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EAN : 9782714482181
464 pages
Belfond (19/03/2020)
3.82/5   39 notes
Résumé :
De 1909 à 1917-1918, Londres Ursula Winfield, la belle, la brillante, la délicate, fait partie de la upper class londonienne. Elle vit dans une sublime demeure de Kensington avec sa mère et son beau-père, le colonel Hibert. Et la jeune femme n'a qu'une idée en tête : faire de la chimie ! À longueur de journée, elle s'enferme dans son laboratoire, au grenier, et s'adonne aux expériences les plus farfelues. C'est décidé, scientifique elle sera. Jusqu'à ce qu'elle croi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Il fait gris au point que le soleil semble avoir oublié de se lever. Ca fait cinq fois que j'éternue, trois mouchoirs que je trempe et il n'est pas huit heures. Même les quatre tasses de maté bouillant ne m'auront pas rendu ma voix. Les premières gouttes tapent sur le carreau réduisant à néant mon projet de balade. La situation idéale : Toutes les raisons de ne pas sortir et un excellent bouquin ! Sans scrupule mais avec un frisson de plaisir, je suis retournée sous la couette, calée par de nombreux oreillers, laissant les heures dériver tandis que je dévorais ce roman sentimental intelligent.

Ecrit en 1924, Forte tête, titre original The Call, est un roman dit « de suffragette » et on peut penser que sa récente publication en France surfe sur la vague féministe du moment. Toutefois, le livre ne se réduit pas à cela.
Ursula est une jeune femme de très bonne famille dans l'Angleterre du début du 20e siècle. Elevée par des précepteurs, dans une relation distante mais pleine d'affection pour une mère qui joue habilement les têtes de linotte, elle a cultivé l'extravagante manie de faire des expériences de chimie dans le grenier de la grande demeure parentale. le roman commence donc par évoquer ses quelques incursions dans le monde scientifique et très masculin des conférences savantes. Par contraste, les attentes maternelles, toutes de mondanités, de fanfreluches et de soupirants rendent joyeux des dialogues piquants, pittoresque la construction de ce personnage qui n'a rien d'une virago.

Un professeur, joli garçon et mal marié, prend la belle Ursula sous sa protection paternelle et lui permet l'accès à un laboratoire de l'université. La réaction de son épouse aussi ignare que jalouse, ses propres tourments à lui, l'indifférence manifeste de notre jeune scientifique à tout ce qui ne concerne pas ses tubes à essai font la trame d'autant de scènes amusantes et esquissent des personnages plus épais que ce que leur rôle semble d'abord devoir supposer. On suit tout cela avec plaisir et un certain détachement amusé bien agréable à éprouver.

A cette première trame s'ajoutent d'autres rencontres, un amour partagé cette fois avec le beau Tony, l'imprégnation progressive de notre jeune héroïne aux enjeux du droit de vote pour les femmes. On y suit quelques téméraires suffragettes, avec le regard d'abord choqué de toute jeune fille de bonne famille, et petit à petit de plus en plus convaincu de la nécessité d'une démonstration de force. Ce que ces femmes ont accompli pendant ces années a tout du sacrifice à une cause plus grande.
Emprisonnements, grèves de la faim, opposition non violente : elles auront inventé mille stratagèmes pour contourner l'indifférence, l'hostilité opposées à leurs revendications. Notre Ursula en sera une des plus ferventes militantes, son coeur dût-il en souffrir. Et, quelques années après, la Grande guerre battra une nouvelle fois les cartes, rejouant alors d'autres thèmes connus du roman de guerre : l'enrôlement, la perspective du front, le travail des femmes aux arrières et tout le reste que je tais pour vous laisser un peu de suspense.

A chaque fois que je trouvais cette histoire un peu trop convenue, elle changeait de direction. A chaque fois que je regrettais la disparition expéditive d'un personnage ou sa réduction à une caricature élémentaire, je l'avais enterré ou catalogué trop vite.

