquiniste sur un lot de revues éditées dans les années soixante — Chefs-d'oeuvre de l'art - Grands peintres — ma mère m'a mis entre les mains les plus merveilleux des livres d'images. Des livres souples, peu épais mais solides, que je pouvais manipuler facilement sans les abîmer, que j'ai contemplés des dizaines, des centaines de fois sans jamais me lasser, attentive, réceptive comme seuls les enfants savent l'être. Sans préjugés, sans idées préconçues, sans volonté particulière, sans plan pré-établi, sans objectif à remplir. J'étais une page vierge, un oeil neuf, et ces peintures que des mains inconnues avaient tracées des dizaines d'années ou des siècles plus tôt, s'imprimèrent à jamais dans ma rétine. Les toits rouges de Pissarro, le mystère insondable des portraits de Manet, les aplats maritimes de Marquet, les cyprès tortueux de van Gogh, l'infinie délicatesse de la dentelière de Vermeer, les clairs-obscurs énigmatiques de Georges de la Tour, le monstrueux bestiaire de Jérôme Bosch, m'étaient aussi familiers que la vue que j'avais chaque jour sous les yeux depuis la fenêtre de ma chambre. En parcourant le livre d'Alain, j'ai renoué avec la sorte d'enchantement qui m'enveloppait, enfant, quand, me glissant dans les fabuleuses images, je découvrais des mondes si différents du mien, m'imprégnant de leur beauté, de leur poésie, de leur étrangeté sans le vouloir ni même le savoir.

« Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini et, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoyant encore leur rayon spécial. »

Frappée par le rayon spécial qu'évoque Proust dans le temps retrouvé, j'ignorais alors combien ces artistes, combien leur regard allaient profondément et durablement modifier le mien. Les champs de coquelicot de Monet, les cyprès de van Gogh, les noirs de Soulages, les pins parasol de Cézanne…tout se passe encore aujourd'hui comme si leur vision, en se sur-imprimant à la réalité que j'ai sous les yeux, venait l'enrichir, la poétiser, la transcender. Grâce à eux, il m'arrive parfois, souvent, de voir la vie en vers et non plus seulement en prose.
Il m'arrive parfois, souvent, de penser que sans l'art, sans ceux qui le servent avec une humilité et une obstination sans pareille, sans la beauté qu'ils apportent au monde, la vie ne vaudrait pas d'être vécue.

« Il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre que nous nous croyions obligés à faire le bien (...) ni pour l'artiste athée à ce qu'il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Vermeer. »
Marcel Proust, La prisonnière
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Après l'édition l'an dernier de son premier recueil de nouvelles « Conter la peinture », Alain Yvars récidive, pour notre plus grand plaisir, avec onze petits textes additionnels, chacun consacré à une oeuvre majeure qui a marqué son parcours d'amateur d'art.


Cézanne, Chardin, Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, van Eyck et Van Gogh… Un pas devant tous ces maîtres, c'est Vermeer qui préside cet ouvrage, lui offrant son titre et sa couverture, et nous introduisant dans le musée personnel de l'auteur où il semble occuper la place d'honneur, à la faveur d'une émotion et d'une fascination inversement proportionnelles à la si petite taille de ses deux tableaux visibles au Louvre. La balade se poursuit de toile en toile avec la même force émotionnelle, et surtout en procurant la sensation magique de pénétrer à l'intérieur de chaque tableau, dans une scène rappelée à la vie le temps de quelques pages.


Invité à guincher au bord de l'eau ou au bal du Moulin de la Galette, enveloppé de l'odeur de poudre flottant sur les barricades, engourdi par les séances de pose où, pour quelques heures, se figent muses et modèles, le lecteur voit soudain les tableaux s'animer, leurs sujets reprendre vie et l'accueillir dans une tranche d'existence saisie sur le vif. Les fidèles d'Alain Yvars retrouveront un des plus beaux passages de son roman « Que les blés sont beaux », lorsque l'église d'Auvers se met à vibrer sous le pinceau de van Gogh. Je me suis personnellement attardée avec curiosité dans l'intérieur bourgeois des si désassortis époux Arnolfini, intriguée par les multiples lectures possibles de cette scène truffée de messages codés. Enfin, l'on sourit du texte de clôture, où le peintre amateur – alter ego de l'auteur ? - , se sent si petit face à ces géants de l'art.


