Kim Zupan natif du Montana, illustre sa région natale Great Falls dans ce premier roman
Les arpenteurs comme un décor vivant s'articulant autour des personnages pour les mouvoir selon ses caprices. La nature s'insère lentement dans l'esprit de nos deux personnages centraux comme un spectre lointain pour s'emparer de leurs âmes, les vampiriser en les métamorphosant au grès de leurs caprices.
Kim Zupan surprend avec ce premier roman, une maturité certaine dans l'écriture, les dialogues et la peinture des paysages s'entremêlent avec justesse pour nous happer avec force et une jubilation hypnotique nous porte jusqu'aux derniers mots de ce roman
Les arpenteurs.
Un duo improbable se forme dans une petite prison provinciale entre un vieux septuagénaire à la vie de turpitude et un jeune paysan de plus de vingt ans adjoint du shérif. Une amitié se cristallise tacitement entre ces deux âmes grises, l'une figée dans la mort, ce vieil homme meurtrier de profession dès son jeune âge, un choix de ne pas travailler et ce jeune représentant de l'ordre sombrant lentement dans l'obscurité de son travail nocturne l'éloignant de sa vie, tel un fantôme, quittant le monde de sa femme pour survivre avec les conversations de ce détenu de 77 ans.
Un roman vous ensorcelle dès les premières pages pour faire tenir en haleine jusqu'à la fin avec ce jeu de piste dans les méandres des vies intimes de ces deux hommes aux passés troubles et ténébreux dans ce décor épousant leurs états d'âme pour le modeler, s'évaporant dans l'atmosphère de leurs destinés communes.
Comme un équilibriste,
Kim Zupan arpente la vie de ces deux hommes pour les réunir dans une conversation amicale où se diffusent en filagramme leurs secrets inconscients personnels. Cette union de mots aspire ces deux hommes dans une fissure où se craquellent les codes établis, toutes les certitudes habituelles se brisent dans une forme de besoin de l'un à l'autre.
Puis la pomme fruit du pêcher, comme un symbole lie ses deux hommes dans le secret de leur enfance, croquer le fruit défendu restera sans le savoir le choix futur de leur voix à suivre…
La mort semble être aussi un lien invisible, l'un par le suicide de sa mère, l'autre la mort accidentelle de son père, disséminant à petit feu leur adolescence pour les réunir dans ce hasard incertain.
Un roman ensorcelant par sa nature, celle décrite en osmose avec l'intrigue, ce paysage comme un second rôle important, les dialogues troublent comme les humeurs multiples surgissant des profondeurs de ces deux âmes en peine où s'amusent les animaux peuplant cette région …Une vrai réussite, j'ai adoré