Forte tête n'est pas un roman époustouflant. C'est une jolie et légère réflexion sur l'engagement, l'évolution des convictions, la force de ses désirs. C'est une histoire où les robes froufrouttent et où les jeunes filles ont de temps en temps les larmes aux yeux. On y boit du thé, on s'y promène le long des rivières, on s'y montre héroïque et tendre. On y respire un air délicieusement suranné. Avec beaucoup d'humour et de détermination, on y aura été à la hauteur de la situation et moi, j'en aurai été toute ragaillardie.

La pluie est passée, le temps serait presque printanier. La montagne de mouchoirs est proportionnelle à l'intensité du rouge qui entoure mon nez et toute la maison embaume la tisane. Mon temps n'aurait pas pu être mieux employé.
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Alors que je venais de finir Madame Einstein de Marie Benedict, Babelio et les éditions Belfond, que je remercie, ont proposé de m'envoyer Forte Tête. J'ai immédiatement fait un rapprochement avec le destin de Mileva Maric puisque l'héroïne de ce nouveau roman, Ursula Winfield, est une jeune femme piquée de sciences qui rêve d'intégrer la Société britannique de chimie, au début du XXème siècle. le synopsis présente également l'histoire sur fond de suffragettes et de droit de vote des femmes.

Je suis alors entrée confiante dans ce roman et pleine d'espoir de retrouver l'ambiance que j'avais tant aimée dans Madame Einstein. Quelle ne fut pas ma déception ! de suffragettes et de sciences, il y a peu. Quant aux épanchements amoureux et aux dérives sentimentales, il y en a trop ! Ursula rencontre le professeur Smee avec lequel elle se lie d'amitié. le professeur tombe amoureux d'elle mais sa femme Charlotte, jalouse, pense qu'il s'est pris d'affection pour la mère d'Ursula, Madame Hibbert, une femme dynamique dans la force de l'âge.
Les intrigues et descriptions amoureuses sont trop longues, ennuyeuses et dénuées d'intérêt. Je n'ai encore pas réussi à trouver un roman réussi qui parle du mouvement des suffragettes. J'avais acheté, il y a quelques années, Dernier été à Mayfair, qui s'était, lui aussi, avéré être lent et pas assez centré sur le sujet.
Je pensais pourtant que Forte Tête donnerait le change car le roman écrit par Edith Ayrton Zangwill a été publié en 1924. J'imaginais donc qu'ayant été écrit par une femme à l'époque même où l'intrigue se passe, j'allais être plongée dans cette atmosphère de manifestations et que je serais emportée par ce souffle libérateur féminin. Arrivée à la page 150, j'ai constaté que je commençais à sauter des passages, puis des pages entières de descriptions où Charlotte expose sa jalousie et où le Professeur Smee rêve d'Ursula. J'ai donc décidé de m'arrêter. En lisant d'autres chroniques, j'ai cru comprendre que l'histoire emmenait vraiment Ursula sur le front de la cause, mais malheureusement, ce n'est pas arrivé assez rapidement pour moi.
Pourtant, j'ai adoré les passages où Ursula est seule dans son laboratoire à faire ses recherches et à angoisser pour sa présentation à la Société de chimie. On apprend peu à peu à la connaître et à admirer sa volonté de faire valoir sa passion dans un monde d'hommes. Des passages trop peu nombreux, malheureusement !
Un point très positif tout de même : l'écriture de l'autrice. le style est vif et très moderne. C'est agréable à lire et les touches d'humour sont les bienvenues !
Dernier point : la première de couverture. Je trouve le fond rose très “girly” et presque de mauvais goût à une époque où l'on essaie de casser les stéréotypes de genre… Maladroit pour un roman qui prétend parler de l'émancipation de la femme.
J'espère toutefois que certaines et certains lecteurs trouveront ce roman à leur goût, car l'idée de rééditer et de traduire un roman du début du siècle est bonne et devrait être suivie par d'autres éditeurs.