Soulignons l'agréable toucher peau de pêche de la couverture et la qualité des reproductions en couleurs qui font de cette lecture un petit moment de bonheur, et il ne reste plus qu'à mentionner le reversement des droits de l'auteur à l'association Rêves qui soutient les enfants gravement malades, pour vous convaincre de découvrir ce petit ouvrage plein de charme.


Un grand merci à Alain Yvars pour la découverte de son dernier-né.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une jolie couverture au touché peau de pèche et une émotion intense à la vue de la Dentellière ont accompagné ma découverte du dernier livre d'Alain Yvars, « Deux petits tableaux », qui fait suite à « Conter la Peinture ». Vermeer ouvre majestueusement la visite du musée intime que nous propose l'auteur. Fascinante « Dentellière » qui crée un désir de méditation devant tant de délicatesse et de sérénité et qui ouvre la porte sur onze petites chroniques en relation, chacune, avec une toile de Maître.

Il appartient à la lectrice ou au lecteur de prendre, tout simplement, le temps de s'asseoir confortablement et de s'offrir le luxe de tourner les pages doucement, d'admirer les toiles qui sont illustrées et de se laisser porter par la voix du narrateur que l'on perçoit du plus profond de soi. Chaque tableau bénéficie d'un récit en corrélation avec l'oeuvre qui se trouve sous nos yeux et sous la plume d'Alain Yvars, les personnages s'animent, la magie opère, la mélodie narrative nous les rend plus consistants, plus proches de nous. Nous sautons les époques subrepticement et pénétrons auprès d'eux dans le tableau. Mais ce joli récit possède aussi une vertu pédagogique. Je ne pourrai plus admirer certaines toiles sans être accompagnée du texte d'Alain Yvars. Il sait nous enseigner à la fois l'histoire mais aussi la technique sous l'apparence d'un récit imaginaire sorti tout droit de son esprit vagabond. Il nous fait partager son regard d'initié.

Certaines toiles nous sont familières selon nos préférences comme celle de Delacroix « La Liberté guidant le peuple » ou Berthe Morisot et son extraordinaire sensibilité qui nous est devenue si proche au fil du temps ou encore « le bal sur la butte » de Renoir. Comment ne pas se laisser bouleverser à la vue de l'Église d'Auvers-sur-Oise de Vincent van Gogh. L'auteur qui le connait si bien, le laisse exprimer sa souffrance dans une très émouvante citation. Vincent se confie. Les mots, les pensées qui lui sont prêtés sous la plume de l'auteur, nous le rendent tellement accessible !

Mais la leçon que je reteindrai, c'est le mystérieux « Mariage italien à Bruges – le portrait des époux Arnolfini» de van Eyck. Au premier abord, ce n'est pas une toile qui m'attire mais à bien y regarder, avec le livre d'Alain sous le bras, moult détails et symboles apparaissent et c'est passionnant de découvrir le langage pictural de ce peintre flamand.

L'auteur nous offre une magnifique promenade au Louvre avec ce recueil. La Beauté nous a été refusée pendant tout ce temps où les musées nous étaient fermés, nous étions en manque, nous étions les orphelins de la Lumière « L'Art est la preuve que la vie ne suffit pas » - Cesare Pavese. Aussi, ouvrir ce recueil, c'est se laisser emporter là où les sentiments négatifs n'existent pas, c'est entrer en contact avec ses propres émotions, retrouver sa propre créativité, s'éveiller à son propre imaginaire.

Je remercie chaleureusement Alain Yvars de nous offrir un si beau voyage au pays de l'Art pictural sans oublier que ce dernier reverse ses droits d'auteur à l'association Rêves qui permet aux enfants gravement malades de vivre le plus beau jour de leur vie.

