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Critique de Albertine22


Petit conseil pour de prochains lecteurs, ne lire la préface d'Elizabeth Day qu'après la lecture de "Forte tête" sous peine de se voir "spoiler" une grande partie de l'histoire. Je comprends le besoin de resituer le livre dans son contexte, rédigé en 1924 avec une intrigue qui court de 1908 à 1918. Il est évident que certaines réflexions de l'héroïne, Ursula, peuvent paraître actuellement peu "politiquement correctes", mais il était possible de le signaler brièvement sans disséquer l'ouvrage dans son entier. "Forte tête" reste une fiction qui doit s'apprécier en tant que telle. Et d'ailleurs ce roman se défend très bien sans cette préface circonstanciée. Elle aurait eu toute sa place en revanche à la fin du roman. Celui-ci est certes daté, certains passages sont gentiment désuets, mais son charme et ses pistes de réflexion emportent l'adhésion du lecteur.
Ursula Winfield, jeune femme de bonne famille au physique avantageux, refuse de rentrer dans le moule. A Londres, en 1908, ses presque 23 ans en font "un produit" déjà défraîchi. Au grand désespoir de sa mère, Madame Hibbert, ravissante poupée, beaucoup moins écervelée qu'il n'y paraît, Ursula passe ses journées au grenier transformé en laboratoire de physique. Les mondanités lui semblent une perte de temps et son coeur ne vibre que pour la science. de nombreux événements l'obligeront à sortir de sa tour d'ivoire. Elle découvre tout d'abord le mouvement des suffragettes qu'elle rejette en bloc avant d'y adhérer de toute son âme. Elle connaîtra la prison et les grèves de la faim stoppées par un gavage s'apparentant à une forme de torture. Tony Balestrier, petit dernier impécunieux d'une famille de son milieu, éveillera en elle des sentiments contradictoires. Elle se jettera dans son amour avec la passion qu'elle met en toute chose, mais les positions très conformistes de son galant sur le rôle de la femme la mettront en porte-à-faux avec ses convictions. La guerre viendra bouleverser la donne et plongera Ursula dans un nouveau dilemme. Pacifiste alors que sa mère s'engage pour l'effort de guerre, la jeune femme en vient à adopter une position moins tranchée. Retourner dans son laboratoire pour trouver un moyen de protéger les soldats du pétrole enflammé lui semble un moyen de participer de façon défensive plutôt qu'offensive à la préservation de la vie des hommes.
Edith Ayrton Zangwill s'est inspirée de la vie de sa belle-mère, éminente scientifique et en faveur de l'égalité homme-femme. Ursula Winfield n'en reste pas moins une héroïne à part entière, bourrée de contradictions, agaçante autant qu'attendrissante, passionnée et passionnante.
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