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Roman qui évoque la lutte des femmes pour le droit de vote , celles qu'on a appelés les suffragettes .
Ursula Winfied est une jeune londonienne de la classe aisée en ce début de vingt ieme siècle , elle est différente de la plupart de ses contemporains l elle se consacre à la recherche .
Sa rencontre avec les suffragettes va être déterminante , elle va mettre sa pugnacité, son anticonformisme au service de cette cause nouvelle .
Les premières pages n'ont beaucoup plu , la suite un peu moins , ça devient trop romanesque .
Un roman détente au charme un peu suranné .
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Ce très beau roman qui m'a permis de découvrir la collection "Vintage" de Belfond met en scène une héroïne particulièrement attachante, la belle Ursula qui ne se contente pas de jouir des privilèges du beau monde auquel elle appartient mais se consacre toute entière à la recherche scientifique avant d'épouser la cause des suffragettes et de se tourner résolument vers l'action politique.
L'auteur Edith Ayrton qui a publié le livre en 1924 est bien placée pour parler de ces femmes remarquables qui se sont illustrées dans tous les domaines et ont largement contribué à l'émancipation dont leurs filles ont bénéficié à la génération suivante. En effet sa mère était l'une des premières femmes médecin formées à Edimbourg, sa belle-mère devint la première femme membre de l'Institut des ingénieurs électriques et reçut une médaille de l'Académie des sciences en 1906 pour son travail sur l'arc électrique. Son père William Ayrton a soutenu activement ses deux épouses successives qui ont l'une et l'autre brillé dans leur domaine. Quant à son mari Israel Zangwill, il lui apporta son soutien inconditionnel sa vie durant.
Ces éléments biographiques permettent de comprendre l'inspiration de la romancière qui a voulu sous le couvert de la fiction dénoncer les inégalités criantes entre hommes et femmes au début du 20ème siècle et livrer une charge politique contre la répression impitoyable subie par les suffragettes ces femmes qui prenaient tous les risques pour conquérir le droit d'aller voter.
Ursula devra lutter pied à pied pour faire reconnaître sa valeur scientifique et elle s'engagera dans la lutte politique qui lui semblera constituer la seule issue possible pour échapper au déterminisme social qui laisse les femmes sur le bord du chemin. Même l'amour qu'elle éprouve pour son fiancé ne pourra lui faire perdre de vue ses objectifs au risque de voir son coeur se briser...Quand la première guerre mondiale éclatera, l'implication des femmes dans l'effort de guerre fera enfin avancer les choses.
J'ai beaucoup apprécié ce roman qui mêle une savoureuse critique sociale pleine d'ironie à une réflexion approfondie sur l'engagement politique et ses conséquences sur la vie de chacun. le style est tellement contemporain que l'on n'imagine pas que le livre a été écrit il y a presque cent ans et on prend un réel plaisir à suivre Ursula qui se comporte toujours avec courage, qu'il s'agisse de plonger dans le fleuve pour sauver une désespérée, de saisir à pleine mains une bombe pour la rejeter à l'extérieur, ou encore de rompre avec un ami très cher qui entretient pour elle de trop tendres sentiments auxquels elle ne veut pas répondre.
Les personnages secondaires sont particulièrement bien campés : en premier lieu sa mère, frivole et coquette mais néanmoins pleine de bon sens, Mme Smee la femme délaissée qui s'accomplira dans l'effort de guerre, mais aussi la belle Mary prête à subir le martyr pour la cause de femmes.
Sous couvert d'une trame romanesque parfaitement construite, voici une page d'histoire passionnante qui rappelle aux femmes d'aujourd'hui que le droit de vote, parfois négligé, constitue une conquête qui a été acquise de haute lutte par des femmes déterminées auxquelles nous devons toutes ( et tous) rendre un vibrant hommage.

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Ursula est une jolie jeune femme de la bourgeoisie anglaise du début du XXème siècle. Mais elle ne fait rien comme ses concitoyennes, et préfère s'enfermer dans son laboratoire pour faire ses expériences de chimie, plutôt que d'aller de mondanité en mondanité pour trouver un mari.
C'est une forte tête, oui, mais d'une gentillesse sans borne. Et même si les descriptions au sujet de notre héroïne sont peu nombreuses, le lecteur ne peut que la connaître et l'apprécier. Non dénuée d'un grand sens de l'humour, elle est une talentueuse physicienne et cherche à se faire une place dans cette société machiste sans jamais vouloir écraser qui que ce soit.