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L'auteur nous conte la peinture, les peintures qu'il prédilectionne. Mais chaque fois différemment car l'angle de vue et donc le ton changent prodigieusement. Pour ouvrir le spectacle, c'est Alain Yvars, en première personne du singulier, qui se balade au Louvre, en spectateur émerveillé, et nous fait part de ses coups de coeur insoupçonnés. Parfois c'est un artiste peintre lui-même qui nous dévoile ses peurs et nous relate la genèse d'une de ses huiles comme Auguste Renoir, invité à une guinguette pour danser, même maladroitement. Parfois c'est un modèle qui nous confie ses émotions par rapport au tableau qui l'honore. Et les modèles varient d'une jeune couturière montmartroise qui ne connaît rien à l'art pictural, jusqu'à Berthe Morisot, divine peintre elle-même. Parfois même c'est un caniche, sorti de la toile de Jan van Eyck « le portrait des époux Arnolfini », qui s'exprime avec tendresse et perspicacité !
Puis le « je » d'Alain Yvars revient, pour nous conter son hallucination inspirée par l'air parfumé et le soleil cogneur de la Provence mais aussi par la jolie chanson de Michel Berger « Cézanne peint //Silence les grillons// Sur les branches immobiles… » Ou encore pour parler de la Laitière impressionniste de Johannes Vermeer par le biais de sa rencontre anecdotique avec un visiteur terre à terre dans un musée d'Amsterdam.
Les reproductions qu'Alain Yvars soumet à nos yeux, ne sont pas des images quelconques, ramassées au hasard. Elles nous sont aussi nécessaires que les textes du livre. Ce sont des reproductions en haute définition qu'il repère dans les plus prestigieux musées du monde qui autorisent le téléchargement gratuit. Malencontreusement, en ce qui concerne les photographies des toiles conservées dans les établissements français, il est obligé à les acheter très cher, car ces deniers passent leur temps à augmenter leurs prix ! Les recherches de photos de qualité supérieure sont une partie intégrante et primordiale du travail d'Alain Yvars, parce que, sans elles, les nouvelles auraient été plus pâles malgré leur intérêt indéniable. D'après l'auteur, le droit à l'image reste encore un barrage en Europe, en dehors de certains musées comme le Rijksmuseum et le Mauritshuis en Hollande.
Que de fantaisie, d'audace, de sensualité, cher Alain ! Votre choix est individuel pour chaque oeuvre et chaque créateur mis en scène. Vous entrez dans la peau de n'importe qui et vous épousez son vocabulaire avec succès ! C'est cela que je trouve extraordinaire sans parlez de vos descriptions ravissantes, dispendieuses, qui nous jettent dans les bras de la peinture !
Ce bouquin est un pur bonheur ! Félicitations, Alain !!! Maintenant, reposez vos yeux avertis, prenez un immense bol d'air, dans la verdure naissante, pour vous récompenser de vos efforts d'humble serviteur de l'Art !
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Notre magicien de l'art est de retour. Nouveaux tableaux. Nouvelles histoires. Et toujours cette même passion qui l'anime.
Après « Conter la peinture », Alain Yvars revient avec « Deux petits tableaux » pour sa série « Si les oeuvres parlaient ».
Avec le talent qui est le sien pas de doute que leurs moindres secrets sont dévoilés, les détails techniques, les couleurs. Il insuffle la vie aux tableaux à travers ses récits. Parfois se rajoute une pointe d'humour.
De nombreux peintres sont au rendez-vous avec leurs oeuvres :
Johannes Vermeer : L'astronome que j'ai découvert.
Paul Cézanne, sa passion pour la montagne Sainte-Victoire, la jolie chanson de Michel Berger et le souvenir d'une promenade là-bas.
Henri de Toulouse-Lautrec, au cirque de beaux tableaux avec le célèbre clown Chocolat.
Jan van Eyck : le portrait des époux Arnolfini avec ce petit chien qui nous dit à propos de Giovanni Arnolfini : » Je le trouve laid : profil chevalin, gros nez aux narines dilatées, yeux peu francs. Quel portraitiste que ce chien !
J'ai redécouvert le tableau de Degas – Répétition d'un ballet sur la scène dont j'avais oublié l'extraordinaire luminosité.
Sachez qu'il y en a bien d'autres : Delacroix, Renoir, Manet, Van Gogh, Jean- Siméon Chardin, Degas .
Cette passion qu'Alain Yvars nous transmet dans ce recueil lui permet de reverser ses droits d'auteur à l'association Rêves.
Merci Alain pour de si précieux moments.
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J'avais adoré la manière apparemment simple ( toujours se méfier de ce qui paraît simple,)d'Ivan Yvars alias jvermeer de nous « Conter la peinture ». Dans « Deux petits tableaux », il réitère avec modestie.
Les deux petits tableaux sont petits en taille, effectivement, et cependant inoubliables par la manière moderne de peindre de Vermeer, oublié longtemps, ayant peu produit, redécouvert au 19 ·siècle : la Dentellière, « d'une simplicité grandiose », irriguée de fines gouttes de lumière, les complémentaires discrètes du bleu du coussin et du jaune de la blouse, ainsi que du rouge des fils qui se déversent sur le vert du tapis de table, des gouttelettes de peinture essaimant les fils rouges et blancs ainsi que le col du corsage . La même harmonie de bleu et jaune se trouve dans « l'Astronome », une vision de l'intimité spéciale, et différente des autres peintres intimistes hollandais, nous explique Alain Yvars, par le flou et les petites taches de lumière pointillées parsemées sur l'habit du savant, ainsi que sur le globe céleste.

