Il s'était enfui par peur et par lâcheté, il en était conscient à chaque seconde, mais au moins pour la première fois, il avait agi de son propre chef, avait vécu une parcelle du réel, jusqu'alors ignoré de sa conscience.
Par nature, et bien que non dépourvu de qualités, il aimait être en société, et c'était ce qu'on appréciait en lui ; bien vu dans tous les cercles, il était conscient de sa totale incapacité à la solitude. Non désireux de faire intimement sa propre connaissance, il redoutait le face-à-face avec lui-même et évitait soigneusement pareil tête-à-tête. Il savait qu'il avait besoin de se frotter aux gens pour faire briller ses talents, sa nature chaleureuse et cordiale, et seul, il se sentait inutile et sans flamme comme une allumette dans sa boîte.
Elle était à cette époque décisive de la vie où une femme commence à regretter d'être demeurée fidèle à un époux qui, en réalité, n'a jamais été aimé, et où le pourpre coucher du soleil lui laisse encore un dernier choix (pressant!) entre la maternité et la féminité. A cette minute la vie, qui paraissait depuis longtemps déjà avoir été réglée d'une façon définitive, est de nouveau remise en question; pour la dernière fois l'aiguille magnétique de la volonté oscille entre la passion et la résignation à jamais. Une femme a alors à prendre la dangereuse décision de vivre sa propre destinée ou celle de ses enfants, d'être femme ou mère.