Ce roman historique met en scène plusieurs facettes de la société londonienne d'avant-guerre: les moeurs, et aussi le combat des suffragettes pour obtenir le droit de vote, l'entrée en guerre finalement. Je pensais que ce récit ne parlait que de l'avancée des droits de la femme et uniquement en ce qui concerne le droit de vote, mais il est plus que cela: les femmes peuvent et doivent également prétendre à des droits civiques qui leur permettront d'entrer dans le monde très masculin des sciences.
Et au milieu de tout cela, bien entendu, une belle histoire d'amour, des histoires d'amitié, des anecdotes,... la vie quoi!! La vie au fil de quelques années de la pétillante Ursula, soutenue par sa mère, à sa façon.

C'est une très belle lecture, qui ouvre beaucoup de perspectives, et présente l'avantage d'être écrit par une auteure qui a vécu ces événements de l'intérieur, donc d'un point de vue historique et documentaire, il est très riche. Je l'ai parfois trouvé un peu long cependant parfois, sinon il valait au moins 4 étoiles.

Merci Babelio et Belfond pour cette très belle découverte.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Fin septembre, Ursula entendit parler d’alimentation forcée pour la première fois. Elle fut très choquée. Mais son beau-père avait sans doute raison ; c’était un simple prétexte, un moyen de permettre aux suffragettes de mettre fin à leur grève de la faim sans perdre leur dignité.

Puis, un jour, de retour en ville, elle tomba sur une affiche où l’on voyait une photographie de femmes alimentées de force. « Femmes torturées en prison » en était le titre. Et sous la photo, cette injonction : « Votez contre le gouvernement. » C’était une image très déplaisante et une méthode pour échapper à la prison des plus repoussantes. Le simple fait de la regarder donna la nausée à Ursula. Mais, après tout, elle n’avait aucune preuve que cela se déroule ainsi. L’affiche avait été imprimée par les suffragettes à des fins de propagande : leur propension à l’exagération était tristement célèbre. Malgré tout, elle se sentait mal à l’aise. Il était horrible de penser que Mary Blake ait subi une pratique qui approche même de loin la scène photographiée. Elle devait obtenir des informations solides sur le sujet.
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Laisser les hommes s'imaginer en seigneurs de la création faisait partie de sa politique. Elle se plaignait en souriant de la tyrannie domestique de son mari , et le colonel adorait se vanter d'être le maître de son foyer. Pourtant en leur treize ans de vie maritale, chaque fois que leurs désirs s'opposaient, l'invariable conclusion n'était guère allée dans le sens ni de l'une, ni de l'autre de ces deux affirmations.
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Ce serait évidemment Ursula qui porterait la culotte. Mais Mme Hibbert se garda d'exprimer sa prédiction. Laisser les hommes d'imaginer en seigneurs de la création faisait partie de sa politique. Elle se plaignait en souriant de la tyrannie domestique de son mari, et le colonel adorait se vanter d'être le maître de son foyer. Pourtant, au cours de leurs treize ans de vie maritale, chaque fois que leurs désirs s'opposaient, l'invariable conclusion n'était guère allée dans le sens ni de l'une ni de l'autre de ces deux affirmations.
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La guerre... Ursula l'imaginait comme un gigantesque Moloch qui engloutissait progressivement chaque être humain de par le monde. Il absorbait leur intelligence et leur énergie quand il ne se nourrissait pas réellement de leur corps. Et tout cela pour quoi?
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Mon chéri, il était de mon devoir de me battre pour la cause des femmes. Ce fut comme un appel et j’ai faille y laisser la vie. Et il était de votre devoir de vous battre à la guerre, c’était aussi un appel et vous avez failli en mourir/ et aujourd’hui, nous nous appelons l’un l’autre non à mourir mais à vivre. N’est-ce pas merveilleux après toutes les épreuves que nous avons traversées ? Oui, après tout cela, nous nous avons mutuellement. Nous nous avons enfin et pour toujours.
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