Aussi, lorsque l'auteur, dans le Rijksmuseum d'Amsterdam, devant la Laitière, entend un grand brun binoclard pavoiser devant sa compagne, une jolie blonde, en lui expliquant que Vermeer n' était pas un précurseur de l'impressionnisme, il s'insurge et rétablit la vérité en détaillant les petits points de blanc et d'ocre par touches fragmentées sur le pain, ce qui, vu de près, est presque abstrait.
Que le binoclard aille se rhabiller et revenons à Vermeer, au petit pan de mur jaune, et donc à Proust : « laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination. »

L'auteur, lui, en a, de l'imagination, comme par exemple lorsqu'il fait parler le petit chien du tableau de Jan van Eyck, le portrait des époux Arnolfini. le chien aime sa maitresse, mais pas l'époux trop triste, pour un italien ultra riche, il a l'air d'un misérable vêtu de noir, maigrelet, pas franc du collier…. Il donne la main gauche à sa femme, curieuse manière de paraître s'engager.
En notant ces détails qui révèlent, Alain Yvars nous fait voir non seulement la technique de la peinture, le bleu outremer et prusse des ciels de van Gogh mais aussi le propos du peintre : Dans La laitière, que nous voyons chaque jour sur les emballages des yaourts, un petit carreau est cassé. Dans le bal au Moulin de la galette, le modèle Estelle avec sa robe à rayures blanc et bleu voit avec envie sa copine Margot danser collé serré avec Solares. Elle s'offre, cette Margot, l'homme l'étreint, merci Alain de nous présenter en gros plan la figure ravie de Rose, une autre modèle de Renoir, ravie par le bonheur de vivre, de danser et d'aimer.
Petit coquin d'Alain, qui nous fait entrer dans le tableau, non plus comme spectateur, mais comme participant. En faisant parler les personnages peints, que ce soit le petit chien des Arnolfi, les modèles de Renoir, ou Berthe Morisot, on est dans la toile, à l'intérieur d'elle, elle parle.
Ainsi, cette dernière assiste avec douleur aux obsèques d'Edouard Manet, le noir des robes lui rappelant le noir joyeux avec lequel le peintre la mettait en scène. Vélasquez et Goya sont présents dans l'esprit de Manet, ses portraits de Berthe dont le bouquet de violette, ou le balcon rappellent Goya.
Pour moi, c'est pour cela que je ferai lire ce livre à mes petites filles : « si les oeuvres parlaient » soupire jvermeer, dans son titre eh bien il les fait parler, les oeuvres, on danse avec Rose, on peint avec un pastelliste du dimanche amoureux de Chardin, on savoure d'avance le bon lait frais de la Laitière, on danse , on danse et on s'étreint dans la danse.
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Comment décrire un grand moment de plaisir ? Celui de l'amitié, du livre, de la peinture, d'un humour qui pointe son nez, des clins d'oeil à attraper au vol, et d'une complicité que j'ai partagée tout au long de la lecture et bien après.
C'est le livre d'Alain Yvars Deux petits tableaux qui m'a offert tout ça. Avant de l'ouvrir, la couverture, douce et veloutée, m'a parlé un moment dans un silence mystérieux de cette oeuvre sublime et de son créateur, m'a rappelé les centaines de fois que je suis allée la regarder, avec beaucoup de monde autour ou quand la salle se dépeuplait, au moment de la fermeture du musée.
Alain Yvars, en bon guide, m'a prise par la main pour me faire redécouvrir cette merveille de peinture, où l'intime et l'émotion sont très profonds et parlent tout bas : La dentellière de Vermeer. La magie opère à nouveau, car Alain a l'oeil, le regard du peintre, et cet arrêt du coeur quand la beauté est au rendez-vous.
L'Astronome n'est pas loin, il tient compagnie à La Dentellière, deux oeuvres sublimes de lumière, le souffle est coupé.
Les pages arrêtent de tourner, mais Alain m'entraîne, les peintres nous attendent, me dit-il. Renoir est présent, en pas de danse à Bougival, et au bal sur la Butte avec une bande de copains. Grâce et jeux de lumières. Nous sommes électrisés.
Le noir joyeux de Manet, somptueux et sensuel reste dans les souvenirs les plus chers de Berthe Morisot. le "barbouillage malpropre et barbare" du peintre génial est resté comme un des plus grands tournants dans la peinture française.
Alain Yvars est fasciné et fascinant, sa passion pour la peinture, pour la création de la beauté est sans limites. Il nous la transmet, et partage avec nous, amis lecteurs, connaissances, émotions, regards, nous sommes complices et copains avec les peintres qui nous accueillent, ce n'est que naturel. Nous sommes dans la peinture avec ses créateurs. Visite inespérée.
Alain est acteur et spectateur à la fois et invite tout un chacun à se joindre à lui et partager ses émotions dans le monde des pinceaux géniaux, d'une matière qui garde son parfum, sa sensualité, son éclat, et son histoire.
Delacroix et sa fougue, ses touches nerveuses s'enflamment comme lui et comme nous, et accompagnent La liberté guidant le peuple.
Le cri de Vincent van Gogh est ressenti par L'église d'Auvers, "elle souffre cette église,... dégage comme une douleur, elle se plaint... On dirait qu'elle veut parler, exprimer quelque chose sans y parvenir... La force des couleurs et des lignes déformées lui donnait un rythme... la présence passive de la paysanne... donnait vie à son église. Celle-ci était humaine : un être fait de chair et de sang."
Mon commentaire là-dessus serait superflu.
Le Cirque de Toulouse Lautrec nous rappelle la virtuosité exceptionnelle de son crayon, la maîtrise de son art et, peut-être, les questions du peintre sur son propre monde, "celui d'un périlleux équilibriste tentant de comprendre son infortune, sa raison de vivre..."
Arrivée à la dernière page je ferme le livre, ferme les yeux et sourit à tous ces génies, et à ce qu'ils nous ont laissé à nous héritiers chanceux et je remercie la plume d'Alain Yvars d'avoir créé ce moment de plaisir et de l'avoir partagé, et je souris à la bouffée d'amitié. Merci.
C'est connu, mais je tiens à le mentionner, le geste admirable d'Alain : ses droits d'auteur sont versés à l'association Rêves qui soutient les enfants atteints de maladies graves.
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« Les grandes oeuvres d'art ne sont grandes que parce qu'elles sont accessibles et compréhensibles à tous. » - Qu'est-ce que l'art ? Léon Tolstoï

Un deuxième recueil de nouvelles DEUX PETITS TABLEAUX vient de rejoindre CONTER LA PEINTURE publié en 2020, et le roman QUE LES BLÉS SONT BEAUX en 2018.

Qui n'a jamais rêvé de se laisser enfermer dans un musée pour retrouver cette sensation que provoque la vision d'une oeuvre d'exception ?
Et si, le temps d'une promenade avec eux, les grands peintres de l'histoire de l'art existaient à nouveau, un court instant, rien que pour vous…

Je vous embarque pour onze promenades dans les couleurs chatoyantes de mon musée virtuel. Sorte de prologue, le premier récit du recueil « Balade au Louvre » est une histoire que j'ai entièrement vécue il y a quelques années. Je la rapporte exactement comme elle s'est passée : « Pouvais-je savoir, ce jour-là, qu'une visite au Louvre par un sombre après-midi de novembre allait devenir un des moments importants de ma vie d'amateur d'art ? Deux lumineux petits tableaux de Johannes Vermeer avaient bouleversé ma vision de la peinture. « La Dentellière » méditait sur son ouvrage et je ne voyais qu'elle et ses doigts si fins. Je flottais dans un monde où tout était facile, simple, à son image… »

Je donne, ci-dessous, de courts extraits de quelques autres de mes promenades :

Renoir et ses « Danses » emportent Rose dans leur délire :
« Sa capeline rouge accrochée à son cou par un ruban réchauffait ses joues. Elle nous la lança au passage, puis se colla contre le costume bleu foncé de son cavalier. Dénoué, le ruban qui retenait ses cheveux en arrière libéra sa chevelure qui s'enroula, tournoyante, autour de sa tête. L'homme et Rose allaient de plus en plus vite, le corps bien droit, lovés l'un contre l'autre, ne formant plus qu'un. Les pieds soudés tourbillonnaient leur donnant l'apparence d'une toupie humaine incontrôlable. »

Berthe Morisot est si belle sous le pinceau d'Édouard Manet :
« En homme du monde, il avait retiré son haut-de-forme pour me saluer, puis posé nonchalamment sa canne au pommeau en ivoire sur le dossier de ma chaise. Barbe blonde, habillé élégamment, regard vif, le sourire séducteur de cet homme à femmes avait rencontré le mien. »

Un petit chien semble ne pas s'apprécier sur le panneau de Jan van Eyck :
« Je ne supporte plus ce quadrupède placé par Jan aux pieds des époux sur le panneau, tout petit, la queue en l'air, le poil long. Son regard amorphe surveille tous mes mouvements. »

Le bal du Moulin de la Galette à Montmartre est parcouru d'un frisson de fête :
« Regardez votre robe, Estelle, elle vibre : le tissu rayé de bleu clair et de rose mêlés est traversé d'ondes lumineuses. Votre visage me fait penser à ces larges corolles de fleurs ouvertes dans les champs l'été. »

Devant la montagne Saint-Victoire, un étrange Paul Cézanne s'est installé :
« L'homme caresse la toile avec sa brosse, effleure délicieusement le massif et ses formes féminines toutes en rondeur. Une lumière uniforme semble absorber la couleur du ciel, des roches et des végétaux, afin de mieux rayonner. »

Enfermé, Toulouse-Lautrec dessine son cirque :
« Il sourit, lâcha la main de Misia, puis se mit à vociférer contre ceux qui l'avaient enfermé :
— J'me vengerai. J'leur arracherai les côtelettes. C'est sûr…
Il fit quelques pas sur ses jambes torses en claudiquant.
— Quand ils verront mes dessins, sûr, ils me laisseront sortir. »

Cette visite virtuelle en ma compagnie, je vous l'offre dans DEUX PETITS TABLEAUX.

Ce nouveau recueil est le frère jumeau du précédent CONTER LA PEINTURE. Leur présentation en mots et en images étant semblable, j'ai pensé qu'ils aimeraient se retrouver ensemble dans une collection, sous l'appellation « Si les oeuvres parlaient ». Ils peuvent être lus dans n'importe quel ordre.

Comme pour mes précédents livres, je rappelle que les bénéfices sont destinés à être reversés à l'association RÊVES aidant les enfants gravement malades. Les lecteurs auront ainsi la possibilité d'apporter un peu de joie à un enfant.

***
Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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